Préambule… J’ai intitulé ce rollo : «Un regard sur le Mouvement», pourquoi? Parce qu’un regard, c’est forcément subjectif. Ce que je vais vous partager c’est le fruit de mes lectures et je suis certain que n’importe qui dans cette salle qui aurait lu les mêmes textes pourrait arriver à des conclusions différentes… Voilà pourquoi il faut partager nos découvertes!
Quant au sujet qui m’a été demandé, j’aurais pu me contenter de vous relire ce matin le discours que j’avais tenu au Campus St-Augustin, lors du Premier Congrès du MC, en 1999 : j’ai traité du même sujet, mais vous pouvez aller le lire vous-même sur Internet, dans un article intitulé: «Un trésor à exploiter»
Aussi, je vous ai préparé un autre menu que vous pouvez consulter sur le «Sommaire» pour vous aider à suivre. Vous y trouverez, à la fin, la liste des nombreuses annexes qui sont les documents mêmes qui m’ont servi pour élaborer le rollo.
Perte de deux fondateurs : Sebastián Gayá et Eduardo Bonnín.
Il nous reste les IFMC, mais…
Controverse sur la date de fondation.
Vient du mot grec «kharisma» qui dérive du mot «kharis» : grâce.
C’est un don de Dieu
qui nous habilite
pour le bien du prochain
On retrouve six caractéristiques dans la personne de tout fondateur :
sainteté et charisme
acceptation des humiliations
reconnaissance de l’œuvre de Dieu
rejet de toute gloire personnelle
soumission du charisme au discernement
avoir des disciples
Nous avons deux définitions.
a) Sebastián Gayá énumère 10 points essentiels à notre charisme :
Proclamation du kérygme
De façon christocentrique
Sous forme de témoignage
Conformément à la doctrine de l’Église
Pour provoquer une conversion
Avec le même style dans les 3 phases du Mouvement
Dans un climat joyeux
Approfondi par l’amitié en petits groupes
Pour évangéliser les milieux
En étroite collaboration entre prêtres et laïcs
b) Eduardo Bonnín énumère les 10 «couleurs» de notre charisme :
La personne
La liberté
L’amour
L’amitié
La conviction
La sincérité
Le discernement
La vie
Le normal
La joie
Ici encore deux définitions.
Celle des IFMC, # 74 :
«Un Mouvement d’Église qui, au moyen d’une méthode spécifique, rend possible l’expérience personnelle et communautaire de ce qui est fondamental dans le christianisme, dans le but de former des noyaux de chrétiens, en les aidant à découvrir et réaliser leur vocation personnelle comme ferment d’Évangile dans leurs milieux respectifs».
Et celle que voulait Eduardo Bonnín :
«Les Cursillos sont un Mouvement qui, selon une méthode propre, fait en sorte que, à partir de l’Église, les réalités de l’être chrétien deviennent vie dans la singularité, dans l’originalité et dans la créativité de chaque personne de telle sorte qu’en découvrant ses potentialités et en acceptant ses limites, elle puisse maîtriser sa liberté à partir de sa conviction, renforcir sa volonté par sa décision, et susciter l’amitié en vertu de sa constance dans son vécu normal individuel et communautaire».
Pour cette causerie, je demande l’assistance de Notre-Dame de Lluc (prononcez : youke), qui est la patronne nationale de Majorque et qui est cette statue que les pèlerins de Majorque ont apporté sur leurs épaules jusqu’à Compostelle en 1948. Tous les fondateurs du Mouvement y étaient, spécialement les deux meneurs: Don Sebastián Gayá et Eduardo Bonnín. Or, vous savez que les deux nous ont quitté tout dernièrement: Sebastián, le 23 décembre 2007, et Eduardo, le 6 février dernier…
Personnellement, je considère comme une grande grâce de ma vie d’avoir rencontré Sebastián et Eduardo. (J’ai publié déjà un court article sur Sebastián, dans le PEM # 21, p. 8; et vous avez également un entrefilet sur Eduardo, dans le dernier numéro, celui de mai). Je les ai d’abord connu lors de Rencontres mondiales, à Caracas et à Séville, puis je suis allé par deux fois à Majorque pour aller aux sources du Mouvement. Quand on était avec eux, on touchait du doigt, pour ainsi dire, le charisme du Cursillo; ils n’ont fait que cela durant toute leur vie, du Cursillo…
Durant mes années au Secrétariat national, j’aurais bien voulu les faire venir l’un ou l’autre pour raviver notre flamme, la flamme que nous avons sur notre logo…un peu vacillante parfois! Mais de nombreux inconvénients ont toujours empêché la concrétisation de ce rêve, surtout l’obstacle de la langue, car ni l’un ni l’autre ne parlait français. Et si l’espagnol du P. Gayá était plus facile à traduire, celui d’Eduardo était pratiquement impossible, sa langue maternelle étant le majorquin (et c’est pour cela que les premiers Cursillos ont été donnés dans cette langue et non en espagnol !)…
Tout ceci pour dire que nous avons été privé dans le MCFC de contacts avec la source première qui nous aurait reliés au charisme du Mouvement. J’ai bien essayé, par une participation constante aux réunions internationales du Mouvement de puiser à cette source, mais en fait, j’ai dû constater que nos moyens étaient considérablement réduits par rapport à la grande quantité de documents qui sont parus en espagnol ou même en anglais, et auxquels on n’a pas eu accès.
Il n’est donc pas surprenant (et j’espère ne scandaliser personne en disant ce qui suit) que le MCFC a fait figure de mouton noir dans la mosaïque mondiale du Cursillo, à cause de nos différences. Pour donner un seul exemple, nous sommes les seuls au monde à fonctionner en communautés. Dans tous les congrès, il m’était toujours difficile de faire comprendre aux gens cette structure. Partout, ce sont les Réunions de Groupe qui sont la base du Mouvement. Eduardo Bonnín, à Majorque, a conservé sa réunion de groupe durant 60 ans, et n’a cessé de la faire… que lorsqu’il est resté le seul survivant!
Vous allez dire que nous avons quand même en commun les IFMC… C’est pas sûr, car justement, notre traduction des IFMC a été rejetée par un groupe de l’Ontario qui ne l’a pas acceptée, parce qu’ils la jugeaient trop éloignée de la traduction anglaise. Qu’est-ce qui est arrivé avec notre traduction? Quand j’ai fait la traduction de la première édition, on a eu des problèmes pour la faire accepter. (Je me souviens dans une réunion à Québec, l’un des responsables de communautés avait dit: «Si c’est ça le Mouvement, moi je m’en vais!») Quand j’ai remis la traduction de la deuxième édition à la présidente d’alors en 1995 (Suzanne Jacques), elle m’a dit carrément : «On ne peut pas présenter ça tel quel, c’est trop indigeste, il faut absolument faire des accommodements», et c’est alors que nous avons formé un comité de six personnes compétentes pour réviser le style et le vocabulaire de tout le volume (il y avait entre autres Yolande Samson, du diocèse de Montréal). Cela nous a pris un an de travail, mais à la fin, nous avions un volume adapté au MCFC que le simple cursilliste pouvait comprendre, mais… passablement différent de l’original.
Et ce n’est pas tout, ces difficultés de compréhension que nous avions eu ici au pays, elles ont surgi également dans d’autres pays, à tel point que les IFMC sont actuellement l’objet d’une controverse qui s’amplifie d’année en année. On comprend donc pourquoi lors de la dernière Rencontre Mondiale (où je suis allé, au Brésil en 2005), on a voté une révision des IFMC. On a relevé en effet certaines ambiguïtés dans la seconde édition (ambiguïtés que nous avions eu la chance d’éliminer, nous, dans notre traduction!) et on a trouvé deux lacunes très sérieuses: il manquait un chapitre sur l’histoire du Mouvement et un chapitre sur le charisme. Pourquoi sur l’histoire? Parce qu’il est très important de clarifier l’origine du Mouvement. Vous savez tous, j’imagine, qu’il y a deux clans dans le Mouvement qui revendiquent chacun une date différente de fondation, soit 1944, soit 1949. De sorte que chacun a célébré le 50e anniversaire du Cursillo à deux dates différentes: en 1994 à Majorque, et en 2000, à Rome…
Pourquoi est-ce si important de clarifier ce point-là? Écoutez bien ceci : parce que la compréhension même du charisme sera différente selon la date de fondation que nous allons choisir. Rien de moins! Selon la première date, 1944, le MC est un mouvement de laïcs, les Cursillos donnés de 1944 à 1949, n’avaient pratiquement pas besoin de prêtres. À partir de 1949, à San Honorato, l’Église officielle va récupérer le Mouvement et… c’est à partir de là que les discussions vont commencer et vont durer jusqu’à nos jours!
Évidemment, je ne peux pas entrer dans les détails de cette controverse: c’est impossible, cela dépasse mes compétences actuelles, d’ailleurs je n’ai plus accès aux sources d’informations comme autrefois. Je vais essayer seulement de vous donner quelques jalons, ou des pistes de recherche, pour vous aider à essayer de comprendre les deux conceptions et surtout pour que vous soyez en mesure d’analyser ou de formuler vous-mêmes des amendements dans la révision des IFMC qui est en marche, et dont vous parle le dernier numéro de PEM. (J’y reviendrai à la fin).
(Ici, j’ouvre une parenthèse pour dire que beaucoup de discussions seraient évitables si seulement nous nous mettions d'accord sur les mots que nous employons. Il n'est pas rare, en effet, qu'après avoir discuté âprement un sujet, nous nous rendions compte que nous sommes en train de dire la même chose avec d'autres mots. C’est ce qui est arrivé lors de la dernière Rencontre mondiale, au Brésil, quand on a perdu un temps fou à débattre une proposition, et lorsqu’on a demandé aux opposants quelle était la formulation qu’ils désiraient, ils nous ont présenté un amendement qui voulait dire exactement la même chose que ce qu’ils avaient rejeté! Je ferme la parenthèse).
Essayons donc de comprendre ce qu’est un charisme dans l’Église.
Charisme est un mot qui vient du grec (kharisma), mot qui dérive lui-même du mot grâce (kharis). Les charismes sont le résultat de la Grâce. La Grâce est donc la source des charismes. Les charismes sont des dons de Dieu, distribués par l'Esprit saint à une ou à plusieurs personnes, non pour leur propre profit personnel, mais pour l'utilité commune et l'édification du corps du Christ (voir I Cor 12,7 et I Pi 4,10). En d'autres mots: des dons de Dieu reçus pour le bien des autres.
Il y a des charismes pour tous et pour tout. Il y a un danger de ne considérer comme charisme qu'une manifestation extraordinaire (don de guérison, parler en langues, prophétie, etc.) Ce n'est pas là la vraie notion de charisme. S. Paul mentionne des charismes bien peu spectaculaires comme, par exemple, celui d'exhorter et de consoler (Rm 12,8), de servir (Rm 12,7), d'enseigner (Rm 12,7 et I Cor 12,28). En S. Paul, les charismes ce sont ces dons de la nature et de la grâce que l'Esprit distribue et utilise pour l'utilité et l'édification de la communauté. En ce sens, tous les fidèles ont des charismes. Il y en a qui ont un charisme pour visiter les malades, d’autres pour s’occuper des enfants, d’autres pour animer une Ultreya, etc. Et tous sont appelés à les exercer pour le bien commun. Dans leur riche diversité, ils reflètent la pure et unique lumière de l'Esprit. Ils sont une richesse pour l'Église, tant et aussi longtemps qu'ils proviennent vraiment de l'Esprit saint et qu'ils sont exercés de façon pleinement conforme aux impulsions authentiques de ce même Esprit, c'est-à-dire, dans la charité. Car, la charité est la véritable mesure de l'importance des charismes (I Cor 13).
Pour résumer, disons que tout charisme comprend trois éléments:
a) Un don de Dieu... que nous recevons donc gratuitement (I Cor 1,4) et dont nous ne sommes pas propriétaires, nous l’administrons seulement (Mt 25, 14ss).
b) Qui nous habilite... à assumer diverses tâches (cf. LG 12 et AA 3).
c) Pour le bien du prochain… aucun charisme n’est donné pour soi mais pour la construction de l’Église (I Cor 14,12).
Voilà pourquoi le discernement est si nécessaire (cf. LG 12 et 30; CL 24).
L'expression *charisme de fondation+ désigne communément le charisme donné au fondateur d'une famille religieuse, reconnu par l'autorité ecclésiastique, y qui perdure d'une certaine manière dans ses membres (vg. charisme des dominicains, des Fraternités Monastiques de Jérusalem, etc.). Les disciples du fondateur vont tenter de vivre et de perpétuer le charisme reçu du fondateur. Et logiquement, quand se présentent des situations nouvelles (culturelles, sociales, historiques, économiques, géographiques, etc.) ils essaient d'adapter l'expression du charisme de fondation aux circonstances, sans rien perdre de son identité. Pour cela, on fait appel au charisme qui est recueilli dans la vie et les écrits du fondateur, dans les premières règles – sanctionnées par l'autorité ecclésiastique – et dans les traditions légitimes.
Dans la personne de tout fondateur, on trouve généralement certaines caractéristiques, facilement identifiables chez Eduardo Bonnín. Je les énumère tout simplement :
Une vie de sainteté et un véritable charisme mis au service de l'Église.
L'humble acceptation de l'incompréhension initiale face à la nouveauté du charisme. Et Dieu sait ce qu’Eduardo a eu à souffrir durant les années où l’autorité diocésaine de Majorque a mis le Cursillo hors-la-loi… (Cf. Survol Historique, # 45 et suivants)
La conscience que ce n'est pas son oeuvre mais celle de Dieu.
La fuite volontaire de toute recherche de gloire personnelle. Sur ce point, nous avons la certitude qu’Eduardo a toujours refusé qu’on lui donne le titre de fondateur.
Un désir de faire reconnaître son charisme par les pasteurs légitimes de l'Église. C’est Eduardo lui-même qui est allé demander la bénédiction de Mgr Hervás.
Enfin, avoir des disciples qui le reconnaissent comme fondateur et possesseur du charisme (là, Eduardo n’en manque pas : ses disciples se comptent par milliers!).
Ici, je vous avoue sincèrement que c’est la question la plus embêtante qui ne m’a jamais été posée. Quand Daniel m’a envoyé un courriel pour me demander de vous donner ma propre définition du charisme, j’ai d’abord pensé que ce serait très facile, mais plus j’étudiais la question, moins j’étais sûr, à cause du débat actuel dans le Mouvement qui est loin d’être clarifié… Ce serait donc présomptueux de ma part de me prononcer!
Il y a actuellement deux définitions parallèles – pour ne pas dire contradictoires – et c’est pour cela qu’il y a un débat mondial sur la réforme des IFMC, j’ai donc pensé qu’il était mieux de ne pas prendre partie ni pour un clan ni pour l’autre, et de vous donner, de façon impartiale, les deux schémas, d’abord la version du P. Sebastián Gayá, puis celle d’Eduardo Bonnín (qui sont tous les deux fondateurs, ne l’oubliez pas!).
L'abbé Sebastián Gayá définit le charisme initial comme étant celui qui est la cause des origines, celui qui exige la présence et l'action de l'Esprit, s'il veut être réellement «un instrument suscité par Dieu», selon le mot de Jean-Paul II, lors de la seconde Ultreya nationale de l'Italie, en avril 1985 (cf. Gayá, "54 temas sobre el MCC", Caracas, 1991). Le charisme est né «discrètement, insensiblement, profitant des circonstances ou des événements, de quelques idées-force, de la chaleur des amitiés, qui nous poussent à faire quelque chose et deviennent peu à peu un engagement, une conviction partagée qui s'exprime dans des options de plus en plus claires et définies, sujettes au discernement. Nous ressentions vivement, comme en écho, les mots de Jésus: Duc in altum : Allez au large (Lc 5,4) et Majora videbis : Vous verrez de plus grandes choses (Jn 1,50); Le vent souffle où il veut (Jn 3,8)». «À cause de cela – et pour rien d'autre – le charisme initial, ou la grâce des origines appuyée par l'effort des hommes, indépendamment des mains et des voix qui le transmettent, est quelque chose d'intangible dans sa substance, qui doit être accueilli avec humilité sincère et fidélité respectueuse, dans la joie de l'Esprit saint» (ibid.)
1) La proclamation de l'essentiel du message chrétien, en d'autres mots, le kérygme contenu dans une seule phrase de Jn 3,16 : «Dieu a tant aimé le monde….».
2) L'aspect christocentrique de cette proclamation, c’est-à-dire autour de la Personne du Christ (et non du St-Esprit ou de la Vierge Marie, par exemple).
3) Le transmetteur du message ne le fait pas en tant que maître, mais en tant que témoin, à partir de son expérience de foi. (IFMC # 163, le mot de Paul VI).
4) Il s'engage à conformer sa proclamation à la doctrine du magistère (IFMC, # 579, 610).
5) Il a l'intention ferme d'aider à provoquer, chez l'auditeur, le changement du coeur, la conversion. Destiné aux distants, le MC est nécessairement Mouvement de conversion et non pas de pastorale d’entretien.
6) Le style-témoignage doit apparaître dans toutes les phases ou étapes du Mouvement. «L'homme contemporain croie davantage dans l'expérience que dans la doctrine; dans la vie et les faits que dans les théories» (Redemptoris Missio, 42).
7) Le climat joyeux, enthousiaste, plein d'espérance, non seulement dans l'exposition du message mais dans toutes les activités du Mouvement.
8) Approfondir le mystère de la communion ecclésiale, suscitée, appuyée et nourrie par l'amitié en petits groupes.
9) La fermentation évangélique des milieux dans lesquels Dieu nous a placés, de telle sorte qu'en découvrant et en développant sa vocation personnelle, le cursilliste s'engage à la réaliser dans les réalités temporelles (Christi fideles Laici, 29).
10) L'intime et chaleureuse collaboration du couple sacerdoce-laïcat, sans les diluer ni les hypertrophier mais en reconnaissant la richesse de l'interrelation des divers ministères. Et Sebastián cite Mgr Capmany : «Le MC n'est pas un Mouvement de laïcs mais un Mouvement d'Église: prêtres et laïcs nous travaillons coude à coude. En tant que prêtres, nous ne venons pas seulement comme animateurs spirituels ou comme des personnes venant de l'extérieur pour donner un coup de main aux laïcs. Nous sommes, nous les prêtres, membres du Mouvement et co-agents avec les laïcs» (Mgr José Capmany: Charisme et tradition dans le MC).
Je vous ai parlé au début qu’il y avait eu deux célébrations du cinquantenaire du Mouvement à deux dates différentes. La première eut lieu en août 1994, à Majorque: on organisa un Congrès mondial durant lequel on a étudié exclusivement le charisme du Cursillo. La deuxième, en l’an 2000, aura lieu à l’Ultreya mondiale de Rome, selon une date suggérée par le MCFC… Curieusement, durant le Congrès de Majorque, on a trouvé également 10 points essentiels pour le charisme… qui diffèrent cependant des 10 fondements que nous venons de voir avec Sebastián Gayá.
À Majorque, on a baptisé ces 10 points essentiels, les «couleurs du charisme» et on a fait un volume (J’ai commencé à le traduire, mais je n’ai fait que le premier chapitreL). Pour votre information, j’ajoute que les deux thèses sont pratiquement à égalité dans le Mouvement: sur les quatre Groupes Internationaux que compte l’OMCC, deux Groupes sont pour Eduardo (GANC + GAP) et deux Groupes suivent Sebastián Gayá (GET, sauf peut-être l’Italie, + GLCC)…
Je vous énumère rapidement les couleurs du charisme selon Eduardo:
1. La personne: c’est à l’intérieur des personnes que Dieu a placé le plus merveilleux de sa création. 2. La liberté: c’est seulement dans la liberté que l’homme reflète sa qualité de personne. 3. L’amour: aimer, c’est voir les personnes dans le regard de Dieu. 4. L’amitié: le chemin pour expliciter l’amour, c’est l’amitié. 5. La conviction: la capacité de conviction rend manifeste la dimension de la personne. 7. Le discernement: être libre c’est passer de la norme au discernement. 8. La vie: le souffle de la vie c’est de se réjouir d’être soumis à la surprise. 9. Le normal: on a coutume de servir l’être chrétien sur le plateau de l’être héroïque; non, le chrétien doit être un être normal. 10. La joie: l’homme a été créé par Dieu pour vivre la joie qui découle de la vérité qui le rend libre. |
Il y aurait toute une étude à entreprendre maintenant pour comparer les deux tableaux, en dressant la liste des points communs et voir surtout les différences. C’est un travail énorme, à faire en équipe. Personnellement, je ne me sens pas encore capable de me prononcer pour l’un ou pour l’autre. Aussi, lorsque des gens me questionnent pour savoir ce qu’est le Mouvement, je leur répond toujours par la citation de Jean-Paul II qui est en première page sur notre site Internet : «Cursillo, c’est un instrument suscité par Dieu pour annoncer l’Évangile à notre temps». Je crois que c’est la réponse la plus concise et la plus juste qu’on peut leur donner, face aux deux camps…
Allons un peu plus loin. S’il y a pas mal de différences entre les deux conceptions du charisme, c’est la même chose pour la définition du Mouvement. Vous connaissez sans doute par cœur la définition donnée par les IFMC, au # 74 (chapitre rédigé par le P. Hermógenes Castaño, du Venezuela, disciple du P. Cesáreo Gil, lui-même admirateur de Sebastián Gayá, donc un arbre généalogique clérical) :
«Un Mouvement d’Église qui, au moyen d’une méthode spécifique, rend possible l’expérience personnelle et communautaire de ce qui est fondamental dans le christianisme, dans le but de former des noyaux de chrétiens, en les aidant à découvrir et réaliser leur vocation personnelle comme ferment d’Évangile dans leurs milieux respectifs».
Or, Eduardo dans son dernier volume publié en 2003 et intitulé justement «Histoire d’un charisme», dit que cette définition est totalement fautive…
[J’ouvre ici une parenthèse pour vous donner une idée de ce livre explosif. Le 2 octobre 2003 avait lieu, à Palma, son lancement avec un discours de Don Ramos, l’animateur spirituel de Majorque. L’idéal aurait été de vous lire son discours au complet mais le temps ne le permet pas ! Je vous en donne l’essentiel. Don Ramos fait d’abord remarquer que ce volume est le couronnement d’une trilogie écrite par Eduardo; le premier volume en 1998 : «Signes d’espérance», puis le deuxième en 2002 : «Apprenti chrétien», et maintenant le dernier, en 2003. «Ces 3 volumes, dit-il, forment une trilogie fascinante et spectaculaire qui illumine d’une lumière fulgurante la pensée authentique du fondateur laïc d’un Mouvement laïc». Vous voyez déjà les couleurs de Don Ramos. Il se réfère ensuite au fameux document d’Eduardo : «Le Cursillo, une force inexploitée» qui sera identifié par la suite comme étant «Le Manifeste de Majorque». Comme le Québec a eu son «Refus Global», le Cursillo aussi a eu son Manifeste. (Un texte que j’ai publié dans le Bulletin De Colores, # 7, p. 4 à 11). Ceci dit, Don Ramos compara Eduardo à S. Paul pour la défense du Cursillo, et il énumère les objectifs du livre : 1) corriger la fausse conception d’un Cursillo clérical; 2) proclamer la vérité en face de ceux qui ont séquestré le Mouvement; 3) ré-affirmer que le MC est prioritairement pour les marginaux; 4) démontrer que le MC va beaucoup plus loin que les IFMC. La majeure partie du volume reproduit la correspondance entre Eduardo et le P. Cesareo Gil, du Venezuela, et le présentateur n’hésite pas à affirmer haut et fort que ce dernier n’a rien compris au charisme du Mouvement! (Pourtant c’est le P. Gil qui a implanté le MC dans la majorité des pays du Sud durant 40 ans, qui a écrit une centaine de volumes et animé un millier de Cursillos, et dont la Cause de béatification est à Rome…. Si l’on juge de l’arbre à ses fruits!) Plus loin, Don Ramos nous apprend qu’Eduardo Bonnín avait eu raison de répliquer au Carinal Danneels de Belgique, lorsque celui-ci avait affirmé que «l’Église n’avait pas les instruments voulus pour ré-évangéliser la société». Eduardo avait répondu au Cardinal qu’il se trompait car cet instrument existait depuis 40 ans à cette époque: le Cursillo! Tout ceci pour vous dire que ce volume est très polémique; même que les deux derniers chapitres rapportent une controverse entre Majorque et le Canada : j’y reviendrai. Je ferme la parenthèse et revenons à la définition du Mouvement.] |
Selon la conception d’Eduardo, le charisme du Cursillo est orienté vers les distants alors qu’une définition comme celle des IFMC ne peut pas intéresser les distants. Pour être fidèle, d’après Eduardo, au charisme de fondation, «dont la finalité primordiale tant de fois répétée, c’est le rapprochement des marginaux, il faut admettre que notre rôle ne peut pas consister à recruter des gens pour les engager à réaliser des tâches chrétiennes, car ainsi nous aurons toujours le même monde dans nos rangs» (p. 23 bis2). En d’autres mots, il faut convertir des distants qui à leur tour, iront convertir d’autres distants dans leurs milieux.
Aussi, la définition du MC, d’après Eduardo, doit être la suivante:
«Les Cursillos sont un Mouvement qui, selon une méthode propre, fait en sorte que, à partir de l’Église, les réalités de l’être chrétien deviennent vie dans la singularité, dans l’originalité et dans la créativité de chaque personne de telle sorte qu’en découvrant ses potentialités et en acceptant ses limites, elle puisse maîtriser sa liberté à partir de sa conviction, renforcir sa volonté par sa décision, et susciter l’amitié en vertu de sa constance dans son vécu normal, individuel, et communautaire».
Vous aurez reconnu sans doute plusieurs «couleurs du charisme». Et Eduardo insiste en démontrant toutes une série d’erreurs commises dans la supposée mise à jour du MC… En voici quelques exemples.
a) Célébrer une Eucharistie à l’Ultreya, c’est provoquer de la confusion et altérer, même sans le savoir, le rôle des prêtres à l’Ultreya: car, à l’Ultreya, écrit Eduardo, le prêtre assiste comme chrétien parmi les autres, ce qu’il reste toujours d’ailleurs; tandis qu’à l’Eucharistie, il assume sa fonction de Christ parmi nous (p. 23).
b) En modifiant les titres des rollos, on a modifié inconsciemment le charisme lui-même, en ne respectant pas l’idée originelle du Mouvement qui est totalement dirigée au rapprochement des distants et non au meilleur service des bons (p. 23 bis1). Malheureusement, dans la dernière réforme des schémas de rollos, on a voulu en faire des catéchèses, ce qui est contraire au charisme du Mouvement. Je lisais justement, le mois dernier, dans la revue SI (du MC de Porto Rico, #314, p. 2 de l’encart) : «Vouloir catéchiser un Cursillo, en essayant d’enseigner la théologie des vérités de la foi, peut produire un magnifique ressourcement mais cela fait un très mauvais Cursillo! Le Cursillo doit limiter son message à la doctrine de la Grâce, au moyen de témoignages qui aideront à faire l’expérience de la rencontre du Christ dans notre vie». Autrement dit, le Cursillo doit se limiter à faire découvrir au candidat l’amour que Dieu lui porte; la catéchèse viendra après, durant le postcursillo, pas durant les trois jours!
Eduardo va revenir constamment dans son livre sur cette idée que le Cursillo n’est pas destiné aux bons catholiques, mais à ceux qui sont éloignés de la religion. Car d’après lui, en ajoutant tellement de choses accessoires pour satisfaire les «bons», on n’a plus le temps pour l’essentiel du Cursillo. Il donne une comparaison, et je cite: «Un pêcheur n’installe pas à son hameçon des appâts qu’il aime, mais des choses que le poisson aime. Si on pratique la pêche dans un vivier, on accepte de retirer des poissons qui ont déjà été pêchés… et c’est pour cela qu’alors on s’est mis à créer des Cursillos à l’image et ressemblance du «bon monde» avec de belles célébrations pénitentielles, afin de pouvoir recruter des gens qui avec leur zèle obéissant et leur engagement temporel, comme on dit, pourront appuyer les curés qui en ont besoin pour le fonctionnement de leurs bonnes œuvres». Évidemment, continue Eduardo, si on destine le Cursillo à cette fin, il devient évident que l’on doit fournir dès le premier jour une dose massive d’exercices pieux et de rollos religieux, comme l’Église, la foi, Jésus Christ, etc. Vous ne croyez pas que cela ressemble fortement à la prétention de l’Église primitive de vouloir circoncire les païens convertis?» (p. 48). Vous voyez qu’il n’y va pas de main morte. Un peu plus loin, il condamnera ce qu’il appelle des Cursillos «décaféinés» (p. 73).
Et à la fin du volume, comme je l’ai mentionné plus haut, il y a tout un chapitre consacré exclusivement au Canada. Il s’agit d’une lettre envoyée par un membre de la CCCC (dont on a enlevée la signature), et insérée dans un chapitre intitulé: «Lettre qui révèle que malgré leur bonne volonté, ils n’ont rien compris au message» (p. 203). Et on répond à la lettre par un autre texte intitulé: «Explication avec une exacte précision des objectifs du Cursillo». Ce chapitre n’est pas signé lui non plus mais il n’est sûrement pas de la main d’Eduardo, car dans le texte on emploie l’expression «Eduardo dit que….».
Voici un exemple, à la p. 215, en parlant des nombreuses adaptations qui ont été faites au Cursillo du Canada. «Eduardo dit que plus on adapte le Cursillo, plus on s’en éloigne et il devient comme un arbre de Noël tellement décoré qu’on ne voit plus l’arbre». Et plus loin, p. 221, on mentionne comme inconcevable le fait d’accepter des anciens cursillistes pour refaire leur Cursillo parmi les nouveaux candidats, «comme si le coffre aux trésors devenait plus important que le trésor lui-même». On trouve aberrante également la coutume de recruter des candidats par des annonces publicitaires, dans les journaux ou sur Internet, puisque tout recrutement dans le Mouvement doit se faire par parrainage, exclusivement… Enfin, rappelons-nous le mot d’Eduardo prononcé devant notre groupe de pèlerins du MCFC à Majorque, en l’an 2000, lorsque je lui ai demandé ce qu’il pensait des Cursillos mixtes. Il avait répondu abruptement: «C’est une prostitution de notre charisme»… (À noter cependant que lorsque Eduardo condamne les cursillos mixtes, il ne pense, d’après moi, qu’à la formule de la mixité des couples aux tables, et non pas aux Cursillos simultanés).
Je m’arrête sur ces quelques citations. Je pense que vous en avez suffisamment pour avoir une idée de la distance qu’il y a entre les deux conceptions qui sont face à face actuellement au moment de la révision des IFMC et des Statuts de l’OMCC. Et tout ceci devrait vous convaincre de la nécessité de vous mettre à l’étude de notre Mouvement. Nous avons mis beaucoup d’efforts louables pour faire rouler le Mouvement, mais en avons-nous mis autant pour connaître le Mouvement lui-même?
Je pense qu’il est temps de conclure en vous offrant, après mes 36 années dans le MC, quelques-unes de mes désillusions, mais surtout mes espérances.
Une première surprise m’est venue quand j’ai fait le graphique (voir en annexe) de la baisse du nombre des communautés dans le MCFC. Nous sommes presque «au pied de la Pente Douce»! En 1989 (qui est la première année où nous avons mentionné le nombre des communautés dans le petit Calendrier), nous pouvions enregistrer 570 communautés, alors qu’en 2008, dans le même petit Calendrier, il n’y en a plus que 286: c’est une perte de 50%... Le nombre des diocèses est demeuré sensiblement le même (21), car si deux ont fermé leur secrétariat (Amos et Rouyn), un autre s’est ouvert, grâce à Dieu (Gaspé)! Et pourtant, malgré la baisse énorme de membership, on a été en augmentant constamment, ce qui est contre toute logique, le nombre des membres du CA national!
Désillusion aussi de voir des modifications incontrôlées dans le Cursillo et les schémas des rollos qui dénote soit une complète ignorance du pourquoi des choses, soit, pire encore, du mépris pour ce que doit être le Mouvement. À mon humble avis, cela est dû en grande partie au manque de formation des dirigeants. On accède beaucoup trop vite à des postes de direction. Savez-vous qu’au Venezuela, par exemple, pour devenir recteur, il faut d’abord avoir donné 7 ou 8 rollos différents… Ça, c’est toute une école de formation! À ma connaissance (mais j’espère me tromper), il n’y a que deux ou trois diocèses dans le MCFC qui ont réussi à monter une véritable école de formation. Car l’École de Rollos n’est pas une École de Formation. Au contraire, les rollistes, ailleurs dans le monde, doivent avoir participer d’abord à l’École de Formation pour être choisi comme rollistes.
Ce manque de formation est évident dans le choix de certaines personnes: je me souviens d’un représentant de Section élu au National sans même avoir été animateur de communauté! Cela ne fait pas sérieux… Savez-vous comment est formé le CA à Genève, en Suisse? Il est formé uniquement de tous les anciens recteurs. Il n’est jamais en trop grand nombre, car il n’y a que deux Cursillos par année, et Genève étant une ville internationale, il y a beaucoup de va-et-vient et de déménagement de personnel…
Je résume donc mes désillusions par un seul mot: le manque de formation chez nous… Je rêve du jour où tous les diocèses auront leur «curso» obligatoire !
Comme vous voyez, je poursuis sur une note plus optimiste, en parlant de mes espérances.
La première, c’est cette refonte annoncée des IFMC. Vous pourrez lire dans le dernier PEM, l’article de Alvaro Martinez, qui exprime parfaitement l’enjeu crucial de cette révision et qui demande à tous les cursillistes du monde leur collaboration, afin que nous en arrivions à un consensus sur l’essentiel de notre charisme. Mon espérance, c’est de voir les 21 secrétariats du MCFC inviter tous leurs membres à suivre le conseil d’Alvaro quand il dit: «Dépoussiérez vos exemplaires des IFMC, relisez-les en les discutant en petites réunions, et en préparant ainsi des commentaires opportuns sur les amendements à apporter». Si les 500 secrétariats du monde faisaient ce travail, nous pourrions enfin avoir une édition vraiment universelle des IFMC. Si les éditions antérieures n’ont pas eu le succès escompté, c’est peut-être parce qu’elles avaient été imposées d’en haut, sans venir suffisamment de la base. Et ceci est d’autant plus important maintenant que les fondateurs sont disparus.
[En passant, je vous recommande un excellent article de Georges Madore, paru dans la revue De Colores, au mois d’octobre 1986 : «Les Cursillos dans le monde qui vient», qui était le thème de l’Ultreya 85. Il y a un paragraphe intitulé: «Du bon usage des IFMC» qui nous explique une façon intelligente, toujours valable, de lire ce livre, même s’il est contesté. Il parle aussi du charisme du Mouvement. C’est un classique, à mon avis, que l’on devrait dépoussiérer et le re-publier dans la revue!]
Une autre grande espérance pour l’avenir du MCFC, c’est de voir le succès du Comité pour l’expansion internationale. Un Mouvement qui a le sens missionnaire ne peut pas s’éteindre! Personnellement, mes plus beaux souvenirs dans le Mouvement, ce sont mes clausuras en Belgique et en prison… Quand je vois le travail immense qui a été fait par Germain Grenon et son équipe en Afrique, et même au début de ce mois, par Yolande Samson qui est allé sans hésiter diriger un Cursillo à Paris parce qu’il n’y avait pas de recteur… je me dis que le Secrétariat qui est capable de produire de telles générosités n’est pas prêt de disparaître!
Une autre espérance pour le MCFC, c’est l’ampleur qu’a prise notre site Internet. Je n’ai pas les dernières statistiques, mais déjà, il y a un an, elles étaient renversantes: sur les 1500 sites Cursillo dans le monde, c’était le plus volumineux et le plus populaire, à cause de sa traduction en trois langues! Bravo à l’équipe… que je peux me permettre de louanger d’autant plus que je participe beaucoup moins à leurs réunions, depuis mon départ pour Québec… Je suis témoin de la somme colossale de travail que cette équipe est en train de réaliser pour renouveler le site de fond en comble, pour le rendre plus attrayant et convivial. Je leur dis bravo et il ne faudrait pas que vous, les responsables diocésains, vous vous désintéressiez de la publicité à faire à notre site. C’est vraiment dommage qu’une source intarissable de richesses comme celle-là (un minimum de 20,000 pages!) soit actuellement sous-exploitée par les cursillistes du Québec (ce qui dénote encore un manque de formation). Nous le savons par les statistiques, et j’en ai honte: la grande majorité des internautes qui fréquentent notre site vient d’Europe et d’Afrique. Il faut que ça change et c’est votre responsabilité à vous tous, les membres du CG, de faire la promotion de ce puissant moyen de formation. La survie du site est entre vos mains!
Je ne peux pas terminer la liste de mes espérances, sans mentionner aussi la revue «Pèlerins en marche». Je puis le dire sans fausse modestie, car le résultat obtenu est le fruit de toute une équipe, nous avons atteint un niveau plus qu’acceptable dans le contenant et le contenu. À vous maintenant, les responsables diocésains, d’en faire la promotion à temps et à contretemps. Pour survivre, toute revue se doit d’augmenter le nombre de ses abonnés, au même rythme qu’augmentent les frais de toutes sortes pour sa publication. Alors c’est à vous tous, ici, qu’incombe la tâche de promouvoir la revue dans votre diocèse! Et si vous n’avez pas le temps de vous en occuper personnellement, trouvez quelqu’un pour le faire; mais quelqu’un de dynamique, et surtout convaincu de l’importance de la revue. J’en profite pour féliciter Québec avec ses 327 abonnés! Un record pour un diocèse, grâce au travail de Claudette Vallières. Le défi c’est de trouver une Claudette dans chaque diocèse!…
Quand Daniel m’a demandé ce rollo, il me posait une dernière question à laquelle je voudrais répondre brièvement : «Pourquoi crois-tu encore au Mouvement ?»
C’est simple et je pense que vous pouvez le deviner à travers ce qui précède:
d’abord et avant tout, parce que j’ai reçu la piqûre des fondateurs eux-mêmes, parce que je les ai entendu de mes oreilles et que je me suis abreuvé à leurs écrits, ainsi qu’aux éloges extraordinaires des Papes concernant notre Mouvement… Quand on lit cela, il y a lieu d’être fier d’être cursilliste; et, vous le savez, pour aimer le Mouvement, il faut d’abord en être fier;
deuxièmement, parce que le Mouvement a une formule gagnante: la Réunion de Groupe, que malheureusement nous avons sous-exploitée. J’ai appris dernièrement que les Marianhill ont commencé une formule qui s’apparente comme deux gouttes d’eau à notre RdG et qu’ils ont baptisée: «cellule d’évangélisation», parce qu’ils ont découvert que c’était la formule de l’avenir dans l’état actuel de l’Église… Et dire qu’Eduardo Bonnín a découvert cette formule il y a 60 ans!
enfin, parce que j’ai vu des miracles accomplis durant les Trois Jours. Si un Cursillo ne produit pas de miracles, c’est qu’il n’est pas un authentique Cursillo. J’ai raconté deux de ces miracles dans la revue «De Colores» pour ceux que ça intéressent: l’un à la Clausura de fondation en Belgique, et l’autre lors d’un Cursillo en prison, à St-Vincent de Paul, près de Montréal; mais le plus spectaculaire, c’est sans doute celui du premier Cursillo de Majorque, en 1949 qui est la conversion d’un condamné à mort, que j’ai racontée dans mon «Survol historique», au # 30. Or il y a quelques jours, j’ai découvert dans un bulletin du MC au Chili (# 23, Mayo 08), qu’Éduardo Bonnín a demandé à être inhumé à l’entrée de la chapelle de la prison où le jeune condamné à mort s’était converti grâce à la palanca des premiers cursillistes!
Je termine donc par la même phrase que celle que j’ai employée dans le «Survol historique» après avoir raconté la passion des quatre martyrs cursillistes du Salvador et du Nicaragua: «Un Mouvement qui parvient à de tels sommets est sûrement béni de Dieu… Soyons fiers d’y appartenir, et soyons dignes surtout des exemples que nous ont donnés tout à la fois nos martyrs et les fondateurs qui ont su persévérer contre vents et marées pour nous transmettre intacte la flamme de notre Mouvement. On n’a pas le droit de la laisser s’éteindre!» (Survol historique, # 89).
«Deux par deux, annonçons Jésus Christ!», c’est justement le thème de votre Conseil Général… De Colores!
P. Loyola Gagné, s.s.s., St-Jérôme, 24 mai 2008.