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> Étude de la bible > Évangile de Jean vulgarisé
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Jean m'a parlé de son ami Jésus

par Roger Gauthier, o.m.i.

Le texte ci-contre
raconte un épisode de
l'Évangile selon
Saint Jean.

Il est reformulé
dans un langage populaire
dans le but de nous aider
à découvrir le Christ
comme Jean a pu le
percevoir.

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Le scandale du paralytique de Bethzatha

Lors de la fête juive suivante, nous sommes retournés à Jérusalem avec Jésus. Le temple était plus calme : les marchands s’étaient éloignés un peu. En circulant à travers la ville, nous sommes passés près de la Porte des brebis. Il y avait là une piscine dont le nom, en hébreu, se dit Bethzatha. Sous ses cinq portiques, gisait une foule de malades et d’infirmes: des aveugles, des boiteux, des impotents, et toutes sortes de malheureux. Devant toute cette misère, Jésus ne put passer sans s’arrêter pour donner un peu d’amour à ces malheureux; il écoutait chacun lui parler de sa souffrance.

Jésus guérit le paralytiqueEn conversant avec un paralytique, il apprit qu’il était astreint à vivre sur son grabat depuis trente-huit ans. Ému jusqu’au fond du cœur, il eut envi de le remettre tout de suite sur pieds. Mais par respect de sa liberté, il lui demanda d’abord ce qu’il souhaitait : « Veux-tu guérir? » Chez cet infirme, la question lui rappela ce que disaient des passants : « Ces gens-là finissent par aimer leur situation de mendiants. »

D’un cœur suppliant, le paralytique répondit qu’il avait vraiment tout fait pour s’en sortir : « Je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment propice; j’ai beau essayer d’y plonger, avec mon handicap tout le monde arrive avant moi ».

Jésus ne put retenir son cœur : « Lève-toi; prends ton grabat et marche. » C’était dit avec une telle force mystérieuse que le paralytique se leva d’un bond, ramassa ses affaires et se mit à marcher tout bonnement, comme s’il avait été toujours en santé. 

Jésus guérit le paralytique de BethzathaIl était émerveillé de se voir aller comme tout le monde et goûtait déjà la surprise qu’il allait faire chez lui en arrivant avec son grabat sous le bras. Or c’était un jour de sabbat. Il ne remarquait pas l’air scandalisé des juifs qu’il rencontrait jusqu’à ce que l’un d’eux l’interpelle assez brutalement : « C’est le sabbat, il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat ». D’autres passants s’empressaient d’approuver. Mais lui, tout excité, leur expliqua : « Je viens d’être guéri par un homme qui m’a dit tout simplement ‘Prends ton grabat et marche’ ». Ils en furent scandalisés et lui dirent : « C’est qui, cet homme qui se pense au-dessus de la loi du sabbat? » Tout confus, il prit conscience qu’il n’avait même pas pris le temps de savoir exactement qui  l’avait guéri. Il faut dire que Jésus était reparti tout de suite et s’était intéressé aux autres malades, heureux d’avoir donné du bonheur à un pauvre infirme, selon sa mission reçue du Père.

Plus tard, Jésus rencontra son ami venu prier au Temple comme il ne l’avait pas fait depuis si longtemps. Jésus voulut partager un peu de sa joie et se fit reconnaître. Avant de le quitter, il lui dit avec une grande affection : « Te voilà bien portant maintenant; prends soin de toi; si tu n’es pas fidèle à la Vie, il peut t’arriver pire que ce que tu as connu dans le passé. » Tout à son bonheur de connaître son bienfaiteur, le paralytique s’empressa d’aller parler de lui aux juifs qui l’avaient accusé d’irrespect pour la loi du sabbat. Il était tout fier d’être ami avec Jésus et voulait les entraîner dans son admiration pour lui. Mais il provoqua l’effet contraire : les fanatiques de la Loi se mirent à harceler Jésus; ils en avaient toujours contre la guérison faite un jour de sabbat et la permission de transporter un grabat. Qu’un enfant de Yahweh ait été guéri de son infirmité n’avait pas d’importance pour eux s’il y avait manquement à la Loi. La Loi avant tout, et seulement la Loi. Deux ou trois années plus tôt, nous aurions réagi comme eux, mais depuis que nous vivions avec Jésus, ces comportements nous choquaient. Pourtant Jésus essaya patiemment de les ouvrir à une réalité qui dépasse la Loi; il leur disait : « Le plus important de tout, c’est le projet conçu par un Dieu-Père, un projet qu’il est en train de mettre en place, et c’est à moi qu’il a demandé d’y travailler ». Loin de les calmer, cette réflexion déclencha une véritable persécution contre lui. Les gardiens de la Loi faisaient tout pour détourner les gens de lui; ils disaient partout : « Ce Jésus ne se contente pas de violer la loi sacrée du sabbat, mais il se fait l’égal de Dieu qu’il ose même appeler son Père. Un vrai blasphème »!

Nous souffrions beaucoup avec Jésus de ce harcèlement injuste. Pourtant lui, il souffrait surtout du rejet de la Vérité qu’il leur offrait avec tout son cœur. Il continua d’expliquer longuement aux auditeurs désireux de connaître mieux quelles étaient ses relations quotidiennes avec ce Dieu-Père. « Je vous assure que je ne suis pas en concurrence avec Dieu. Je ne puis rien faire de moi-même, mais seulement ce que je vois faire au Père. Ce que  je vois faire au Père, je le fais pareillement comme tout vrai fils. Le Père m’aime comme on aime un fils et il me montre tout ce qu’il fait. Il veut me confier des projets encore plus importants au point que vous en serez étonnés. Par exemple, vous savez que Dieu peut faire revenir un mort à la vie; eh bien, il me donne la capacité de le faire moi aussi pour qui je veux. Autre exemple : le Père me promet d’endosser toutes mes décisions et de les faire fructifier de sorte que le monde puisse nous honorer ensemble, autant le Fils que le Père; au point que si on refuse d’honorer le Fils, on ne pourra pas honorer le Père. En toute vérité, je puis vous affirmer encore ceci : tous ceux qui me font confiance comme à Celui qui m’a envoyé sont assurés d’entrer dans la plénitude de la Vie; ils n’ont pas à craindre le jugement quand ils mourront ».

À ce moment, comme il arrivait souvent à Jésus quand il parlait de son Père, il parut tourner son regard vers le dedans de lui. On aurait dit qu’il parlait à toute l’humanité présente à son cœur. Ému, il laissait les idées monter spontanément à sa bouche et devenir paroles pour les gens qui l’entouraient. Voici ce qu’il disait :

« C’est une certitude, l’heure vient – elle est déjà là – où, comme fils du Père, j’irai chercher tous ceux qui ont connu la mort depuis le début du monde; et ceux qui entendront mon appel revivront. En effet, le Père m’a fait source de Vie, comme lui. Et parce que je fais l’expérience de la vie sur la terre, le Père m’a donné la capacité de juger du sens de tout ce qui s’y passe. Il ne faudra donc pas vous en étonner quand, à  mon appel, surgiront ceux qui sont morts : les uns qui auront passé sur la terre en donnant de l’amour entreront dans une Vie nouvelle; les autres seront évalués selon leurs erreurs. Moi, je ne puis rien y changer : la réalité est là et c’est elle qui m’éclaire. Je n’annonce pas mes propres idées, mais uniquement les projets de Celui qui m’a envoyé sur terre ».

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