Merci à tous ceux qui nous envoient un témoignage!
En témoignant de ce que le Seigneur
a fait dans notre vie,
nous contribuons à faire connaître
sa présence et son action
et c'est Lui que nous louons.
"Que votre lumière brille!
Qu'elle soit placée sur le boisseau!
Afin que tous ceux qui la voient
rendent gloire à votre Père
qui est dans les cieux."
(Mt 5, 15-16)
Jean-Paul ii, Ultreya d'Italie en 1990
Je chemine dans la communauté d’Anjou, diocèse de Montréal, depuis que j’ai vécu mon cursillo en novembre 1992. J’ai découvert l’Afrique en 2004.
Si j’ai eu le privilège de participer de manière bien concrète à la naissance du MC au Bénin et au Togo en me rendant sur le terrain à trois reprises, c’est maintenant à partir de mon sous-sol, devant mon écran d’ordi, que se poursuit mon engagement envers les jeunes communautés et, plus particulièrement, leurs dirigeants et quelques jeunes. C’est un engagement qui m’invite à la prière, à l’étude et à l’action et qui m’appelle à un dépassement constant
Dans les quelques minutes qui me sont accordées, je vais tenter de vous partager quelques bribes de l’extraordinaire aventure qui est en train de se vivre à travers l’implantation du Mouvement des Cursillos / en Afrique francophone de l’Ouest / et de la transformation que cet engagement a opérée et continue à opérer dans ma vie.
J’ai d’abord été invité à me joindre à l’équipe qui allait animer le 2ème cursillo de Cotonou, au Bénin, en juillet 2004. Le mandat était très simple : présenter le rollo de l’Action. .
Pendant cette première expérience au Bénin, j’ai découvert une jeunesse très semblable à celle que j’avais recrutée sur les campus du Québec durant ma carrière de gestionnaire de ressources humaines, mais qui vivait dans un contexte tellement plus difficile et peu porteur d’avenir.
J’ai également observé que le Cursillo qui n’avait que quelques mois d’existence était déjà en train de se transformer en un groupe de prière comme il en existe déjà un très grand nombre en Afrique, car les Africains sont de grands priants. Mais, même si la prière est très présente dans notre Mouvement, le Cursillo a une vocation autre; celle de devenir ferment d’Évangile dans les milieux. Le risque m’a semblé bien grand qu’on ne lui permette pas de produire les fruits qui lui sont propres.
C’est ce qui m’a amenée à accepter de me joindre au CEI (Comité pour l’Expansion Internationale) à mon retour d’Afrique et à prendre charge de l’accompagnement des jeunes communautés.
J’ai eu le privilège de retourner sur le terrain à deux autres reprises, soit en 2005, avec une équipe en provenance du diocèse de St-Hyacinthe, et en 2006, en compagnie du P. Germain Grenon.
Après mon retour de mon long séjour de 2006, j’écrivais :
« Un mois déjà s’est écoulé depuis le retour d’Afrique et je suis toujours habitée par un immense sentiment de reconnaissance et d’émerveillement. Comment peut-on s’imaginer humainement possible d’avoir pu réaliser en dix semaines quatre précursillos, cursillos et postcursillos dans quatre diocèses, dont deux représentaient de nouvelles implantations, et cela, dans deux pays différents, et souvent dans des conditions précaires? N’est-ce pas là la preuve que le Seigneur est le véritable maître d’œuvre de ce projet? N’est-ce pas la manifestation de la puissance de la prière et de la palanca? N’est-ce pas également la concrétisation des efforts déployés, par ces jeunes africains qui, ayant découvert l’existence du MC, souvent via notre site internet, ont mis leur motivation, leur foi et leur talent à en favoriser la naissance chez-eux, convaincus qu’ils étaient que cela pourrait contribuer à rendre leur milieu plus humain et plus chrétien. »
M’inspirant du trépied cursilliste et du schéma de ma réunion de groupe, je poursuivais ma réflexion en décrivant comment cette extraordinaire aventure avait contribué à ma formation humaine et spirituelle, et stimulé ma prière et mon action. Je vous en cite un extrait :
(ÉTUDE) J’ai beaucoup appris. J’ai observé et j’ai appris à connaître et à aimer des personnes d’une grande valeur et d’une grande foi, la plupart du temps brimées dans leurs aspirations les plus légitimes et luttant souvent pour leur survie. Et moi qui au départ ne me sentais absolument pas destinée à une telle « mission », j’ai découvert que ma vie professionnelle et le cheminement vécu au Cursillo m’avaient fort bien préparée à remplir mon rôle de formatrice et d’accompagnatrice. J’ai alors approfondi le texte des IFMC pour bien y enraciner la démarche et, ce faisant, j’ai découvert à quel point le MC est riche, porteur et actuel.
(PRIÈRE) J’ai beaucoup prié. Prié pour le succès de la mission, pour les responsables béninois et togolais qui se dépensaient sans compter et souvent dans des conditions difficiles pour implanter le MC dans leur milieu, pour les cursillistes de la première heure et pour le parrainage; pour l’ensemble des togolais qui vivaient une situation politique tellement éprouvante, pour moi qui me sentais tellement petite face à la tâche à accomplir et pour tous ceux qui nous soutenaient.
(ACTION) Finalement, je suis revenue de ce troisième séjour de 10 semaines en Afrique plus convaincue que jamais de la nécessité d’agir et avec le goût de m’impliquer à fond.
Cinq années se sont écoulées depuis. Les liens que j’avais tissés pendant ces séjours se sont consolidés à travers l’accompagnement qui s’accomplit au quotidien avec les uns et les autres, grâce à internet. Cela me demande plusieurs heures à chaque jour. J’ai été amenée à partager les difficultés et les succès vécus dans les jeunes communautés, à pleurer les décès de cursillistes et à fêter les mariages et les naissances. Ma conversion personnelle se poursuit car je suis constamment amenée à ajuster mon regard aux circonstances vécues par mes frères africains qui sont confrontés à la maladie, à la pauvreté et aux déficiences des structures sociales. La patience dont ils font preuve, m’apprend la patience. Leur solidarité envers les plus pauvres qu’eux, m’apprend la générosité. Leur confiance inébranlable dans le Seigneur solidifie ma foi.
Je m’émerveille plus que jamais devant le dynamisme et l’implication de plusieurs de ces leaders cursillistes d’Afrique.
Quand je vois le temps et les efforts qu’un Godfroy Anagonou, responsable diocésain d’Atakpamé et parrain du diocèse de Sokodé, consacre à étendre le MC autour de lui et à bien l’enraciner, cela m’émerveille et m’inspire à poursuivre mon engagement. Je sais qu’il hypothèque sa santé et qu’il puise dans ses deniers personnels pour couvrir ses frais de déplacement et venir en aide à plus pauvres que lui. Je sais aussi qu’il se prive d’occasions de gagner du salaire en se rendant autant disponible au Mouvement.
Un jour, une de mes vieilles amies des petits frères des Pauvres m’avait dit : « tu as de la chance de pouvoir faire du bénévolat, moi je n’en avais pas les moyens… » Cela m’a fait réfléchir et il m’est impossible de ne pas transposer cela à mes amis africains.
Quand je pense qu’il y a maintenant plus de 100 cursillistes actifs dans la paroisse du Père Émile formée d’Agbandi, petit village qui compte à peine 250 chrétiens, et d’une douzaine de villages avoisinants, je suis remplie d’émerveillement. Cela m’amène à rêver à ce qui pourrait être et à redoubler de disponibilité pour apporter mon soutien.
L’été dernier, un jeune homme du Burkina-Faso, pays au nord du Togo a voulu s’enquérir au sujet du MC en écrivant au www.cursillos.ca. Serge Séguin, notre webmestre, m’a mis en contact avec lui et un échange assidu a été entrepris. J’ai voulu savoir ce qui motivait Pierre à vouloir implanter le MC dans son pays. Sa réponse a été très convaincante. Ayant connu la guerre et la perte de 4 de ses frères et sœurs dans son enfance et ayant appris de sa mère que la haine et la vengeance n’apportent aucune solution durable, Pierre a fait le choix de devenir un artisan de paix et de solidarité dans son milieu. Ayant lu sur notre site les circonstances qui avaient donné naissance à notre Mouvement, il y voit un excellent moyen pour y parvenir.
Pierre est un homme de prière, d’étude et d’action. Il comprend l’essence du MC. Nous l’avons parrainé et il a vécu son cursillo au Togo à la fin de mars dernier. Il en est sorti raffermi dans sa foi chrétienne et dans son désir d’implanter le Cursillo au Burkina-Faso. Il a amorcé ses démarches de parrainage en vue de former un noyau de fondation. Le P. Émile, Godfroy et moi avons convenu d’unir nos efforts pour lui permettre de réaliser son idéal et nous nous partageons son accompagnement. Il reste à faire confiance que les ressources matérielles permettront cette implantation dans un nouveau pays.
En mars dernier se déroulait un cursillo de fondation dans le diocèse de Sokodé, dans le nord du Togo. C’était la concrétisation d’une démarche de parrainage amorcée il y a deux ans et totalement prise en charge par le trio diocésain d’Atakpamé. C’est là une étape importante dont il y a tout lieu de se réjouir car c’est la preuve de l’enracinement véritable du MC qui est en train de s’opérer.
Parmi les 44 candidats qui ont vécu ce cursillo se trouvaient de nombreux élèves. Il n’y a pas lieu de s’en surprendre quand on sait que 70% de la population du Togo a moins de 30 ans et qu’environ 44% est en dessous de 15 ans. N’est-ce-pas là un retour aux sources de notre Mouvement alors que les 1ers candidats de Majorque étaient de tous jeunes garçons?
L’Église d’Afrique est jeune et bien vivante. On y trouve une abondance de vocations sacerdotales. Ne somme-nous pas d’ailleurs en train de bénéficier de l’arrivée de certains de ces jeunes prêtres dans nos paroisses?
Je ne suis pas sans penser à tous ces missionnaires que le Québec a produits à une époque pas si lointaine et qui, avec le soutien financier des gens d’ici qui n’étaient certes pas plus riches que nous, ont porté la Bonne Nouvelle en terre d’Afrique y construisant également dispensaires, écoles, hôpitaux et séminaires.
Je vois dans notre Mouvement des Cursillos une ressource providentielle pour soutenir cette jeune Église et permettre aux chrétiens de récente date d’approfondir et d’enraciner leur foi. Pierre, du Burkina-Faso vient de m’en donner le témoignage. Le Père Émile Midahoe en est lui-même convaincu et c’est ce qui le motive depuis qu’il en a découvert le potentiel à le propager avec autant de conviction et d’énergie dans son propre diocèse et au-delà.
Je conserve bien précieusement dans ma mémoire une image qui continue à m’inspirer. C’était à la veille de notre départ d’Atakpamé, dans les derniers jours de février 2006, à la sortie de la rencontre d’évaluation avec le trio diocésain. Je faisais route avec Godfroy, sur sa moto, lorsqu’il s’est mis à chanter : « Rêve d’un monde, monde plus beau à faire ensemble… » J’ai joint ma voix à la sienne. C’était irréel de nous voir tous les 2 chantant à pleine voix tout en faisant du slalom entre les gens qui connaissaient sûrement Godfroy et qui avaient appris à me reconnaître - moi la seule blanche de la ville - dévalant tous les 2 à moto sur cette route rocailleuse, escarpée et en très mauvais état à cause des sillons causés par les pluies successives.
Quand j’y pense : « Rêve d’un monde plus beau à faire ensemble ». N’est-ce pas ce que nous somme en train de réaliser? J’en ai la conviction profonde car je suis témoin quotidiennement de ce que le Seigneur accomplit en Afrique à travers le Mouvement des Cursillo et je souhaite continuer à m’y investir aussi longtemps que ma santé me le permettra.
Le Christ compte sur moi et je sais que je peux compter sur lui.
De Colores et ULTREYA!
Huguette Duclos
_______________
(*) Membre du Comité pour l’Expansion Internationale (CEI) mis sur pied par le MCFC, Huguette Duclos accompagne à distance, via Internet, les jeunes communautés d’Afrique dans leur implantation du Mouvement des Cursillos. Un travail exigeant devenu du quasi plein-temps!...