La grâce du pardon

Seigneur Jésus, merci d’être présent et de faire partie de ma vie, à tous les jours.  Ce soir, Seigneur, je te fais le cadeau d’ouvrir les portes de mon jardin.  Je viens te demander de m’accompagner afin de bien recevoir mes invités. Amen.

Pour vous situer, je suis la deuxième d’une famille de 7 enfants, dont 5 garçons et 2 filles.  Je suis la plus vieille des filles.

 Ce soir, l’évangile me dit que le Seigneur m’a confié une mission sur la terre afin que la grande vigne de la terre produise selon son plan divin.  Il me demande de cultiver avec amour et confiance les dons que j’ai reçu du Seigneur.

 Depuis ma tendre enfance, j’étais incapable de prier Jésus et je n’aimais pas la petite phrase suivante : « Que ta volonté soit faite ».  Mais à chaque soir, en pleurant, je priais Maman Marie pour que la Paix revienne sur la terre et surtout dans mon cœur.

 Quand j’étais jeune, je ne me sentais pas digne de travailler à la vigne du Seigneur.  À la maison, mon père était dur avec nous et comme il ne m’a jamais vraiment acceptée et qu’il me trouvait dérangeante parce que je mendiais son affection, je m’accrochais à quelques parcelles de bonheur et je faisais confiance à mon frère et on essayait de s’encourager.

 Puis un soir, il a abusé de ma confiance.  À l’insu de mes parents, il venait me rejoindre dans mon lit.  J’ai senti le lien de confiance se briser entre nous deux et il venait de voler mon enfance.  Comme je ne voulais pas faire de peine à ma mère, j’ai gardé le silence.  J’ai vécu beaucoup de colère, de la rage et j’ai souvent pensé à me venger car j’en voulais à tous les hommes de la terre.

Inutile de vous dire que dans mon jardin, il ne poussait que des ronces et des épines.

Mon attitude a changé du tout au tout.  Car pour cacher ma colère et ma honte, je me suis cachée derrière un masque que l’on appelle le Paraître.  Bien sûr en surface, je demeurais la petite fille raisonnable et obéissante, mais au fond de moi je criais vengeance.  Ce mode de vie m’a amené sur différents chemins sombres.  Je n’ai jamais touché à aucune substance chimique, Dieu merci, mais j’avais souvent l’idée et l’envie de mourir. 

Malgré ma colère dévastatrice, je dois dire que Jésus veillait sur moi et il a été bien patient.  Jésus m’a souvent ouvert des chemins qui m’ont conduit vers ma formation en animation pastorale.

Avec son infinie bonté et sa patience, Jésus a permis que je rencontre mon mari qui est un homme bon et Jésus a permis que j’aie 3 bons enfants, mais ma colère prenait tellement de place que j’avais de la difficulté à apprécier les cadeaux d’amour que Jésus m’envoyait et je commençais à étouffer derrière mon masque.

Lorsque j’ai fait mon Cursillo, Jésus m’a tendu la main et il m’attendait patiemment dans mon jardin au cœur de ma souffrance.

Avec son regard plein d’amour et de tendresse, je n’ai pas pu faire autrement que de me laisser regarder et Jésus a su calmer ma colère.  Jésus m’a aidé à comprendre que même si mon frère avait mal agi envers moi, il n’avait pas touché à mon intégrité et la seule façon de me libérer de mon masque était le pardon.

Avec l’aide de Jésus, j’ai appris à me pardonner et j’ai pardonné à mon frère; ainsi j’ai pu ré-ouvrir la porte de la confiance et avec l’amour de Jésus, j’ai compris que les hommes n’étaient pas tous pareils.

Aujourd’hui, je peux vous dire qu’il fait beau dans mon jardin et que Jésus est au cœur de ma vie à chaque jour.  Je reconnais que sans Lui je ne serais pas ici.  La petite phrase dans le Notre Père qui dit : « Que ta volonté soit faite » a pris un tout autre sens et aujourd’hui je la médite à chaque instant de ma vie.

Je dois vous dire que lorsque j’ai fait mon Cursillo, à un certain moment, lors du baptême, j’ai fait une promesse mais en même temps quelque chose a éclaté en moi.  Mon regard a changé sur le monde et j’ai en moi une flamme d’amour qui brille de tous ses feux.

Avant de terminer, je prends quelques secondes pour dire à mes frères ici présents : que je vous demande sincèrement pardon parce que sans vous connaître et à travers ma colère, j’avais enfermé tous les hommes dans une même étiquette.

Et à tous et toutes je vous dis merci parce que sans me connaître, vous m’avez accueillie et aimée telle que j’étais et je me suis laissée apprivoiser par votre accueil et vos regards chaleureux.

Que Dieu vous garde dans ses grâces et je vous souhaite que votre flamme brille autant que la mienne dans votre magnifique jardin.

Je vous aime tous et toutes.  DE COLORES !