«Pour mieux comprendre le charisme du Cursillo, je crois qu’il est nécessaire de revenir sur les circonstances humaines de sa naissance. (…) Le noyau germinal, sa genèse en quelque sorte, c’est l’inquiétude causée par l’immense désarroi engendré par les deux guerres successives, celle d’Espagne d’abord, et la guerre mondiale ensuite. Les gens étaient complètement découragés et se réfugiaient dans la prière. Mais quelqu’un (NDT. Eduardo n’ose pas dire son nom!) s’interrogeait pour savoir s’il n’y aurait pas moyen de faire autre chose que de prier… Et à force de discussions, de réunions et de prières, on se mit à travailler sur une étude détaillée de la situation. Pourquoi? parce que ce jeune – et d’autres après lui – avaient été frappés par un discours de Pie XII adressé aux curés de Rome pour le Carême 1940».
(NTD. Remarquez la date: 1940, et le Cursillo # 1 aura lieu en 1949… S’il faut 9 mois pour une gestation humaine, il aura fallu 9 ans pour la gestation du Cursillo! On ne peut pas dire qu’il a été fondé sur un coup de tête).
«Dans ce discours», continue Eduardo, «Pie XII disait ceci: Il faut se former une vision précise et détaillée – pratiquement topographique, rue par rue –, d’une part, de la population des fidèles et notamment de ceux qui pourraient devenir des éléments utiles pour promouvoir l’Action Catholique; et d’autre part, des groupes qui se sont éloignés de la pratique religieuse, car ces brebis-là aussi appartiennent à la paroisse: vous en êtes les gardiens responsables. Ce discours du Pape nous poussa à étudier le milieu de façon plus profonde, sérieuse et systématique et à le verbaliser dans un rollo que nous appelions déjà «étude du milieu». L’embryon du Cursillo était né! Ensuite, nous nous demandions: une fois le milieu connu, comment le rendre chrétien? D’étude en étude, nous en sommes arrivés à un deuxième rollo que nous avons baptisés: «Le milieu des gens de la maison». Mais avec une audace irrespectueuse, propre à notre jeunesse, nous en avons conclu que le levain sur lequel nous aurions dû compter (les structures ecclésiales)… n’était tout simplement pas adéquat!
«Sur les entrefaites, en 1941, le Conseil supérieur de la JAC, encouragé par son président national, Manuel Aparici – dont la cause de béatification a été introduite à Rome – caressait le projet de réunir 100,000 jeunes garçons, en état de grâce, à St-Jacques de Compostelle. C’était pour répondre au désir du Pape Pie XI qui avait écrit dans son Encyclique de 1937 sur le Régime Allemand que «le monde avait un urgent besoin d’une chrétienté qui, par ses vertus solides, serait l’exemple et le guide de l’univers». Rien de moins! Une délégation de jeunes enthousiastes se rendit à Rome pour promettre au Pape qu’ils s’efforceraient, au sein de la JAC d’Espagne, de devenir cette chrétienté que le Pape désirait. (Autre parenthèse: vous voyez d’où viendra le nom futur, en espagnol, Cursillos de cristiandad).
«Forts de cet engagement, profitant des vacances de Noël et de Pâques, ces jeunes se déplaçaient à travers les diocèses, pour donner des cours d’une semaine à deux niveaux: au niveau diocésain, et au niveau paroissial, pour les chefs de groupe. Ces cours voulaient sensibiliser les jeunes au futur pèlerinage à Compostelle qui devait se faire, ne l’oublions pas, en état de grâce. C’est à ce moment-là que deux slogans devinrent populaires: Des saints pour St-Jacques! Et aussi: Aller à un pèlerinage ce n’est rien, mais y aller dans la foi, c’est ouvrir un chemin! (…)
«C’est de l’expérience de ces cours que nous avons pris l’idée que pour être écouté, pour que notre message pénètre profondément chez nos auditeurs, il fallait le donner non à base de conférences ou d’explications, mais sous forme de témoignage vécu, dans un endroit isolé, en formant des groupes restreints pour faciliter les échanges. Nous avons gardé de l’AC quelques rollos. Nous ne voulions pas tout inventer à neuf, même si nous avions déjà en tête une finalité différente.
«Ce qui était clair pour nous, c’est que le cours de l’AC duraient trop longtemps: une semaine. Nous pensions que trois jours étaient l’idéal. Mais ce qui nous intéressait davantage, c’était d’étudier à fond le contenu de notre message pour arriver à le donner de façon intégrale et attrayante. C’est ainsi qu’en pensant, en priant, en étudiant et en priant de nouveau, a été mis au monde ce qui s’appellerait le Mouvement des Cursillos».
Eduardo terminera son discours par quelques phrases percutantes comme il en a le secret:
Pour compléter, voici un court extrait d’un autre fondateur, Mgr Hervás lui-même, qui écrivait un article dans la revue «Le Christ au monde», pour répondre aux nombreux détracteurs de notre Mouvement dans ses débuts. (Cet article historique n’avait pas encore été traduit, mais il a maintenant été publié par le Secrétariat national). Mgr Hervás concluait ainsi:
«Si les Cursillos sont d’une efficacité si impressionnante, c’est parce qu’ils sont ancrés sur la puissance de la foi et la force de la prière. Comme évêque, je rends témoignage que nous nous trouvons ici devant un don extraordinaire du Ciel! Nous prions le Seigneur, par l’intercession de Marie, de nous accorder la grâce d’employer ce prodigieux instrument conformément aux desseins divins, la grâce de savoir en préserver les fruits, la grâce de les conserver et les accroître en y mettant le soin qu’ils requièrent et avec le sens de responsabilité qu’exige notre condition de membres vivants du Corps Mystique du Christ».
Recherche : Père Loyola Gagné, s.s.s