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Tout le monde au Québec a entendu parler un jour ou l’autre de cet homme au cœur infiniment bon. Là où bien des gens font un grand détour, lui va au devant avec une oreille compatissante. Là où bien des gens détournent le regard, lui, tend la main. Faire une recherche biographique sur cet homme est ahurissant, incroyable, enrichissant.
Il voit le jour en 1928 sur le plateau Mont-Royal à Montréal. Son père d’origine irlandaise est débardeur. Tout jeune il rencontre Dieu en contemplant les étoiles au parc de son quartier. À 17 ans le jeune Emmet fait partie du corps des cadets de l’armée et rêve d’être aviateur. (Plus tard il possèdera un Cessna qu’il pilotera d’un océan à l’autre comme hobby.) Mais son père veut absolument qu’il fasse des études supérieures.
Il poursuit donc ses études et se retrouve en théologie au Grand séminaire de Montréal et décide de poursuivre son autre plus grand rêve celui d’être missionnaire à l’étranger et s’inscrit à la Société des missions étrangères de Scarboro avec l’espoir d’évangéliser la Chine. Quatre ans plus tard ses supérieurs lui disent qu’il ne possède pas le tempérament pour devenir missionnaire. Il exercera donc son sacerdoce dans diverses paroisses de la région de Montréal pendant plus de 36 ans.
Sa véritable mission et l’accomplissement de son rêve de jeunesse débutent en 1988, alors qu’il est âgé de 60 ans. Il est alors à l’âge de la retraite mais cherche à redonner un sens à sa vie en période de dépression quand il n’a plus de paroisse à sa charge. C’est dans cette période qu’il entend à la radio parler d’un homme à Toronto qui parcourt la ville à bord d’une roulotte pour distribuer vivres et vêtements aux itinérants de la ville.
Tout de suite il décide de l’imiter, demande un prêt personnel de $10 000, achète un motorisé usagé et se met au service des jeunes avec la philosophie de la Bible qui dit « Tu as faim, voici quelque chose à manger. Tu as soif, voici à boire. Je serai ici demain »
N’essayant pas d’imposer toutefois ses croyances aux jeunes, il ne tente pas de les convertir. La plupart des jeunes ayant perdu les valeurs religieuses de nos jours il répond tout simplement. « Ils ne croient pas en Dieu, pas grave, il y a un Dieu, que tu y crois ou non. » L’appel lui est lancé et le pays étranger devient les rues de Montréal, où il a vu pendant ces années de sacerdoce toute la misère qu’elle contient et son lot de déshérités.
Il s’intéressera aux jeunes parce qu’il est préoccupé du sort de la génération de l’avenir. Il aurait bien aimé avoir lui-même des enfants. Au fil du temps il est devenu le père de milliers de jeunes qui se sont accrochés à lui tel une bouée lancée à la mer, pendant une tempête. Pour ces jeunes il est une figure paternelle, un grand-père qui est là pour les écouter, non les juger.
Il débute en parcourant les rues, 5 nuits par semaine. Il rencontre ainsi 70 000 jeunes par année, sert 140 000 hot-dogs et distribue 10 800 sacs de provisions annuellement. Il poursuit toujours sa tournée, un peu moins souvent maintenant, après avoir fait une crise cardiaque et subi un triple pontage, en l’an 2000.
À cette roulotte s’est greffée un centre de jour, qui reçoit plus de 40 000 jeunes, un bunker qui offre un abri temporaire aux plus jeunes, divers services d’aide en passant par une clinique médicale, psychologues et différents intervenants sociaux.
C’est aussi un endroit pour un repas chaud (200 par jour), de l’aide au retour aux études, de l’insertion au milieu de travail, des activités et ateliers en informatique, arts et musique. Un endroit où reprendre pied et surtout refaire confiance en eux-mêmes, à la vie et aux autres dans un climat de respect et d’amour.
Il visite également de nombreuses écoles. « Un jour, dit-il, mon nom est apparu dans les manuels scolaires, au chapitre des témoins chrétiens, alors on s’est mis à m’inviter. Il voit là un moyen de faire de la prévention. Il a commandé la réalisation d’un film qui démontre la dure réalité de la vie dans la rue à des jeunes qui y voient le côté attirant de la liberté et de l’indépendance.
Pour l’aider dans cette mission, il compte pour l’aider une équipe de plus de 135 bénévoles.
Son nouveau rêve est maintenant de répandre son œuvre à d’autres villes à travers le monde.
Il s’est rendu en Russie, sur l’invitation d’un médecin canadien y travaillant et voulant de l’aide à la mise sur pied d’un organisme, comme le sien.
Il a visité aussi la Côte d’Ivoire, où il y rencontra une communauté religieuse qui tente d’aider les jeunes, voient qu’elles sont bien inspirantes et démontre la vaillance de d’autres missionnaires, qui vont dans le même sens que sa propre mission.
Il est revenu à Montréal épuisé et a dû s’aliter pendant un temps, mais il se promet bien d’y retourner. Il a même déclaré : « J’aimerais dire honnêtement que je suis prêt à mourir aujourd’hui, mais je suis un peu ambivalent là-dessus… et de lancer avec un sourire : « Je préviens toujours mes enfants : faites attention parce que je serai toujours là. »
Pour en savoir plus, je vous encourage à visiter le site de son œuvre «Le Bon Dieu dans la rue»
par Louise Ménard, cursilliste
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Vidéos (cliquez sur l'image)
Rencontre avec le Père Emmett Johns (1)
Lauréat du Prix de la tolérance Gérin Lajoie 2010
Pops - Dans la rue (2)
''Merci à cet homme à qui je dois beaucoup...''
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(1) Vidéo publiée par la Fondation Tolérance sur le site YouTube
(2) Vidéo publiée par des Amis et Famille sur le site Dailymotion