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Formation
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Des questions à se poser

Extrait du rapport de la XIIe Rencontre Latinoaméricaine du MC, le 31 juillet 2009, à Los Angeles.

Présentation

À l’issu d’une rencontre de tous les évêques d’Amérique du Sud à Aparecida (Brésil) en 2008, un document très important a été publié appelé « Document final d’Aparecida » (indiqué par les lettres DA).

Les membres du GLCC (Groupe Latinoaméricain des Cursillos de Cristiandad) ont fait l’étude de ce DA lors de sa XIIe Rencontre Internationale, à Los Angeles, le 31 juillet 2009, et le secrétariat national du Brésil en a fait rapport dans un document intitulé « Incidencias del DA en el MCC » (Les incidences du Document d'Aparecida sur le Mouvement des Cursillos). 

Ce rapport comporte cinq parties:

  1. Introduction.
  2. Importance de la Conférence Générale de l’Épiscopat latino-américain qui eut lieu à Aparecida (Brésil), en 2008. (C’était plus qu’une assemblée du CELAM, lequel n’est qu’un organisme délégué; à Aparecida, tous les évêques avaient été convoqués).
  3. Présentation du document final d’Aparecida (indiqué par les lettres DA).
  4. Incidences du DA sur le Mouvement des Cursillos latino-américain.
  5. Quelques interrogations à étudier dans les Secrétariats.

Nous publions ici la cinquième et dernière partie de ce document (traduite de l’espagnol par Loyola Gagné, sss). Elle comporte des réflexions qui s'appliquent tout à fait à notre situation et des questions qui méritent toute notre attention.

Il y a lieu de se poser les mêmes questions.

 

V. Quelques interrogations à étudier dans les Secrétariats

Dans cette dernière partie, nous offrons quelques suggestions relatives à notre document de base qui sera étudié à notre 12e Rencontre du MC latino-américain, à Los Angeles, le 31 juillet prochain, veille de la 4e Ultreya Mondiale. Nous souhaitons que l’on en tire des conclusions concrètes et non seulement théoriques. Les questions se regroupent sous les cinq sujets suivants : 1. Le charisme. 2. La spiritualité. 3. La formation. 4. La conversión. 5. La misión. (Les italiques sont tirés du DA).


1. Le charisme
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Depuis le commencement, l’Église est animée par les charismes, c’est-à-dire par les dons de l’Esprit Saint en faveur de la communauté.

« À partir de la Pentecôte, l’Église expérimente immédiatement les interventions fréquentes de l’Esprit, signes de la vitalité divine qui s’exprime par des dons et des charismes divers (1 Cor 12, 1-11) et par des fonctions qui construisent l’Église et servent à l’évangélisation (1 Cor 12, 28-29). Par ces dons de l’Esprit, la communauté répand le ministère salvifique du Seigneur jusqu’à ce qu’Il se manifeste de nouveau à la fin des temps (1 Cor 1, 6-7). Cet Esprit forge des missionnaires décidés et vaillants comme Pierre (Ac 4, 13) et Paul (Ac 13, 9) et déterminent les lieux qui doivent être évangélisés et ceux qui doivent le faire (Ac 13, 2) (DA, 150).

De nos jours, peut-être plus qu’autrefois, nous parlons des charismes. C’est un sujet à l’ordre du jour dans l’Église, et même dans le langage civil, car ce qu’on appelait autrefois talent est devenu charisme.

    1. Le charisme dans le MC. Depuis l’origine du Mouvement, au milieu du siècle dernier, nous parlons nous aussi du charisme; on écrit beaucoup sur le sujet; nous en discutons énormément à chacune des Rencontres au point d’entrer dans des disputes olympiques, pour finalement demeurer divisés sur le sujet. Nous avons constaté que la réalité ne correspond pas toujours aux théories, qui sont fort nombreuses, car il semble bien que chaque cursilliste a la sienne! Pourtant, nous savons tous que le charisme du Mouvement est clairement défini dans les IFMC, au chapitre 2 « Essence et finalité du MC », numéros 72 à 153.

    2. NOS QUESTIONS Après avoir réfléchi sur le Document d’Aparecida, est-il encore suffisant d’affirmer que le charisme du MC consiste uniquement à faire prendre conscience au candidat que Dieu l’aime, qu’il doit vivre le fondamental de l’être chrétien, en faisant ensuite n’importe quoi au service du Royaume ? Ou bien, n’est-il pas plutôt de faire prendre conscience aux cursillistes que nous sommes partie prenante d’une Église dynamique qui se préoccupe d’avoir une organisation efficiente pour qu’elle soit toujours plus évangélisatrice ? Pour concrétiser le charisme du MC dans l’histoire présente de l’Église, n’est-il pas nécessaire et urgent de convaincre les instances du Mouvement, à tous les paliers, que tous nous appartenons à une Église qui cherche à dynamiser son organisation missionnaire à laquelle doivent participer tous les Mouvements ? Finalement, quelle attitude prendrons-nous face à cette interpellation du DA ? :

      « Il faudrait encourager certains Mouvements qui donnent des signes d’épuisement et les inviter à se renouveler dans leur charisme originel qui n’enrichit plus comme il le devrait la diversité avec laquelle l’Esprit Saint se manifeste dans le peuple chrétien » (DA, 311).


2. La spiritualité
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Tous les charismes dans l’Église ont une spiritualité propre. Mais qu’est-ce qu’une spiritualité ? Pour les besoins de la cause, on peut la définir comme étant la façon pour une personne, ou un groupe (comme dans les Mouvements), de vivre concrètement son charisme dans les réalités concrètes de la vie. Rappelons-nous que la spiritualité ne se réduit pas seulement aux moments de prière ou à la réception des sacrements. Ce sont là des actes essentiels à la vie chrétienne, mais ce sont des moyens pour pouvoir vivre chrétiennement dans le monde sous l’action de l’Esprit Saint : voilà la spiritualité.


2.1. Une spiritualité organisationnelle. Il est opportun ici de rappeler que dans notre culture épocale (les latinos désignent ainsi le fait que non seulement nous sommes dans une époque de changements mais bien plus, nous changeons actuellement d’époque!), même les entreprises commerciales développent ce qu’ils appellent « une spiritualité organisationnelle », visant à l’amélioration de la production. Ils diront que la spiritualité n’est pas quelque chose de palpable mais qu’elle influence directement la manière d’agir de l’être humain. C’est quelque chose qui porte le professionnel d’aujourd’hui à comprendre que pour affronter des situations de changements et avoir de l’influence dans le milieu, plus que savoir faire, il faut savoir être. Selon eux, la spiritualité


2.2. Une spiritualité individualiste. Ce qui peut arriver de pire dans la vie du disciple missionnaire, c’est l’individualisme, caractéristique de la culture épocale contemporaine.

« Nous constatons le pauvre accompagnement spirituel apporté aux fidèles dans leurs tâches de service à la société, spécialement lorsqu’ils ont à assumer des responsabilités dans les structures d’ordre temporel. Nous avons perçu une évangélisation sans ardeur et sans méthodes nouvelles, mettant l’emphase sur le ritualisme sans aucun itinéraire de formation, et négligeant les autres tâches pastorales. Nous sommes préoccupés par cette spiritualité individualiste» (DA, 100 c).

Il y a beaucoup de références dans le DA sur la spiritualité. Nous allons en souligner quelques-uns


2.3. Une spiritualité chrétienne fondée sur la Trinité. Dans notre Mouvement et tout spécialement au cours du Cursillo, il y a des moments de rencontres avec le Christ. Mais il ne faut pas s’arrêter là.

« Une authentique rencontre avec le Christ doit s’établir sur le fondement solide de la Trinité-Amour. L’expérience d’un Dieu Trine et Un, qui est unité et communion inséparable, nous permet d’éviter l’égoïsme pour nous faire pénétrer pleinement dans le service de l’autre. L’expérience baptismale est le point de départ de toute spiritualité chrétienne qui se fonde sur la Trinité » (DA, 240).


2.4. Un pèlerinage. Un des traits caractéristiques de la spiritualité du MC est d’être une spiritualité de pèlerins. La spiritualité du Cursillo s’est forgée, en effet, lors du grand Pèlerinage à Santiago de Compostelle en 1948.       Tous les futurs pèlerins ont été préparés durant des années à alimenter leur vie de la spiritualité du pèlerinage, c’est-à-dire de cette ascèse du marcheur, faite de renoncements, de sacrifices de tous ordres, de solidarité avec les compagnons, de pardon mutuel, etc. Tous ces traits, nous les retrouvons maintenant dans la spiritualité du MC : « Être des pèlerins, c’est marcher avec le Christ vers le Père, poussés par l’Esprit, avec l’aide de Marie et de tous les saints, entraînant avec nous tous nos frères et sœurs » (Guide du Pèlerin). Comme le laisse entendre ces derniers mots, le MC doit donc s’ouvrir à la mentalité missionnaire. Il nous faut être ouverts nous aussi à une formation dans la spiritualité missionnaire, comme le suggère le DA :

« Il est nécessaire de former les membres dans une spiritualité orientée vers l’action missionnaire qui est basée sur la docilité à l’Esprit Saint, sur la puissance de vie qui dynamise et transfigure toutes les dimensions de l’existence. Ce n’est pas une expérience qui se limite aux moments de la dévotion privée, mais qui cherche plutôt à tout pénétrer de son feu et de sa vie.  Le disciple missionnaire, mu par l’élan et l’ardeur de l’Esprit, apprend à l’exprimer dans le travail, le dialogue, le service et la mission quotidienne » (DA, 284).


2.5. NOS QUESTIONS. Pourquoi  ne parle-t-on presque jamais de spiritualité dans le MC, alors qu’on sait très bien que c’est une caractéristique spécifique à chaque Mouvement ? Pourquoi s’est-on habitué à identifier spiritualité et prière ? (Car dans certains secrétariats, on a établi un comité de spiritualité, qui ne s’occupe que de… prière!) Si les entreprises civiles parlent de spiritualité, pourquoi les dirigeants de l’OMCC ont-ils refusé d’ajouter dans la réforme des IFMC, un chapitre sur la spiritualité ? Serait-ce le moment de rappeler Luc 16, 8 : « Les gens de ce monde sont bien plus habiles en affaires que ceux qui appartiennent à la lumière ». Quelles sont les démarches à entreprendre au Cursillo et au poscursillo pour aider les cursillistes à comprendre, assimiler et vivre une spiritualité de pèlerinage, autrement dit, une spiritualité incarnée dans la réalité de la route ?


3. La formation
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Depuis le Concile Vatican II, l’Église s’est davantage préoccupé de la formation de ses fidèles. Il y a beaucoup de documents sur ce sujet. Rappelons-nous  Christifideles laici de Jean-Paul II. Tout le chapitre 5 est entièrement dédié à la formation des laïcs (numéros 57 à 63). Il en est de même dans le DA, comme on l’a vu plus haut. Selon l’aveu de nos initiateurs, le Mouvement est né dans un climat d’école (à tel point que les premiers rollistes s’appelaient des professeurs, et c’est pour cela qu’ils avaient un recteur). Et par la suite, cette formation s’est toujours continuée par les diverses écoles qui ont été mises sur pied pour former les dirigeants du Mouvement. Mais dans l’esprit du DA, tous les Mouvements ont la responsabilité de former non seulement leurs dirigeants mais tous leurs membres.


3.1 NOS QUESTIONS. Est-ce que nos Écoles sont exclusivement réservées à nos dirigeants et à personne d’autre ? Comment pourrions-nous développer un processus de formation doctrinale-missionnaire inculturée (DA, 276), imprégné de formation intégrale, kérygmatique, permanente et ouverte à toutes les dimensions (DA, 278-285) pour les cursillistes depuis leur précursillo jusqu’au poscursillo ? Il est opportun de rappeler que dans notre culture globalisée par les moyens de communication sociale (radio, TV, internet), il faut veiller à ce que nos Écoles soient toujours de plus en plus attractives et dynamisantes : comment y parvenir ?


4. La conversion en pastorale
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Le DA ne laisse aucun doute :

« Aucune communauté ne peut trouver prétexte à s’excuser d’entrer de toutes ses forces dans le processus constant de renouveau missionnaire en abandonnant des structures caduques qui ne favorisent plus la transmission de la foi »  (no 365).

Il parle même de la conversion des pasteurs (no 366). Nous savons bien que la méthode kérygmatique et expérientielle de notre Mouvement, surtout au Cursillo, cherche à obtenir la conversion personnelle qui conduira à la rencontre avec le Christ. Mais ici, on veut parler de la conversion du Mouvement lui-même pour l’orienter vers le renouveau missionnaire. Il est question de renouveler une mentalité et de découvrir les chemins de la vocation pastorale de nos communautés.

« Cela exige que nous passions d’une pastorale d’entretien à une pastorale nettement missionnaire. C’est ainsi qu'il sera possible que le programme unique de l’Évangile puisse s’introduire dans l’histoire de chaque communauté ecclésiale (NMI 12), avec une nouvelle ardeur, faisant en sorte que l’Église devienne comme une mère qui vient au devant, une maison accueillante, une école permanente de communion missionnaire » (DA, 70).


4.1 NOS QUESTIONS. Y a-t-il un point particulier qui intéresse ici l’un ou l’autre de nos secrétariats diocésains ? Mais auparavant, demandons-nous si la pastorale du MC – en supposant évidemment que nous sommes conscients que le MC doit avoir une pastorale – est une pastorale d’entretien ou missionnaire ?  Le débat peut être long !


5. La mision des disciples
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Il nous faut maintenant découvrir, ou mieux, discerner l’esprit missionnaire dans le Mouvement des Cursillos.    


5.1. Former des disciples. Nous savons très bien comment faire. En fait, dans le MC, nous sommes pratiquement toujours occupés à former des disciples. Cependant, on remarque difficilement autant d’efforts et d’efficacité au moment de former le Mouvement lui-même et ses dirigeants pour la mission. On ne doit pas oublier son charisme, ni le changer en aucune façon. C’est sûr qu’on en parle depuis des lustres, mais devant l’appel de nos pasteurs à Aparecida, il est urgent que le MC le mette enfin en pratique. Rappelons-nous qu’on juge l’arbre à ses fruits (Lc 6, 4), et que tout arbre qui ne donne pas de bons fruits… (Mt 7, 19).

Si nous revenons à la définition du MC approuvée par le St-Siège (lors de l’approbation des Statuts de l’OMCC, le 30 mai 2004), nous y découvrirons que le charisme originel a trois dimensions :

  • la première, inviter l’individu à la rencontre de Jésus Christ pour lui faire prendre conscience de l’amour de Dieu pour lui;
  • la deuxième, le conduire, par une méthode propre, à vivre et expérimenter le fondamental de l’être chrétien – qui est de partager avec tous les hommes l’amour que Dieu lui porte;
  • et la troisième, l’amener à fermenter d’évangile son milieu avec l’aide de petits groupes ou communautés de foi. Cette définition nous découvre donc la mission du MC : fermenter d’évangile les milieux, au moyen d’un groupe.


5.2. Le missionnaire (que ce soit le Mouvement ou le cursilliste) est celui qui part en mission,

qui se détache par conséquent de ses commodités, de ses paresses, de sa tiédeur (cf. DA, 362); qui oublie ses fatigues et ses faiblesses (DA, 311), et qui va « développer la dimension missionnaire de la vie en Christ avec l’engagement d’approfondir et d’enrichir toutes les raisons et motivations qui permettent de convertir n’importe quel croyant en un nouveau disciple missionnaire » (DA, 362).

Et alors, tant le Mouvement que les cursillistes, comme d’authentiques missionnaires, vont par communauté vers leurs milieux pour y semer les critères et les valeurs du Règne de Dieu, comme la solidarité, la fraternité, la justice, le pardon. « Jésus lui-même s’est préoccupé de former des petits groupes : il a envoyé ses disciples deux par deux, pour que sa Parole ne soit pas celle d’un seul homme mais l’expression d’un groupe uni dans un même projet» (Commentaire de la Bible latino-américaine, 1995 – Mc 6, 7).


5.3. Voir, juger, agir. Si nous considérons important traiter de la spiritualité du dirigeant du MC, nous croyons qu’il est également fondamental traiter de la spiritualité du Mouvement lui-même qui est contenue dans sa définition lorsqu’on parle de la « fermentation évangélique des milieux », non seulement par un individu isolé, mais bien par des cursillistes qui se regroupent en petites communautés de foi (ou noyaux de chrétiens) pour évangéliser ces milieux. Voici donc un essai de définition de ces petites communautés de foi dans les milieux : « Une communauté de foi dans un milieu (ou encore un « noyau de chrétiens » selon l’expression de la définition du MC), existe là où se trouve un cursilliste ou deux dans un même milieu, et qu’ils identifient des éléments (voir) avec lesquels ils sont mal à l’aise, parce qu’ils les croient (juger) en contradiction avec l’Évangile. Invoquant alors la lumière de l’Esprit Saint, ils décident d’intervenir pour changer cette réalité (agir), en suscitant, éventuellement, des rencontres pour évaluer la situation ». C’est ainsi que le cursilliste peur faire l’expérience d’une véritable spiritualité missionnaire.


5.4.  Le DA envoie un message direct au MC en faisant la recommandation suivante à la pastorale urbaine :

« Fiez-vous davantage à l’expérience des communautés de milieux, formées au niveau supra-paroissial ou diocésain » (DA, 517 f).

Et comme si cela n’était pas suffisant, voici une affirmation récente de Benoît XVI qui confirme indirectement le charisme du MC en suppliant les centaines de fidèles présents dans la Basilique S. Jean de Latran, de « créer des groupes missionnaires dans leurs milieux de travail, puisque c’est dans ces endroits qu’ils passent la plus grande partie de leur temps ». Et plus loin, il ajoute : « Je vous exhorte à un esprit missionnaire renouvelé afin de manifester l’amour de Dieu envers nous » (Congrès diocésain de Rome, 26 mai 2009).


5.5. Paul, apôtre, modèle du cursilliste missionnaire. Il est impensable de traiter du missionnaire que doit être le cursilliste, si nous n’invoquons pas l’exemple du Patron même du MC, l’apôtre Paul. Dès le premier instant où il fut terrassé par « une lumière venue du ciel » (Ac 9, 3), Saul –  qui deviendra Paul – « passa quelques jours avec les disciples à Damas, et ensuite, a commencé à prêcher dans les synagogues. Voilà! Paul, disciple missionnaire: sans trait d’union. On ne peut pas séparer en effet le disciple du missionnaire, ni le missionnaire du disciple. Jésus, à l’instant où il appelle les Douze, il les envoie : «Ainsi constitua-t-il les Douze pour qu’ils soient avec Lui et pour les envoyer annoncer la Bonne Nouvelle » (Mc 3, 14). Il ne leur imposa qu’une seule condition pour Le suivre, celle de renoncer à tout et de prendre leur croix quotidienne. Il n’exigea aucun cours de philosophie ou de théologie, ou de Droit Canon, ni aucun autre diplôme pour devenir ses disciples. Il les créa tout simplement disciples missionnaires : « Allez ».

Comme S. Paul, les chrétiens du XXIe siècle, nous sommes tous appelés :

« Dans l’Église, nous sommes tous appelés à devenir disciples missionnaires. Il est donc nécessaire de nous former et de former le Peuple de Dieu pour accomplir avec audace, et de façon responsable, cette tâche incontournable » (Message de la Conférence d’Aparecida).

Dans sa lettre à Timothée, son disciple préféré, Paul rappelle que « Dieu nous a sauvés et nous a appelés à être son peuple, non à cause des œuvres que nous avons accomplies, mais à cause de son propre plan et de sa grâce. Il nous a accordé cette grâce en Jésus Christ avant le commencement du temps » (1 Tim 1,9). Puissions-nous tous, au seuil de notre Cinquième Jour, être en mesure de dire comme l’Apôtre : « J’ai combattu le bon combat, j’ai gardé la foi. Et maintenant, le prix de la victoire m’attend : c’est la couronne de la justice que le Seigneur me donnera. Et il ne la donnera pas seulement à moi, mais à tous ceux qui attendent avec amour le moment où il apparaîtra » (2 Tim 4, 7-8).


5.6. NOS QUESTIONS. Quelle réponse peut apporter le MC à cet appel de l’Église dans le DA ?

« L’Église est appelée à repenser profondément et à relancer avec audace sa mission dans les nouvelles circonstances mondiales » (DA, 211).

Comment réagir dans le MC à cette interpellation du DA, si proche de nos préoccupations ?

« Nous ne pouvons pas laisser passer cette heure de grâce : nous avons besoin d’une nouvelle Pentecôte ! Nous avons besoin d’aller à la rencontre des personnes, des familles, des communautés, pour leur communiquer le grand don de la rencontre avec le Christ, Celui qui a rempli nos vies de sens, de vérité et d’amour, de joie et d’espérance !  Nous ne pouvons pas rester tranquilles dans nos temples (et nous pouvons préciser : dans nos Ultreyas !) mais il nous faut sortir pour accourir dans toutes les directions et proclamer que le mal et la mort n’ont pas le dernier mot, que l’amour est plus fort, que nous avons été libérés et sauvés par la victoire pascale du Seigneur de l’histoire, et qu’Il nous invite en Église, en communauté, et qu’Il veut multiplier le nombre de ses disciples missionnaires pour la construction de son Royaume. Nous sommes témoins et missionnaires dans les villes et les campagnes, dans les divers  milieux de la société, dans tous les aréopages de la vie publique, dans les situations extrêmes de l’existence, assumant ainsi courageusement notre sollicitude pour la mission universelle de l’Église » (DA, 548).


Conclusion tirée du DA (Nos 552-554).
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« Retrouvons la ferveur spirituelle. Retrouvons la joie réconfortante d’évangéliser, même lorsqu’il faut semer dans les larmes. Faisons-le comme Jean Baptiste, comme Pierre et Paul, comme tous les apôtres, comme cette multitude admirable d’évangélisateurs qui se sont succédé tout au long de l’histoire de l’Église, avec un élan intérieur que rien ni personne ne pourra éteindre. Que ce soit la plus grande joie de nos vies données. Que le monde actuel – qui cherche tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance – puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non par l’intermédiaire d’évangélisateurs tristes et découragés, mais par des ministres de l’Évangile dont la vie irradie la ferveur de ceux qui ont reçu la joie du Christ et acceptent de consacrer leur vie à la noble mission d’annoncer le Royaume et d’implanter l’Église à travers le monde. Retrouvons l’audace apostolique !»

« Guidés par Marie, la Reine des Amériques, et les yeux fixés sur Jésus, nous lui disons avec Benoît XVI, dans son discours d’Aparecida :

« Reste avec nous, Seigneur, car il se fait tard (Lc 24, 29). Reste avec nous, accompagne-nous, même si nous n’avons pas toujours su Te reconnaître. Reste avec nous car les ténèbres se font de plus en plus denses autour de nous, et Toi, tu es la Lumière. Le découragement s’insinue dans nos cœurs, et Toi, tu les fait brûler de la certitude de Pâques. Nous sommes fatigués de la route, et Toi, tu nous réconfortes à la fraction du Pain, pour annoncer à nos frères et sœurs que tu es vraiment ressuscité et que tu nous as donné la mission d’être les témoins de ta Résurrection.

« Reste avec nous, Seigneur, lorsque autour de notre foi catholique surgissent les ténèbres du doute ou de la lassitude : Toi, qui es la Vérité même, Révélateur du Père, illumine nos esprits par ta Parole; aide-nous à ressentir la beauté de croire en Toi ! Reste avec nos familles, éclaire-les dans leurs doutes, soutiens-les dans leurs difficultés, soulage-les dans leurs souffrances quotidiennes lorsque s’accumulent au-dessus d’elles des nuages sombres menaçant son unité et sa nature. Toi qui es la Vie, reste dans nos foyers pour qu’ils continuent d’être des nids chaleureux où naissent la vie humaine abondante et généreuse, où l’on accueille, où l’on aime, où l’on respecte la vie depuis sa conception jusqu’à son terme naturel.

« Reste, Seigneur, avec ceux qui sont les plus vulnérables dans nos sociétés; reste avec les pauvres et les humiliés, avec les indigènes et les noirs, qui n’ont pas toujours trouvé l’espace et l’appui pour exprimer la richesse de leur culture et la sagesse de leur identité. Reste, Seigneur, avec les enfants et les jeunes qui sont l’espérance de notre continent; protège-les de tants de dangers qui menacent leur innocence et leurs espoirs. Oh bon Pasteur, reste avec nos vieillards et nos malades; fortifie-les dans leur foi afin qu’ils poursuivent sans répit leur mission de disciples et missionnaires!».


São Paulo, Brasil, Pentecôte, 30 mai 2009.