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Réflexion sur l'évangile du Jour de tous les défunts, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Luc 12, 35-38

Jésus disait à ses disciples : «Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller.
« Amen, je vous le dis: il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit, ou plus tard encore, et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils!
Vous aussi, tenez-vous prêts: c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.»

31e dimanche ordinaire - A

photo du Père Allard


Jour de tous les défunts

 

Aujourd’hui, jour de tous les défunts, nous célébrons la grande famille de Dieu avec ceux et celles qui nous ont précédés.

Le thème principal de la liturgie est celui de l’attente active et de la vigilance qui nous permettront de recevoir le Seigneur et de rejoindre les êtres chers qui ont vécu avant nous.

Selon le Seigneur, notre foi doit être un chemin qui conduit vers la patrie définitive, une route éclairée par la nuée lumineuse de notre espérance, à l’exemple du peuple juif qui se dirige vers la terre promise. Notre vie est la préparation à un rendez-vous d’amour avec notre Dieu.

Dans le court texte d’évangile, Luc a délibérément placé les paroles de Jésus dans un temps de peur, au cours de sa longue «montée à Jérusalem». Jésus se dirige vers sa condamnation à mort, et ses disciples effrayés le suivent avec appréhension. Selon toutes apparences, c’est l’échec définitif qui approche: l’échec d’un projet, l’échec d’une vie.

Jésus utilise deux très belles images pour nous inviter à la vigilance : celle de la ceinture qui retient le vêtement relevé et celle de la lampe allumée.

« Soyez prêts, resserrez votre ceinture » (traduit ici par « être en tenue de service ») pour être plus libres de vos mouvements. L’allusion à la nuit pascale, la veille de la fuite vers la liberté, est évidente : Dans les temps anciens, on relevait le long vêtement et on resserrait la ceinture. Le Christ fait le même geste le soir du jeudi saint. Il relève son vêtement et resserre la ceinture pour laver les pieds de ses apôtres (Jean 13, 4ss).

Le texte d’aujourd’hui a une forte saveur eucharistique. C’est le maître lui-même qui se met en tenue de service : « Il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour ». La voilà donc, l’image du Royaume de la fin des temps, l’image du paradis: le Seigneur, le Fils de Dieu, en train de servir ses amis (« Je ne vous appelle plus serviteurs mais mes amis » Jn 15, 15) au festin des noces éternelles...

En ce dimanche de tous les défunts, le Christ nous demande d’être vigilants pour l’accueillir lorsqu’il viendra. C’est au coeur de la nuit que son retour aura lieu. Il faut veiller et avoir nos lampes allumées. La vigilance exclut la peur et l’obsession. Il s’agit d’être attentif, actif mais serein et non agité ou angoissé.

La nuit représente notre vie mouvementée, avec toutes les difficultés que nous rencontrons, affrontant les forces hostiles qui nous assaillent de toutes parts. Nous n’avons en main que la pauvre et vacillante petite lampe de notre foi et de notre espérance pour lutter contre les obstacles et le découragement. C’est avec cette petite lampe de la foi et de l’espérance qu’Abraham « partit... sans savoir où il allait... »

Chacune de nos vies a un peu la saveur de la défaite… les occasions manquées, la désillusion dans nos projets de vie, les maladies débilitantes, le manque de temps pour réaliser nos rêves, l’échec dans la carrière, les chicanes de famille, la vieillesse et la solitude qui l’accompagne, la souffrance, etc.

Le Christ nous dit que notre vie a un sens, même si elle a une apparence d’échec, même si nous sommes trahis par nos amis, démolis par vos adversaires, incompris par notre famille, terrassés par la maladie.

Dieu n’est pas de ceux qui utilisent la peur pour nous amener à la soumission. Bien au contraire. Il nous invite à l’espérance et à l’action : « Relevez la tête, soyez sans crainte, gardez vos lampes allumées ».

Dieu nous invite à aller de l’avant, comme les Hébreux qui ont fui l’esclavage d’Égypte pour se diriger vers la terre promise. Nous découvrirons cette terre de bonheur, où il n’y a « ni larmes, ni mort, ni cri, ni peine… car l’ancien monde s’en est allé » (Apocalypse 21). Un peu comme Moïse qui a poursuivi ce très grand rêve pendant toute sa vie et qui, du haut du mont Nébo, a vu la terre promise avant de mourir.

Dans notre pèlerinage plein d’obstacles, la foi nous fournit une boussole, nous offre un point d’appui, nous garantit la présence de Dieu. « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20)

La femme ou l’homme de foi est une personne qui permet à l’au-delà de faire partie de sa vie quotidienne. Cette personne voit plus loin que les apparences. « On ne voit bien qu’avec le cœur », dit le Petit Prince de St-Exupéry.

A chaque dimanche, nos célébrons cette foi qui nous est offerte comme un don,
- une foi qui chasse la peur de nos vies,
- une foi qui ravive en nous l’espérance malgré toutes les difficultés
- une foi qui nous invite  à la fidélité et à l’action dans la construction d’un monde meilleur…

En ce jour où nous faisons mémoire de nos chers défunts, de ceux et celles qui ont joué un si grand rôle dans notre vie, nous voulons renforcer notre vigilance tout en étant

semblables à des gens qui attendent le maître à son retour