Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Mt 28,16-20
Actes 1, 1-11
Première lecture
... «Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.» Après ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient: «Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.» (Actes des Apôtres 1, 1-11)
Évangile
Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles: «Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. (Matthieu 28, 16-20)
En cette fête de l’Ascension, nous ne célébrons pas le départ du Seigneur mais bien sa présence dans notre vie de tous les jours. Jésus a accompli sa tâche et il nous promet maintenant une nouvelle façon de nous accompagner et d’être avec nous : «Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps».
Il sera présent, par sa parole, ses sacrements, son eucharistie et par les autres qui ont besoin de nous : «À chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères et mes soeurs, c’est à moi que vous l’avez fait.». (Matthieu 25) Pour bien comprendre le message de ce dimanche de l’Ascension du Seigneur, il faut lire le texte de la première lecture et le texte de l’évangile.
Le soir du jeudi saint, Jésus avait dit : «Je ne vous laisserai pas orphelins» et aujourd’hui il nous promet l’Esprit Saint : «vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.»
Le Seigneur a toujours été proche des gens. Au grand scandale des scribes et des pharisiens, il a pris parti pour les samaritains, les fils prodigues, les déviants, les prostituées, les adultères, les ouvriers de la dernière heure, les publicains et les pécheurs. Il a toujours défendu ceux et celles que la société a tendance à rejeter : les faibles, les malades, les lépreux, les femmes et les enfants. Il n’exclue personne. Dans la rue, à la synagogue, sur le bord du lac, dans les maisons, au Temple, au puits de Jacob, sur le haut de la montagne, «il est passé en faisant le bien».
On a souvent accusé le christianisme d’être «l’opium du peuple», une sorte de drogue qui nous fait oublier les problèmes de la vie courante, en nous promettant le bonheur après la mort. C’est exactement le contraire que Jésus veut pour nous : «Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel?» : Arrêtez d’avoir la tête dans les nuages, regardez la terre, voyez ce qui se passe dans le monde, retournez à votre Galilée natale, c’est-à-dire dans votre propre milieu de vie, dans votre ville, votre village, votre famille. Matthieu a pris soin de donner la signification symbolique de cette terre de Galilée dès le début du ministère de Jésus : «Galilée des nations ! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière…» (Matthieu 4,15)… La Galilée, pays méprisé par les puristes de Jérusalem, peuplé par des gens provenant de diverses origines, terre où la croyance et l’incroyance se côtoient, se croisent et se mélangent, terre de tous les peuples.
Ce n’est pas dans le ciel que nous trouvons Dieu mais dans notre Galilée à nous, dans notre vie de tous les jours : «Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé… assoiffé… nu et malade… Et le Roi leur fera cette réponse : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères et soeurs, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 37)
C’est à nous maintenant d’accomplir les œuvres du Seigneur parmi nos frères et nos sœurs. Le Seigneur confie sa mission aux croyants que nous sommes : «Ceux qui croient en moi accompliront les mêmes œuvres que moi». (Jean 14, 12) et Marc ajoute : «Ceux qui deviendront mes disciples, en mon nom ils chasseront les esprits mauvais, ils parleront un langage nouveau… ils imposeront les mains aux malades et les malades s’en trouveront bien » (Marc 16,17-18) Le Christ nous envoie dans le monde : «Comme Tu m'as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde.» (Jean 17, 18)
La célébration dominicale dure moins d’une heure et s’achève par le renvoi de l’assemblée : «Allez dans la paix du Christ»… Ne restez pas là à regarder vers le ciel, retournez chez-vous, dans votre Galilée où la mission vous attend. La liturgie bien comprise et bien vécue renouvelle et réactive l’élan de ceux et de celles qui y participent.
Ne restez pas là à regarder vers le ciel?
Source des images: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.; Praedicatho Homélies à temps et à contretemps d'un prêtre catholique.