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Réflexion sur l'évangile du Cinquième dimanche du Carême, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jn 11, 1-45

Un homme était tombé malade. C’était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux soeurs envoyèrent dire à Jésus: «Seigneur, celui que tu aimes est malade.» 

En apprenant cela, Jésus dit: «Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié.» Jésus aimait Marthe et sa soeur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l’endroit où il se trouvait; alors seulement il dit aux disciples: «Revenons en Judée.» Les disciples lui dirent: «Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas?» Jésus répondit: «Ne fait-il pas jour pendant douze heures? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui.» Après ces paroles, il ajouta: «Lazare, notre ami, s’est endormi; mais je m’en vais le tirer de ce sommeil.» Les disciples lui dirent alors: «Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé.» Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu’il parlait de la mort. Alors il leur dit clairement: «Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui!» Thomas, dont le nom signifie: «Jumeau», dit aux autres disciples: «Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui!» 

Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem, — à une demi-heure de marche environ —, beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus: «Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas.» Jésus lui dit: «Ton frère ressuscitera.» Marthe reprit: «Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection.» Jésus lui dit: «Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?» Elle répondit: «Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde.» 

Ayant dit cela, elle s’en alla appeler sa soeur Marie, et lui dit tout bas: «Le maître est là, il t’appelle.» Marie, dès qu’elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village; il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l’endroit où se trouvait Jésus; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit: «Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort.» Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d’une émotion profonde. 

Il demanda: «Où l’avez-vous déposé?» Ils lui répondirent: «Viens voir, Seigneur.» Alors Jésus pleura. Les Juifs se dirent: «Voyez comme il l’aimait!» Mais certains d'entre eux disaient: «Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir?» Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit: «Enlevez la pierre.» Marthe, la soeur du mort, lui dit: «Mais, Seigneur, il sent déjà; voilà quatre jours qu’il est là.» Alors Jésus dit à Marthe: «Ne te l’ai-je pas dit? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.» On enleva donc la pierre. 

Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit: «Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours, mais si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé.» Après cela, il cria d’une voix forte: «Lazare, viens dehors!» Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit: «Déliez-le, et laissez-le aller.» 

Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.

Cinquième dimanche du Carême - A

photo du Père Allard


"Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s'il meurt,  vivra."

La liturgie de ce dimanche continue à nous préparer au renouvellement des promesses de notre baptême pendant la liturgie de la vigile pascale. Dans l’épisode de la Samaritaine, Jésus nous a révélé qu’il était une source d’eau vive; lors de sa rencontre avec l’aveugle de naissance, il se présente comme la lumière du monde; et aujourd’hui, à travers la résurrection de Lazare, il dit à Marthe qu’il est la résurrection et la vie.

Nous vivons dans un monde de morts violentes et de tyrans de toutes sortes pour qui la vie des autres n’a aucune valeur. Les films d’horreur, de vengeance et de guerres, les jeux électroniques, la télévision et l’Internet semblent incapables d’assouvir la soif de violence et de destruction de notre monde. Les gens aiment suivre les drames passionnels, les attaques terroristes et les guerres dans toutes les parties du globe, en direct et en couleurs. Nous appartenons à une civilisation aspirée dans le tourbillon de la violence, de la torture, du meurtre, des exécutions, des guerres, des génocides et du terrorisme.

yLa résurrection de Lazare, dans l’évangile de S. Jean, est le dernier miracle de Jésus, le dernier «signe» offert dans cet éternel procès entre la lumière et les ténèbres. Peu après commence le drame de la Passion. En retournant en Judée pour sauver son ami, Jésus risque sa vie et va au-devant de sa propre mort.

Le point culminant du texte d’aujourd’hui est le dialogue entre Marthe et Jésus. Marthe proclame sa foi au Christ : «Tu es le Messie… le Fils de Dieu». C’est là la profession de foi que les autres évangélistes mettent sur les lèvres de Pierre.

Le Christ dit alors à Marthe : «Moi je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; et toute personne qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais.»

Face à la mort, il existe deux attitudes fondamentales :

La première est celle des personnes qui croient que la mort est la fin de tout. Aucune intervention chirurgicale, aucun médicament miracle, aucune crème rajeunissante, aucune diète spéciale ne peut changer cela. Cette attitude est très présente dans le monde d’aujourd’hui.

La seconde est partagée par ceux et celles qui croient qu’à la mort la vie continue mais elle est changée. Ceci est la base de notre christianisme. Cette espérance donne un sens non seulement à notre mort, mais aussi à notre vie de tous les jours, à nos fêtes, à nos joies, à nos maladies, nos souffrances et nos angoisses.

Avec Dieu, il y a toujours un nouveau printemps à l’horizon.

...l’Esprit de Dieu peut nous redonner une vitalité créatrice, une vie nouvelle.

Le Christ nous dit que non seulement nous serons transformés et que nous continuerons à vivre après la mort, mais il nous invite à vivre pleinement dès maintenant. «Sortez de vos tombeaux, de vos vies sans espérance. Recommencez à respirer la vie à pleins poumons…» «Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance» (Jean 10,10). Secouez votre inertie et votre passivité et participez à la construction d’un monde meilleur, plus juste, plus fraternel. Mettez de côté votre égoïsme afin de partager la tendresse de Dieu envers ceux et celles qui sont blessés par la vie et qui ont besoin d’amour et d’affection.

Avec Dieu, il y a toujours un nouveau printemps à l’horizon, une nouvelle saison qui fait reverdir ce que le froid hivernal  semblait avoir fait mourir. Comme au grain de blé que l’on met en terre et qui semble se décomposer et mourir, l’Esprit de Dieu peut nous redonner une vitalité créatrice, une vie nouvelle. Le prophète Osée exprime cette renaissance de façon poétique : «Je vous guérirai de votre infidélité, je vous prodiguerai mon amour… Je serai pour Israël comme la rosée, il fleurira comme le lis, il étendra ses racines comme les arbres du Liban. Ses jeunes pousses vont grandir, sa parure sera comme celle de l’olivier, son parfum comme celui de la forêt du Liban…» (Osée 14, 5-8)

La promesse du Christ nous invite à une vie pleine d’espérance et de projets nouveaux maintenant, et nous promet une vie nouvelle après la mort. Il ne faut jamais nous résigner à la fin de la vie. La résignation n'est pas une attitude chrétienne.

Les forces du mal ne savent que menacer, démolir, tuer l’espérance et faire mourir. Nous avons l’exemple des camps de la mort des SS, des goulags soviétiques, des guerres préventives, des prisons de torture, des génocides multiples, des dictateurs qui massacrent leurs concitoyens plutôt que d’abandonner leur pouvoir illégitime.

À travers cette civilisation attirée par la destruction et la mort, le Christ nous parle aujourd’hui de vie et d’espérance. «Celui qui croît en moi a (maintenant) la vie éternelle!» Il nous redit, en appelant Lazare hors de son tombeau : «Sors du tombeau... Je suis la résurrection et la vie... Celui et celle qui croit en moi, même s’il meurt vivra.»