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Après avoir été ravi, comme tant d'autres, par "L'histoire d'une âme", j'ai lu divers livres sur sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, mais sans m'attarder à comprendre ce qui a pu l'amener à faire son Acte d'offrance à l'Amour Miséricordieux. Puis un jour j'ai découvert un magnifique petit livre écrit par Daniel-Ange en 1979, intitulé 'Les blessures que guérit l'Amour"(1). L'auteur y mentionne diverses grâces mystiques reçues par Thérèse de Lisieux dont celle qui la conduira à son Acte d'Offrance et à la grande Effusion de l'Esprit qui va marquer pour elle un nouveau tournant décisif.
C'est ce texte où Daniel-Ange tente de décrire l'illumination intérieure que reçoit "la petite Thérèse" le 9 juin 1895 que nous soumettons à votre réflexion pour présenter celle qui a été proclamée à la fois "Docteur de l'Église" et "Patronne des Missions". Cet épisode dans la vie de Thérèse de Lisieux nous rappelle que l'action de Dieu précède toujours notre action, mais aussi... qu'Il ne force jamais la porte. (Serge S.)
"9 juin 1895. L'Église célèbre la bienheureuse Trinité (nous savons que le Seigneur choisit ses jours). Pendant que le prêtre offre le pain et le vin, Thérèse est bouleversée. Elle est brutalement face au drame et de Dieu et des hommes. Un double abîme s'ouvre devant elle. Comment n'en a-t-elle pas le vertige?
Ici, j'avoue que j'ai un peu peur. Peur de défigurer un tel mystère. Comment dire les choses de l'amour sans trahir l'amour? Essayons de balbutier.
Que voit Thérèse? C'est un mystère, mais que nous pourrions essayer de rendre comme ceci: elle voit comme un enfant crevant de soif à côté de sa mère qui lui offre la source à laquelle il refuse de boire: deux soifs meurtrières ne pouvant s'étancher que l'une par l'autre.
L'homme meurtri de n'être pas aimé. Dieu blessé de ne pouvoir l'aimer, l'homme ne voulant pas se laisser aimer par l'Amour.
Un amour toujours déçu, se dérobant à la source. L'Amour toujours comprimé, source en manque de soif. Un amour désespéré qui n'attend plus rien de la vie. L'Amour tout espérance, en attente d'un accueil.
Un amour qui jamais ne s'ouvre à l'Amour qui toujours s'offre: deux blessures faites pour se guérir l'une l'autre.
Ceux qui parmi nous ont fait l'expérience crucifiante d'un amour éconduit, refusé, peuvent soupçonner ce que saisit Thérèse. Et vous les mamans, qui vous heurtez à l'indifférence de vos enfants, dites-vous aussi que Dieu vous donne de goûter, très faiblement, quelque chose de son drame.
Oui, l'Amour étouffe dans le coeur de Dieu parce que l'amour n'y est pas délivré.
L'homme est frustré dans son besoin de bonheur, et Dieu dans son besoin de partager Son bonheur, ce bonheur de donner.
D'un côté l'Amour "de toutes parts méconnu, rejeté!"
De l'autre: "si peu de coeurs qui se livrent sans réserve" (A 84)
Telle est la tristesse de Dieu, telle est la soufrance de l'homme. Au fond du coeur de l'homme, Dieu pleure. Larmes de celui qui, en Dieu, est AMOUR-SE-DONNANT: l'Esprit!
Cette tristesse de son Dieu, Thérèse la laisse ce matin descendre loin, loin, loin dans son coeur d'enfant. Elle va porter en elle le malheur sans nom des hommes en quête de bonheur et ce malheur d'un Dieu qui ne peut faire le bonheur de ceux qu'il aime. "
Ce que Thérèse vit depuis quelques mois l'aide à s'enfoncer plus loin encore dans cet abime.
Elle s'était reçue de Dieu, comme une enfant pauvre. Maintenant elle voit Dieu désirant se recevoir de nous, Enfant pauvre lui aussi.
L'enfant! Celui qui donne ce qu'il est et reçoit ce qu'il n'a pas. Et Dieu, pour donner ce qu'il est - l'Amour - doit recevoir ce qu'il n'a pas, la seule chose qu'Il n'a pas, la seule chose qui n'appartient qu'à nous: ce "oui", qu'Il ne peut ni violer, ni extorquer tellement Il nous l'a donné!
[...]
Pauvreté de l'Amour! Pauvreté de l'homme!
"Elle éclate en sanglots devant l'indifférence des hommes face à la bonté de Dieu. Elle voudrait en mourir" (PA 2199)
[...]
Écoutons Thérèse:
"Il se fait pauvre afin que nous puissions lui faire la charité. Il nous tend la main comme un mendiant... C'est lui qui veut notre amour, qui le mendie. Il se met pour ainsi dire à notre merci. Il ne veut rien prendre sans que nous le lui donnions, et la plus petite chose est précieuse à ses yeux divins" (LT 145)
Et encore ce mot fulgurant:
"JÉSUS est heureux de tout recevoir de nous" (LT 144)"
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Vidéo publiée sur YouTube, par apulcra (6 min.)
Thérèse est profondément blessée par la révélation que l'amour infini et miséricordieux de Dieu ne reçoit pas de réponse. Elle s'offre en victime d'amour et profite des moindres actions pour prouver son amour. Elle comprend aussi que c'est de cette façon qu'elle sauve des âmes.
(Cliquez sur l'image)
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(1) FRÈRE DANIEL-ANGE: les blessures que guérit l'amour. Coll. Lion de Juda. 155 p. Ed. Pneumathèque, 1979
(2) Ibidem, pp.61-66
Source des images: main offrant l'eau: notre-planete.info ; enfant mendiant: cddp.ac-creteil.fr