Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur. Les bergers repartirent; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
Au commencement d’une nouvelle année, nous saisissons plus facilement la réalité du temps qui s’écoule. Le rythme des saisons nous indique que plus nous vieillissons, plus le temps nous glisse entre les doigts, comme une poignée de sable qui s’échappe de notre main fermée.
Que nous apportera cette nouvelle année? C’est au champagne que l’on célèbre son arrivée à Sydney, Tokyo, Beijing, Hong Kong, Moscou, Berlin, Paris, Londres, New York. Ce sont de très belles célébrations, mais nous les chrétiens devons accueillir la nouvelle année non seulement au son des feux d’artifices, mais aussi au son du silence et de la méditation qui caractérise Marie dans l’évangile d’aujourd’hui : «Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur.» Savoir célébrer dans la prière et la réflexion, savoir le faire avec la communauté chrétienne, voilà une belle façon de souligner cette fête du premier de l’an! La rencontre avec le Seigneur, au sein du groupe communautaire, nous permettra de faire le bilan de l’année qui s’achève et de planifier celle qui commence.
Vous savez sans doute que le mois de janvier a pris son nom du dieu romain Janus, un dieu à deux visages : l’un qui regarde en arrière, vers l’année qui se termine et l’autre qui scrute l’avenir. Janus est donc resté le symbole du bilan et de la planification.
En ce début d’année, il est bon de regarder en arrière. Le bilan des années qui se terminent est rarement très positif. Derrière nous, il y a eu les guerres en Irak, en Afghanistan, en Palestine, des tremblements de terre, des feux de forêts, le réchauffement de la planète, la peur du terrorisme, la crise économique, la perte de millions d’emplois, les seigneurs de la drogue, les scandales d’abus sexuels, etc. Et le bilan que nous dressons de nos réalités personnelles n’est peut-être pas beaucoup plus reluisant, bien que sur ce plan, nous soyons plus disposés à reconnaître qu’il y a eu du positif mêlé aux événements négatifs. Peut-être avons nous vécu une séparation, un divorce, le décès d’un proche, un accident, une maladie grave, une perte d’emploi, une grande solitude. Mais nous nous souvenons aussi des rencontres familiales, des fêtes d’enfants, des pardons accordés, des réconciliations entre amis, d’une période de rémission de notre cancer, de la naissance d’un enfant, du succès dans notre carrière. Chacun a ses raisons pour rendre grâce !
Regarder en arrière est utile, mais il est encore plus important de projeter notre regard vers l’avenir. La vie nous est donnée pour aller de l’avant. La vie nous est offerte pour recommencer avec un coeur neuf, là où nous avons peut-être échoué dans le passé. Elle nous est donnée pour que nous bâtissions quelque chose de beau.
Souvent les gens disent : «À mon âge, je suis trop vieux pour changer !» Dans l’esprit de la Bible, nous ne sommes jamais trop vieux pour nous améliorer, pour nous remettre en question, pour reprendre le chemin. L’ancien et le Nouveau Testament sont pleins d’exemples de personnes âgées qui ont réorienté leur vie. C’est le sens des résolutions que nous prenons en début d’année. Au moins nous voulons essayer, faire un effort, nous engager sur la voie de l’amélioration.
Si nous le lui permettons, Dieu peut transformer notre existence, la pacifier, la guider, la faire chanter. Il nous invite aujourd’hui à avoir une vie plus abondante, à entreprendre la nouvelle année dans la joie et dans la confiance.
Et c’est dans ce sens qu’il nous offre, dans la première lecture, sa bénédiction, l’une des plus belles qui soient : «Que le Seigneur te bénisse et te garde! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix!»
Grâce à cette bénédiction en début d’année, nous pouvons nous engager dans l’avenir avec confiance et sérénité. Nous pouvons continuer à vivre le plus pleinement possible, à tirer le meilleur parti du temps qui nous est offert, à faire confiance au lendemain.
Le premier de l’an, c’est le temps des nouveaux départs. C’est le temps de l’espérance.
«Que le Seigneur te bénisse et te garde! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix!».
Que cette bénédiction, vieille de 3000 ans, nous accompagne tout au long de la nouvelle année.
Bonne et heureuse année à chacune et à chacun d’entre nous.