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Prière > Apprendre à prier > Choix de textes sur la prière > L'école de prière de Benoît XVI

Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

L'union des coeurs est la force de l'Église

La prière, pour traverser les épreuves
avec sérénité

Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
dans les Actes des apôtres

l'école de prière (*) - no 25

... SUITE, p.2

Dans la prière qu’elle élève au Seigneur, la communauté part du souvenir et de l’invocation de la grandeur et de l’immensité de Dieu : « Maître, c’est toi qui as fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve » (Ac 4, 24). C’est une invocation au Créateur : nous savons que tout vient de lui, que tout est dans ses mains. C’est dans cette conscience que nous trouvons certitude et courage : tout vient de lui, tout est dans ses mains. Ensuite, elle reconnaît comment Dieu a agi dans l’histoire – elle commence donc avec la création et continue dans l’histoire – comment il a été proche de son peuple en se montrant un Dieu qui s’intéresse à l’homme, qui ne s’est pas retiré, qui n’abandonne pas l’homme, sa créature ; et c’est ici qu’est cité explicitement le Psaume 2, à la lumière duquel on lit la situation difficile que vit l’Eglise à ce moment-là. Le Psaume 2 célèbre l’intronisation du roi de Juda, mais il fait référence, de manière prophétique, à la venue du Messie, contre qui ni la rébellion, ni la persécution, ni les débordements des hommes ne pourront rien : « Pourquoi cette arrogance chez les nations, ces vains projets chez les peuples ? Les rois de la terre se sont mis en campagne et les magistrats se sont rassemblés de concert contre le Seigneur et contre son Oint » (Ac 4, 25). Le psaume dit déjà ceci, de manière prophétique, au sujet du Messie et cette rébellion des puissants contre la puissance de Dieu est caractéristique dans toute l’histoire. C’est justement en lisant la Sainte Ecriture, qui est parole de Dieu, que la communauté peut dire à Dieu, dans sa prière : « Oui vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, … pour accomplir tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais déterminé par avance » (Ac 4, 27).

L’opposition contre Jésus, sa mort, font partie du projet de Dieu pour le salut du monde. Le Mystère du Christ est la clé nécessaire pour comprendre la persécution.

Les événements sont lus à la lumière du Christ, qui est la clé pour comprendre même la persécution, à la lumière de la Croix, qui est toujours la clé pour la Résurrection. L’opposition à Jésus, sa Passion et sa mort, sont relues, à travers le Psaume 2, comme la réalisation du projet de Dieu le Père pour le salut du monde. Et c’est là aussi que trouve son sens l’expérience de persécution que la première communauté chrétienne est en train de vivre ; cette première communauté n’est pas une simple association, mais c’est une communauté qui vit dans le Christ ; ce qui lui arrive fait donc partie du dessein de Dieu. Comme cela s’est passé pour Jésus, de même les disciples rencontrent-ils l’opposition, l’incompréhension, la persécution. Dans la prière, la méditation sur l’Ecriture sainte à la lumière du mystère du Christ aide à lire la réalité présente à l’intérieur de l’histoire du salut que Dieu réalise dans le monde, toujours à sa manière. C’est justement pour cela que la demande que la première communauté chrétienne de Jérusalem formule à Dieu dans la prière n’est pas d’être défendue, d’être épargnée par l’épreuve, la souffrance, ce n’est pas une prière pour obtenir le succès, mais seulement pour pouvoir proclamer avec « parresia », c’est-à-dire avec franchise, avec liberté, avec courage, la parole de Dieu (Ac 4, 29). Elle ajoute ensuite la demande que cette annonce soit accompagnée de la main de Dieu, pour que s’accomplissent des guérisons, des signes et des prodiges (Ac 4, 30), c’est-à-dire pour que soit visible la bonté de Dieu, comme une force qui transforme la réalité, qui change les cœurs, les esprits, la vie des hommes et qui apporte la nouveauté radicale de l’Evangile.

Dans la prière, les premiers chrétiens ne demandent à Dieu
ni de ne pas être éprouvés,
ni le succès, mais de pouvoir proclamer avec assurance et liberté la Parole de Dieu.

L’Esprit fait irruption dans la maison et remplit le cœur
de tous ceux qui ont invoqué
le Seigneur.

A la fin de la prière, note saint Luc,  « l’endroit où ils se trouvaient réunis trembla ; tous furent alors remplis du Saint-Esprit et se mirent à annoncer la parole de Dieu avec assurance » (Ac 4, 31) ; l’endroit trembla, ce qui veut dire que la foi a la force de transformer la terre et le monde. L’Esprit qui a parlé par le Psaume 2, dans la prière de l’Eglise, fait irruption dans la maison et remplit le cœur de tous ceux qui ont invoqué le Seigneur. C’est le fruit de la prière unanime que la communauté chrétienne élève vers Dieu ; l’effusion de l’Esprit, don du Ressuscité qui soutient et qui guide l’annonce libre et courageuse de la parole de Dieu, qui pousse les disciples du Seigneur à sortir sans peur pour apporter la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités du monde.

Chers frères et sœurs, nous aussi, nous devons savoir porter les événements de notre vie quotidienne dans notre prière, pour en rechercher la signification profonde. Et, comme la première communauté chrétienne, nous aussi, en nous laissant illuminer par la Parole de Dieu, à travers la méditation de l’Ecriture sainte, nous pouvons apprendre à voir que Dieu est présent dans notre vie, présent aussi et justement dans les moments difficiles, et que tout – même ce qui est incompréhensible – fait partie d’un projet d’amour supérieur, dans lequel la victoire finale sur le mal, sur le péché et sur la mort est vraiment celle du bien, de la grâce, de la vie, de Dieu.

Comme pour la première communauté chrétienne, la prière nous aide à lire notre histoire personnelle et collective dans une perspective plus juste et plus fidèle, celle de Dieu. Et nous aussi, nous voulons renouveler notre prière en demandant le don de l’Esprit Saint, afin qu’il réchauffe nos cœurs et illumine nos esprits et que nous puissions reconnaître comment le Seigneur répond à nos requêtes selon sa volonté d’amour et non selon nos idées. Guidés par l’Esprit de Jésus-Christ, nous serons capables de vivre avec sérénité, courage et joie toutes les situations de la vie et nous pourrons, avec saint Paul, nous vanter « des tribulations, sachant bien que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance » : cette espérance qui « ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné » (Rm 5, 3-5). Merci.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le vingt-cinquième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 18 avril 2012,