L'épreuve de l'insignifiance

Jacques NOYER

L'humiliation de notre Église ne vient pas seulement de sa stérilité et de son impuissance.
Son humiliation vient de n'être pas ce qu'elle voudrait être. Elle veut dire l'Évangile et ne trouve pas les mots. Elle montre la source qui fait vivre et les hommes qui y boivent n'y prennent aucun goût. Elle donne des signes que personne ne comprend. Elle invite à la fraternité et ses membres se déchirent.

Elle se dit le Corps du Christ et se montre comme un club de bien-pensants. Les prêtres souffrent de poser des gestes sans signification, d'accueillir dans des démarches de foi des incroyants notoires, de ne plus être que le gardien de traditions perdues. Les églises deviennent des salles de spectacles, voire des musées. Pour accompagner les grands moments de l'existence, fait-on appel à la foi ou seulement au décor d'une architecture, à des sacrements ou seulement à des rites traditionnels?

L'Église n'est-elle pas en train de devenir ce qu'elle ne veut pas être? Les services qu'elle avait inventés pour les hommes, ses hospices et hôpitaux, ses écoles et ses patronages, doucement lui échappent. Elle se croyait indispensable et on fait sans elle. Elle se croyait compétente et d'autres font mieux qu'elle. Elle voudrait être présente au monde, mais elle ne trouve pas les initiatives qui diraient aujourd'hui le message qu'elle porte. Ou si elle les trouve, elle n'en a ni les moyens ni les personnes.