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Esther, Christine (Sureau) dit Blondin,
est née à Terrebonne, Bas-Canada,
le 18 avril 1809,
dans le rang de la « Côte Terrebonne »
en bordure de la rivière des Mille-Iles.
Ses parents sont illettrés. ___________________________________________________________________________
Esther est la fille de Jean-Baptiste Sureau dit Blondin, cultivateur.
Sa mère, Marie-Rose Limoges, était une personne raffinée qui avait de bonnes manières et était pleine de vie, une femme de prière et d'adoration.
Esther
est la troisième d'une famille de douze enfants,
huit moururent en bas âge et deux filles décédèrent avant d'atteindre l'âge de un an.
Dans la famille Blondin, deux enfants atteignirent un âge avancé:
Esther et son frère Jean-Baptiste.
À l'âge de 12 ans, Esther était une jeune fille plus distinguée et plus pieuse que les adolescentes même plus âgées de son entourage.
Elle faisait de fréquentes visites au St-Sacrement, et recevait la communion aussi souvent qu’il lui était possible.
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En 1829, à l’âge de 20 ans, elle est encore analphabète n'ayant pas eu la chance d’aller à l’école .
Voulant aider sa famille, Esther travailla comme domestique chez un marchand du village et quelques mois plus tard, elle fut engagée chez les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame qui avaient la charge de l’école du village.
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L'année suivante, elle devint pensionnaire.
Prenant une conscience accrue de l'exclusion
de presque tous les gens de son pays
due à l'analphabétisme; elle put enfin apprendre à lire et à écrire.
Par la suite, elle accepta de devenir novice chez les sœurs de la Congrégation Notre-Dame
et dut se retirer à cause de sa santé précaire.
Après un repos d’un an et ayant acquis une certaine notoriété sur le plan pédagogique, elle répond à l’invitation d’une ancienne novice qui avait besoin d'aide.
Esther débute donc une carrière en enseignement en devenant institutrice à l'école de Vaudreuil.
Esther lui apporte son aide et débute une carrière en enseignement.
Acquérant vite une réputation enviable, se vouant à toutes sortes de bonnes oeuvres, on lui confie la direction de l’école paroissiale qui prendra le nom d’Académie Blondin.
C'est là qu'elle découvre une des causes de l'analphabétisme ambiant et elle désire fonder des écoles mixtes pour remédier à la situation pitoyable des écoles rurales.
Cependant la résistance vient de l’Église qui selon un règlement interdit aux femmes d'enseigner aux garçons, et aux hommes d'enseigner aux filles.
Ne pouvant financer deux écoles paroissiales, les curés choisissent souvent
de n'en tenir aucune.
Esther désire faire changer les choses et prend en main la cause des jeunes qui croupissent dans l'ignorance, incapables de suivre le catéchisme pour faire leur première communion.
En 1848, émue par l’ignorance des enfants de la campagne et poussée par un appel de l’Esprit, Esther soumet à son évêque un projet qu’elle nourrit depuis longtemps:
"Fonder une congrégation religieuse pour l’instruction
et l’éducation des enfants pauvres des campagnes".
Elle écrit et rencontre Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal
et obtient sa permission.
Esther Blondin jette les bases d’une nouvelle communauté entièrement vouée à l'éducation.
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Le 8 septembre 1850, Esther ayant constaté l'état de délabrement des écoles rurales,
fonde la "Congrégation des Soeurs de Sainte-Anne", avec quatre compagnes.
Esther Blondin portera désormais le nom de soeur "Marie-Anne".
Elle apprend que "la communauté ne pourrait enseigner aux enfants des deux sexes que jusqu’à l’âge de 10 ans".
Cependant, malgré l’interdit, les Sœurs de Sainte-Anne ont toujours enseigné à des classes mixtes à tous les niveaux d’éducation.
L' objectif de la communauté est le dévouement à l'éducation des enfants pauvres et l'ouverture d'écoles mixtes pour instruire le plus d'enfants possible qui à cause du manque de fonds et de structures demeureraient dans l'ignorance.
Ce projet d'écoles mixtes est alors très mal perçu et est même considéré comme subversif.
Le 23 août 1853, le recrutement ayant eu tellement de succès qu'on a dû transférer le jeune Institut qui comptait alors
34 membres, de Vaudreuil à Saint-Jacques-de-l'Achigan
(Saint-Jacques).
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Une sorte de drame moral s’amorça pour elle dès son arrivée à Saint-Jacques-de-l’Achigan avec la nomination de l’abbé Louis-Adolphe Maréchal comme chapelain de l’Institut.
Ce dernier veut imposer son pouvoir et ses règles dans le couvent comme dans toute la paroisse.
L’équipe de mère Marie-Anne fut allègrement secouée par un homme naturellement dominateur qui outrepassa ses prérogatives, selon la supérieure, en s’immisçant dans les règles de la communauté.
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Mère Marie-Anne, en femme mature soucieuse de l'unité de la Congrégation dont elle est la fondatrice, demande l'arbitrage de l'évêque.
Après plusieurs démarches, l'évêque lui demande de se démettre de son rôle de supérieure, ce qu'elle accepte dans un grand esprit de foi.
Pour le reste de ses jours, elle continuera dans l'ombre et l'humilité des modestes occupations de travailler pour sa chère communauté.
Même au sein de la Congrégation, on en vient à passer sous silence son rôle de fondatrice.
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En 1854, Mgr Bourget envoie soeur Marie-Anne au couvent de Sainte-Geneviève et il exige de mère Marie-Anne de ne plus accepter le mandat de supérieure, si ses soeurs veulent la réélire.
Privée du droit que lui donne la Règle de la Communauté d'être réélue,
mère Marie-Anne obéit à son évêque qu'elle considère comme
l'instrument de la Volonté de Dieu sur elle.
Et elle bénit mille fois la divine Providence de la conduite toute maternelle qu'elle tient à son égard, en la faisant passer par la voie des tribulations et des croix.
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En 1864, la Maison-mère fut définitivement fixée à Lachine.
Désormais, mère Marie-Anne sera tenue éloignée du gouvernement de la communauté. Elle suivra les religieuses qui iront s’installer dans la nouvelle Maison-mère et elle sera confinée aux tâches les plus humbles.
Sa congrégation a gagné le reste du Canada et d'autres pays où elle a joué un rôle important dans le développement de l'éducation.
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La force d’âme de mère Marie-Anne se manifesta par une docilité exemplaire vis-à-vis son évêque par le pardon qu’elle accorda de façon non équivoque à l’abbé Maréchal et à celles de ses filles
qui semblaient oublier le passé.
D’autres se chargeraient d’exalter une fondatrice méconnue.
Mais la "remontée" serait lente.
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À l'automne 1889, l'état de santé de mère Marie-Anne se dégrade.
Quelques heures avant son décès, elle demande qu'on appelle l'abbé Maréchal,
l'artisan de sa disgrâce.
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Elle entre dans le coma quelques instants avant son arrivée.
L'abbé Maréchal présidera à ses très modestes funérailles quelques jours plus tard.
Morte octogénaire, le 2 janvier 1890, mère Marie-Anne fut jusqu’à la fin un témoin discret et serein des développements de son œuvre.
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Plusieurs centaines de ses filles travaillaient déjà, en 1890, dans 42 établissements dispersés en Amérique du Nord.
Ce qui caractérise la carrière de mère Marie-Anne, fondatrice, c’est qu’en 40 ans de vie religieuse elle n’aura gouverné sa communauté que quatre ans.
En 1950, année du centenaire
de la Congrégation des Soeurs de Sainte-Anne,
Monseigneur Paul-Émile Léger, archevêque de Montréal,
autorise le début des démarches officielles pour faire reconnaître la sainteté de Mère Marie-Anne.
Elle est déclarée Vénérable en 1991
et le 29 mars 2001,le pape Jean-Paul II la déclare Bienheureuse.
Sa fête liturgique est célébrée le 18 avril.
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Une première biographie complète,
"Martyre du silence",
est publiée en 1956.
L'auteur, le Père Eugène Nadeau, o.m.i.
y relate des faits restés jusqu'alors inconnus.