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Mpecke est né en 1906 à Log Batombé, au Cameroun.
Batombé est un
petit village situé à 4 kilomètres de la ville d’Edèa, il longe le fleuve Sanaga.
Le père de Mpecke est Joseph-Marie Yomba.
Il est un notable et adepte de la société du Njee et veut faire de Mpecke, un "coryphée" (grand-prêtre), plus puissant que lui-même.
Aussi commence-t-il à l'amener très tôt aux séances du Njee qui se tiennent parfois loin dans la forêt. Ceci explique entre autre le refus de toute la famille de l'envoyer plus tard au séminaire, car, il est potentiellement désigné chef supérieur Adiè.
Les Adiè, dont le nom a été déformé en Edéa, sont un de treize clans.
La mère de Simon est Iniyem Ngo Epouhe, paysanne qu’on surnommait « Inison »
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En 1914, à 8 ans, Mpecke fait ses études primaires
à la mission catholique d’Edéa.
C’est une mission ouverte par la congrégation des Pallotins à l'époque des colonies allemandes. Mpecke demande le baptême et son vœu ne sera exaucé que quatre ans plus tard.
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À 11 ans, Mpecke obtient son certificat d’Études Primaires C.E.P.E.
Le 14 août 1918, à 12 ans, Mpecke est baptisé à Édéa par le père Louis Chevrat, et s’appellera dorénavant SIMON Mpecke. Mobilisé en 1914, le père Chevrat fait partie des prêtres spiritains français qui sont envoyés au Cameroun en 1915 pour remplacer les Pères Pallottins allemands.
Le lendemain de son baptême, Mpecke fait sa première communion.
Suite à son baptême, Simon est moniteur ou enseignant dans des écoles de brousse puis à la mission centrale d’Edéa.
En 1920, il obtient son diplôme de Moniteur Indigène à la mission catholique d’Édéa et en 1923, il devient le premier moniteur de la mission.
Le 8 août 1924, Simon Mpecke fait son entrée au petit séminaire de Yaoundé qui a ouvert ses portes l'année précédente.
D'octobre 1927 jusqu'en décembre 1935, suite à l’ouverture du grand séminaire de Mvolyé, il fait ses deux années de philosophie ainsi que ses quatre années de Théologie.
En 1932 et en 1933, il enseigne au petit séminaire d’Akono.
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Le 8 décembre 1935, Simon fait partie des premiers camerounais à être ordonnés prêtres dont:
quatre du diocèse de Yaoundé: André Manga, Tobbie Atangana, Théodore Tsala et Jean Tabi,
quatre du diocèse de Douala: Simon Mpecke, Oscar Missoka,
Jean Oscar Awue et Joseph Melone.
Cette ordination sacerdotale est une étape importante dans l'histoire de l'Église au Cameroun. Elle ouvre une nouvelle ère pour le pays.
Comme premier ministère, il est nommé vicaire à la mission Ngovayang et, selon la théologie de son époque, il prend position très fortement contre les pratiques des religions traditionnelles de la région.
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En 1947, il est nommé à la paroisse du quartier New-Bell à Doula, et l’année suivante, il en devient curé.
Il donne son essor à la paroisse et développe les congrégations et confréries diverses.
Il soutient les mouvements d’Action Catholique et les écoles, se montrant d'une grande disponibilité et d'une générosité totale.
C'est également en 1947, que, par hasard, l'abbé Simon Mpecke lit un article où il apprend l'existence de populations païennes dans le Nord-Cameroun.
La lecture de cet article est l'événement qui marque profondément la vie de Simon Mpecke.
Dès lors, selon son propre témoignage, il sent naître en lui une grande sympathie à l'égard de ces populations.
L'installation des fraternités de Petits Frères et de Petites Sœurs de Jésus dans sa paroisse le rapproche de la spiritualité de Charles de Foucauld.
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En 1953, l'abbé Simon Mpecke rejoint l’Institut séculier des Frères de Jésus et part pour un an faire son noviciat en Algérie.
Il est l'un des fondateurs au niveau international de l’union Sacerdotale "Jésus Caritas" et devient son premier responsable au Cameroun et dans cette région d’Afrique.
Pendant un certain temps, il pense lui-même à entrer et vivre dans leur fraternité.
Le 21 avril 1957, le pape Pie XII publie une encyclique "Fidei donum" dans laquelle, il demande aux évêques d'autoriser leurs prêtres diocésains à répondre aux appels de la mission, notamment en Afrique.
Leur caractéristique est alors de rester attachés à leur diocèse d'origine et, très souvent, d'y revenir après plusieurs années.
Ils sont appelés "Prêtres Fidei donum".
C'est donc dans cet esprit que l'abbé Simon Mpecke part pour le Nord-Cameroun comme missionnaire et prêtre Fidéi Donum.
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En février 1959, à la demande de Mgr Plumey,
l'abbé Simon gagne Tokombéré.
Le docteur Joseph Maggi (médecin suisse) s'est déjà installé dans ce village pour fonder un hôpital, là où il n’y a que quelques cadres coloniaux français et des techniciens qui introduisent la culture du coton.
Il y a aussi quelques missionnaires catholiques Oblats de Marie-Immaculée depuis 1947, derrière leur évêque Mgr Yves Plumey.
Après un bref séjour à Mayo-Ouldémé, auprès des Frères de Jésus, Simon Mpecke s’installe à Tokombéré dans le diocèse de Maroua-Mokolo pour fonder une mission, rejoindre les Kirdis, ceux qu’on appelle les « païens ».
Il est le premier prêtre séculier camerounais missionnaire dans son propre pays et fonde une mission en 1961.
Le Sud et le Nord du Cameroun sont très différents: Le Sud à majorité Bantoue, est passé en majorité au christianisme alors que le Nord, habité par des peuples d'origine soudanaise, est le fief de l'Islam.
Allant à contre-courant, Simon Mpecke, missionnaire catholique, décide de casser
ce schéma.
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Les débuts de la Mission
catholique de Tokombéré sont l'occasion d'une expérience missionnaire exceptionnelle.
Ce n'est pas facile; Simon Mpecke représente le danger, car il n’est pas de leur tribu.
Les guerriers Mouyang sont sous leur garde;
il vient du sud, d’où proviennent les maux notamment,
les Blancs, l’argent, les maladies etc...
Venus du Nigeria, le pays voisin,au tournant des siècles précédents, des hordes de cavaliers musulmans d’origine peule, avaient conquis leur pays, imposant un Islam bon enfant assorti d’une féodalité affirmée.
Ils prélèvent ici et là plusieurs centaines d’esclaves chaque année, ils repoussent ces clans installés depuis la nuit des temps loin de la plaine fertile, dans les montagnes de roches.
Ils les laissent seuls, face à leur dieu mystérieux.
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Ce qui est favorable pour l’abbé Simon Mpecke,
c'est qu'il est noir.
Dès le début, la scolarisation des Kirdis devient sa préoccupation quotidienne.
Il passera sa vie à lutter contre la misère, ennemie de l’homme.
Sa bonté légendaire le désigne bien vite " Baba", ce qui signifie à la fois papa, patriarche, sage et guide, tous en viennent à l'appeler spontanément Baba.
Tous, hommes et femmes, adultes et enfants, Kirdis et musulmans, tous l'appellent spontanément Baba.
A Tokombéré, Baba Simon accomplit la promesse faite par Dieu à Abraham : son exode, sa mission, permet la naissance d'un peuple.
Une fois fixé, il ne cesse de multiplier ses visites à de nombreux villages des alentours. Un profond souci apostolique l'habite. Il est attentif à tout ce qui fait la vie des Kirdis.
Sa vie de prière intense et son sourire devenu légendaire en font un témoin lumineux de l’amour de Dieu.
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Pour Baba, l'école, c'est la vie et son école apporte l'espoir d"épanouir l'homme dans sa lutte contre l'ignorance, les servitudes et la peur.
Il combat l'ignorance pour la dignité humaine. Il décide alors de porter l'instruction jusqu'au domicile des parents en leur donnant la possibilité d'assister à "l'école sous l'arbre", une école sous les yeux de tous, au cœur même de la vie des Kirdis.
Il construit par la suite l'école Saint-Joseph de Tokombéré et a l'autorisation d'ouvrir d'autres écoles à Bzeskawé, à Rindrimé et à Baka.
Il crée un internat pour les garçons et un autre pour les filles, géré par les "Servantes de Marie".
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Il s'ouvre et encourage les mouvements catholiques tels que J.E.C., Légion de Marie et bien d'autres.
Baba Simon traite les enfants musulmans avec beaucoup d'amitié; il prend les hommes comme ils se présentent. Il apprend aux Kirdis à aimer les musulmans comme leurs frères de sang et fait de même avec les musulmans.
Par l’école, les structures sanitaires, l’engagement contre l’injustice, l’encadrement des jeunes et l’appel à la fraternité universelle, il permet une réelle promotion des populations Kirdis trop longtemps laissées pour compte par le reste du pays.
Son souci du dialogue permanent avec les responsables des religions traditionnelles en fait un précurseur prophétique du dialogue interreligieux remis à l’honneur par Vatican II.
Il aime voyager; la première raison est de trouver l'aide nécessaire pour ses oeuvres en faveur des Kirdis, spécialement pour les élèves et les internes.
Il voyage donc en France, en Suisse , en Italie , en Espagne et en Israël.
Il partage la vie des Kirdis, leur pauvreté et il lutte contre la misère.
Son évangélisation est empreinte de prière et de charité dans le respect de leurs traditions.
Le 13 août 1975, épuisé, Baba Simon meurt
à Édéa après un séjour en France
pour recevoir des soins, loin de Tokombéré, sans pouvoir revoir ses Kirdis.
Il est inhumé à Tokombéré.
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L'enquête diocésaine pour sa béatification s'est ouverte vers 1985 par l'évêque du diocèse de Maroua-Mokolo.
La cause à été introduite à Rome en 2000 pour se terminer
le 23 mai 2012, phase diocésaine appelée:
« Clôture de la phase diocésaine ».
Cela ne veut pas dire que Baba Simon est déjà béatifié.
Il y a tout un travail qui se fera au niveau de Rome et s'il est jugé favorable, le pape, par un décret,
le déclarera d'abord
"Vénérable".. .
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Dieu, toi qui es notre Père,
tu veux rassembler tes enfants pour qu’ils participent tous à ton travail de création.
Pour cela, tu envoies aux hommes des témoins de ton amour.
Tu as choisi Simon Mpecke au milieu de ton peuple
et tu en as fait un prêtre de ton Fils.
A l’écoute de ta Parole et par amour de ses frères il a laissé sa famille
et ses amis pour annoncer la Bonne Nouvelle
dans nos montagnes du Nord-Cameroun.
Au milieu de nous il a découvert que ton Esprit
travaille au cœur de tous les hommes de bonne volonté.
Avec patience et sans compter, il a donné toute sa vie
pour que la Parole de Jésus retentisse au cœur de nos traditions.
Fais, nous t’en prions, qu’un jour l’Église toute entière
chante ta gloire en Baba Simon.
Qu’elle proclame saint et bienheureux celui qui,
avec nous et pour nous,a ouvert le chemin de la Vie Nouvelle.
Nous te le demandons par Jésus Christ, ton fils et notre frère
pour les siècles des siècles.
IMPRIMATUR : Mgr Philippe Stevens,
Tokombéré, le 21 Février 1999
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· Jean-Baptiste Baskouda et Hyacinthe Vulliez, Baba Simon : le père des Kirdis, Éditions du Cerf, 1988, 178 p. (ISBN 9782204029490).
· Claire Lesegretain, « “Baba Simon”, futur bienheureux pour l'Afrique », La Croix, 22 août 2012 (lire en ligne).
· Grégoire Cador, L'héritage de Simon Mpecke, Lethielleux-DDB, 2009.