Nous avons l’habitude d’affirmer dans le Mouvement que le cursilliste doit vivre la spiritualité normale du chrétien. Pourtant, dans notre monde d’aujourd’hui (de subjectivité et d’identité), quelle image envoie à l’Église et au monde un Mouvement comme le nôtre qui déclare ne vivre que la spiritualité même de n’importe quel chrétien? Je dirais au contraire que le MC possède sa propre spiritualité et la propose à ses membres pour qu’ils puissent vivre une expérience mystique singulière, et pour qu’ils puissent s’identifier, comme cursillistes, au sein de l’Église. J’affirme donc, avec conviction, qu’il faut à tout prix racheter ( s’il en est besoin ) cette spiritualité. En effet, tous les Mouvements actuels trouvent leurs liens de communion dans le partage de leur spiritualité propre. La spiritualité entendue comme expérience mystique propre au MC sera un signe de la communion du Mouvement et les cursillistes trouveront en elle les éléments communs pour leur identification dans l’Église, Peuple de Dieu. En fait, ce serait un appauvrissement lamentable que de nous identifier seulement par les deux mots: De Colores!
Je termine donc en brossant un tableau de cette spiritualité.
Elle est centrée sur Jésus Christ, révélation de l’amour du Père envers ses enfants (Rom 8,39b), à travers l’action du Saint Esprit (Lc 4,18).
Elle est nourrie par la Grâce « vie divine consciente, croissante et partagée (Jn 6,34-40 et 4,13-14) » qui conduit à une réelle expérience (mystique) de Dieu.
Elle engage dans un processus de conversion intégrale et progressive (Mt 5,48 et 18,3; Lc 1,17) dans le but de conduire les membres à la sainteté.
Elle s’incarne concrètement dans la fermentation évangélique des milieux (Lc 13,21; Mt 5,14; I Cor 5,6; Gal 5,9).
Nous pourrions définir le cursilliste de la façon suivante :
Le cursilliste est un chrétien qui, mu par l’Esprit saint, cherche à vivre cette spiritualité dans la totalité de sa vie:
· En pérégrinant, en pleine communion avec la communauté ecclésiale, inséré dans les réalités de ce monde à la recherche de la patrie future (Hb 13,14-16).
· En suivant Jésus Christ (Mc 10-21 et Mt 16,24), se laissant imprégner de sa Grâce et en la partageant (Jn 10,10; 15,13; 20,31), et en faisant, de ce fait, une expérience personnelle et profonde du Dieu qui donne sens à la vie.
· En vivant un processus de conversion permanente, nourri abondamment par la Parole de Dieu, la prière et les sacrements (Mt 4,4; Jn 8,51 et 6,35), qui le conduira, progressivement, à la sainteté de vie (Mt 5,48; Rom 1,7).
· En témoignant la Bonne Nouvelle dans ses milieux (Lc 24,48; Ac 1,8; 2,32), engagé avec les frères et soeurs dans l’amour, la justice, la fraternité, la solidarité et le pardon; uni en petites communautés de foi et d’amitié (Mt 18,20; Mc 6,7); de façon à développer dans ces groupes les valeurs évangéliques (cf. Evangelii Nuntiandi, 18-20), comme ferment (I Cor13,21; Gal 5,9), comme sel (Mt 5,13; Mc 9,50; Col 4,6), et comme lumière (Mt 5,14; Lc 11, 35-36; Jn 8,12), de façon inculturée (Christifideles laici, 44; Evangelii Nuntiandi, 18-20), appuyé sur le trépied : prière, formation, action.
Brésil. José Gilberto Beraldo, AS de l'OMCC, janvier 2006.