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Réflexion sur l'évangile de la Fête la Croix glorieuse, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jean 3, 13-17

 

Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. 

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.

 

24e dimanche ordinaire - A --(14 sept. Fête de la Croix Glorieuse)

photo du Père Allard

 

"Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique"

 

La première célébration de la fête de la croix glorieuse a eut lieu le 14 septembre 335. L’empereur Constantin, récemment converti, et sa mère sainte Hélène, avaient fait édifier à Jérusalem la Basilique de la Résurrection, sur l’emplacement même du Golgotha et du saint Sépulcre. La fête de l’Exaltation de la Croix devint très vite extrêmement populaire en Orient, et passa à l’Occident un peu plus tard. 

Constantin (280-337) fit aussi construire à Rome, sur le terrain de la résidence de sa mère, une église dédiée à la Croix du Christ. Cette église, appelée « Jérusalem » jusqu’au XIe siècle, a reçu à cette époque le nom de «Sainte-Croix-de-Jérusalem». Selon une tradition dont le plus ancien témoin est saint Ambroise (339-397), sainte Hélène aurait découvert la croix du Christ lors d’un pèlerinage à Jérusalem, et en aurait apporté à Rome un morceau placé dans cette nouvelle basilique. Quoi qu’il en soit, Rome et Jérusalem ont connu le culte de la croix dès le IVe siècle, comme en témoignent aujourd’hui encore les deux basiliques constantiniennes. 

Le Calendrier romain issu du concile Vatican II a fait du 14 septembre une fête solennelle qui, certaines années, remplace le dimanche ordinaire. Cette réforme liturgique a redonné à la fête de la Croix glorieuse un rang qui correspond à celui des plus anciennes traditions des Églises d’Orient. 

La fête de la croix du Christ célèbre le mystère de l’incarnation.

Elle est au centre de la théologie et de la spiritualité de saint Jean basées sur la présence du Fils de Dieu parmi nous : « le Verbe qui était au commencement auprès de Dieu, qui était Dieu, par qui tout s’est fait, en qui était la vie, s’est fait chair » (Jn 1, 1-4) et il est devenu l’un de nous. A chaque instant, l’évangile de Jean nous renvoie à la divinité et à l’humanité du Christ : « Fils de Dieu » et « Fils de l’homme». Jésus, seul vrai témoin du Père, nous fait connaître les choses du ciel, les secrets divins. Il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). En se faisant homme, le Verbe de Dieu a donné « à tous ceux et celles qui l’ont accepté le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). 

Notre monde où règnent le mal, l’absurde et la mort, devient, dans la foi, un monde aimé par Dieu le Père et par son Fils Jésus. 

Le Christ a dit à ses disciples : «Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi» (Jean 12, 32). S. Jean reprend l’image du serpent d’airain de l’Ancien Testament (première lecture) pour l’appliquer au Christ sur la croix. Ceux qui, dans le désert, regardaient vers le serpent d’airain dressé par Moïse sur un mât, conservaient la vie (Nombres 21, 9). Maintenant, c’est vers le Christ « élevé » sur la croix glorieuse qu’il faut lever les yeux, non plus pour être préservé des effets néfastes de la morsure d’un reptile du désert, mais pour avoir la vie éternelle. Alors se réalise la parole du prophète Zacharie (12, 10) que cite saint Jean à la fin de son Évangile de la Passion : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37).  

Les chrétiens voient dans la croix du Christ la preuve suprême de l’amour infini de Dieu qui « a donné son Fils unique » pour que tout homme obtienne la vie éternelle. « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». La croix révèle cet amour infini de Dieu. «Ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » (la rencontre de Jésus avec Nicodème) 

Le Christ est solidaire et il meurt pour que la haine et le péché soient vaincus par l’amour. Il meurt en solidarité avec tous ceux et celles qui souffrent des injustices de notre monde, qui sont victimes de la discrimination, de la brutalité de la guerre, des tortures, des emprisonnements, etc. « Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens… »  (1 Co 1, 22-24). 

Le Christ a donné sa vie et il souhaite que ceux et celles qui le suivent portent leur croix par amour pour les autres, en vivant les valeurs de l’évangile. 

Dieu le Père n’a pas condamné son fils à une mort violente, ce sont les hommes qui l’ont cloué à la croix. Mais Dieu a accepté que Jésus aille jusqu’au bout de l’amour. C’est le sens profond de la fête d’aujourd’hui.

 Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique