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Réflexion sur l'évangile du dimanche de la Trinité, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 




Jn 3, 16-18 - 2
Cor. 13, 11-13

Deuxième lecture
2 Corinthiens 13, 11-13

Soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié. Que la grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous.

Évangile - Jean 3, 16-18

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

 

Dimanche de la Trinité - A

photo du Père Allard


La fête de la Trinité, révélation de notre Dieu

 

À la fin de l’année liturgique, nous sommes en mesure de savoir qui est notre Dieu, ce Dieu qui nous a été révélé à travers les prophètes et à travers la vie de Jésus, dans ses paraboles et son enseignement. La fête de la Trinité met un point final à cette révélation.

Pendant le temps de l’Avent et de Noël, le Père envoie son fils qui devient l’un de nous. Pendant le temps du carême et de Pâques, nous suivons le Fils qui a passé sa vie à faire le bien. À la Pentecôte, l’Esprit Saint nous est présenté comme celui qui continue l’oeuvre du Christ dans notre monde. La fête de la Trinité résume toute cette histoire de notre salut.

Le message clair qui se dégage de cette fête de la Sainte Trinité est que notre Dieu n’est pas un Dieu lointain mais un Dieu proche de nous, un Dieu qui partage nos joies et nos peines.

Ce que l’on appelle «le mystère de la Sainte Trinité» est beaucoup plus un secret qu’un mystère. C’est un secret que Dieu révèle à ceux et à celles qui prennent le temps d’écouter sa parole et qui font un effort pour en vivre. Nous découvrons alors un Dieu bon, paternel, plein d’amour et de compassion, qui accueille les prostituées et les collecteurs d’impôts, qui approche les lépreux et les aide à réintégrer leur communauté respective, qui pardonne à Pierre et ouvre son royaume au voleur sur la croix, qui est proche de nous, habite en nos cœurs et nous donne le courage de faire face aux intempéries de la vie.

MoïseAvec Moïse, Dieu lève le voile sur son identité (première lecture) : il est un «Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (Exode 34, 6). Il ne s’agit pas d’une scène de peur mais d’une rencontre pleine de tendresse et d’amour. Et Moïse invite Dieu à vivre au milieu de son peuple: «S’il est vrai, Seigneur, que j’ai trouvé grâce devant toi, daigne vivre au milieu de nous» (Exode 34, 8). C’est ce que le Seigneur fera après sa résurrection : «Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.» (Matthieu 28, 20)

Dans l’évangile, Jésus révèle son Père à Nicodème : «Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.» (Jean 3, 17) Cette pensée est révolutionnaire pour un monde religieux qui annonçait un Dieu qui viendrait punir les récalcitrants et détruire les pécheurs. La relation entre Dieu et nous est fondée sur l’amour et non sur la crainte, la suspicion et la condamnation.

Il est important de constater que notre connaissance de Dieu ne vint pas de nos études poussées et de nos spéculations savantes mais de la révélation que le Seigneur fait de lui-même. Vous connaissez la phrase de Voltaire : «Dieu a fait l’homme à son image et l’homme le lui a bien rendu». Voltaire n’avait rien compris au christianisme. Nous n’avons pas inventé un Dieu à notre image, c’est lui qui s'est révélé à nous à partir d’Abraham et de Moïse ! Et d’ailleurs, si nous l’avions créé à notre image, il ne s’appellerait pas le «Dieu de tendresse et miséricorde!» mais nous aurions fait de lui le Dieu de la loi, de la vengeance et de la rétribution. Nous pouvons spéculer et philosopher sur l’existence de Dieu, mais sans la révélation, jamais nous n’arriverions à la conclusion que notre Dieu est un Dieu Trinité, un Dieu de communication, d’amour et de bonté.

Enfant prodigueDieu n’est pas un patron tout-puissant, ni un gendarme qui surveille et punit, mais un père qui attend le retour de sa fille ou de son fils prodigue pour faire la fête, sans demander des comptes de ce qui s’est passé ! (parabole de l’Enfant prodigue). Il accueille les ouvriers de la dernière heure, les bergers jugés indignes de fréquenter les synagogues, les lépreux rejetés hors de la cité, les publicains, les pécheurs. Il ouvre le dialogue avec la samaritaine et protège la femme adultère. Il accueille le voleur condamné à mourir avec lui sur la croix. Ce Dieu de tendresse et d’amour nous invite à une alliance avec lui. Il nous inspire et nous fortifie, il est notre soutien et notre réconfort.

Parce que nous avons été créés à son image, Dieu nous invite à l’imiter, à vivre comme lui : «soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux» (Luc 6, 36). Comme le dit S. Paul : «Ayez les mêmes sentiments que ceux de Dieu; vivez en paix, et le Dieu de la charité et de la paix sera avec vous.» (2 Corinthiens 13, 11)

Le message clair qui se dégage de cette fête de la Sainte Trinité est que notre Dieu n’est pas un Dieu lointain mais un Dieu proche de nous, un Dieu qui partage nos joies et nos peines. C’est un Dieu qui nous donne gratuitement son Royaume. C’est aussi un Dieu qui nous invite à l’imiter afin de trouver le bonheur et à devenir plus humain. Sainte Catherine de Sienne (+1380), celle qui a eu tant d’influence sur les papes de son temps (c’est elle qui a convaincu le pape de quitter Avignon pour revenir à Rome) disait : «Dans ta nature divine, o Dieu éternel, je découvrirai de plus en plus ma propre nature humaine

On dit souvent que «l’homme propose et Dieu dispose»... En fait, c’est le contraire qui se produit : Dieu nous propose en permanence son dessein bienveillant, son alliance, son amitié, mais nous restons libres d’entrer ou de ne pas entrer dans ce projet. «Voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle». Si nous répondons à son appel, nous créerons autour de nous une terre de paix, de fraternité, de partage et d’amour.

En cette fête de la Trinité, il est bon de nous demander quel genre de Dieu nous adorons. Est-il un Dieu vengeur et sans pitié, ou le Dieu qui s’est révélé à nous, à travers les prophètes et à travers Jésus-Christ?

Je termine cette réflexion avec la belle phrase trinitaire de Paul dans la deuxième lecture, phrase que nous utilisons au début de nos célébrations eucharistiques : «Que la grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous» (2 Corinthiens 13, 13)

 

 

Source des images: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.; Moïse de Michel-Ange; Enfant prodigue de Rembrandt