Les collectivités ou les associations, de quelque type qu'elles soient, possèdent une dynamique différente selon qu'elles se sentent ou non minoritaires. Les minorités, en effet, sont plus radicales, plus agissantes et exigeantes, plus ambitieuses même dans le bon sens du terme. Au contraire, la croissance d'un groupe amène l'érosion de l'élan interne et adoucit la relation avec l'extérieur. Il perd de l'atmosphère.
Ces lois se vérifient également dans les Mouvements. La croissance temporelle et quantitative engendre une certaine conformité et finit par mettre à jour la loi du moindre effort. En pareille circonstance, on arrive rapidement à justifier la conduite de beaucoup qui sont satisfaits de ce qu'ils ont réalisé. On vit de souvenirs, dans la nostalgie du temps passé.
Si nous voulons répondre adéquatement dans le MC à l'appel du Seigneur, nous devons réviser constamment nos attitudes, notre façon d'agir et de penser. La feuille d'engagement signée au Cursillo est un point de référence (c'est pour cela qu'elle a été conçue) qui permet d'évaluer notre situation présente avec celle des heures d'autrefois où nous étions plus généreux et enthousiastes. Le désir de rencontrer nos frères et soeurs et de partager le message, est le thermomètre de notre charité et de notre esprit.
Que doit faire le MC après 33 ans d'existence sur le sol de Puerto Rico ? Il doit faire trois pas: réanimer, regrouper, relancer.
C'est une loi de la vie. Ce qui ne se renouvelle pas, meurt. Réanimer suppose un retour à l'expérience primitive, celle qui nous a enchantés, à cette foi radicale, à cet engagement avec Dieu, avec l'Église, avec le monde. Cela suppose prière, réflexion, climat, durant des heures ou des jours... Réveiller en nous le désir de la sainteté et l'engagement difficile des témoins faibles que nous sommes, mais forts de la vérité qui sauve. A plusieurs cursillistes, le Seigneur leur demande du silence au lieu de rollos, une révision de leur propre conduite. Donc, prier, évaluer, revenir aux sources.
Tel fut le comportement de Jésus. Après sa résurrection, les uns étaient cachés au Cénacle, deux autres s'enfuyaient à Emmaüs, un autre, Thomas, avait trouvé son propre refuge...Il les a tous rassemblés: ceux d'Emmaüs revinrent bien décidés, Thomas se présenta au groupe, et tous, unanimes, attendirent la force de l'Esprit.
Regrouper, c'est rencontrer des frères. Il ne s'agit pas d'une rencontre sociale mais d'une rencontre dans la Grâce. Il existe une dynamique du regroupement que nous avons minimisée ou abandonnée: la Réunion de groupe - telle qu'elle doit être évidemment - les Ultreyas, les sessions de l'École, les Clausuras, sans négliger les contacts d'amitié parce que nous avons découvert le même Seigneur et partagé la même Grâce.
Regrouper dans le Seigneur, cela exige le respect de la personnalité de l'autre, de ses options, de ses limites, de sa conscience. Regrouper, cela exige un pacte de charité pour éviter que le formalisme ne pourrisse la forme. Il y a tellement de gens qui attendent un appel, une rencontre, une reconnaissance. S'il est vrai que le MC, dans ce diocèse, compte plus de 68,000 personnes qui ont vécu leur Cursillo (1), il n'en est pas évident que chaque cursilliste vit la limitation logique de ses compagnons. Nous n'avons pas de signes distinctifs ni d'emblème. Quand le candidat sort de son Cursillo, il se retrouve aussi seul que les tous premiers cursillistes en 1949. D'où la nécessité de regrouper, de rencontrer, d'inviter, de se connaître et reconnaître. Sans ce regroupement, les meilleurs résolutions se réduiront à de simples initiatives individuelles vouées à la désillusion. Les meilleurs Dirigeants dans le MC sont ceux qui savent regrouper dans le Seigneur.
Nous lisons dans l'évangile qu'un jour Jésus envoya ses disciples en mission. Ils sont revenus de leur tournée apostolique pleins de joie. Puis, après la résurrection, Jésus relança ses apôtres (mot qui veut dire "envoyés"). L'impératif qu'Il emploie, "Allez", marque ce lancement, et la venue de l'Esprit saint fut le commencement de cette mission.
Relancer dans l'apostolat ce n'est pas envoyé quelqu'un à faire n'importe quoi mais à faire ce qui est nécessaire, urgent et prioritaire à un certain moment. L'apôtre doit connaître les points névralgiques où il faut agir. Le vrai relancement suppose de prendre conscience des problèmes cruciaux que la foi chrétienne doit illuminer et résoudre.
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(1) Il y a une moyenne de 48 Cursillos par année dans le diocèse de San Juan.