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Réflexion sur l'évangile du 2e dimanche du Carême, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Luc 9, 28-36

   «Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Et deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. 

Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus: «Maître, il est heureux que nous soyons ici! Dressons donc trois tentes: une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.» Il ne savait pas ce qu'il disait. 

Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre: «Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le.» 
Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu’ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.

 

Deuxième dimanche du Carême - C

photo du Père Allard


Celui-ci est mon fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le

 

Dans le texte de la transfiguration, Luc est le seul des évangélistes à nous dire que Jésus était allé sur la montagne pour prier. C’est pendant sa prière qu’il est transfiguré. Quelques jours plus tôt, il avait révélé à ses disciples qu’il montait à Jérusalem pour y être rejeté par les autorités civiles et religieuses et être condamné à souffrir et à mourir. Aujourd’hui, en contact avec son Père, son chemin de ténèbres et de souffrances s’illumine et prend tout son sens. L’amour sera plus fort que la mort. Ce sera pour lui un chemin de libération, un «exode», qui le conduira à la résurrection.

La tradition disait qu’après sa rencontre avec Dieu sur la montagne, le visage de Moïse était resté si brillant qu’il devait porter un voile pour ne pas aveugler ses compatriotes. La gloire de Dieu se manifeste aujourd’hui sur le visage de Jésus. Au moment où la perspective de la souffrance et de la mort se confirme, nous avons ici une anticipation de la résurrection. Suite à la transfiguration, Jésus aura le courage de descendre dans la plaine, de se rendre à Jérusalem et de faire face à ses adversaires.

Maintenant, il n’y a plus qu’une seule voix à écouter, la voix du Christ.

Ce qui est le plus important dans le texte de ce dimanche n’est pas le miracle du changement extérieur de Jésus mais bien la révélation de Dieu le Père : «Celui-ci est mon fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le

Écouter les paroles de Jésus afin d’être transfigurés nous aussi, c’est là le but du carême. Être renouvelés grâce au contact que nous avons avec le Seigneur.

La transfiguration se produit à maintes reprises dans l’évangile : le Christ transfigure les blessés de la vie, les rejetés de la société, les pécheurs et les transgresseurs. Au contact avec le Seigneur, ces gens reprennent goût à la vie. C’est l’histoire du lépreux chassé hors de la ville, de la Samaritaine qui vit avec son sixième mari, de Zachée le publicain, de Marie Madeleine «la pécheresse», de la prostituée dans la maison de Simon le pharisien, de la femme adultère condamnée à être lapidée, de Pierre qui avait affirmé ne pas connaître Jésus, du voleur sur la croix, etc.

Et, à travers les siècles, des milliers de personnes, entrant en contact avec le Christ, apprendront à donner un sens nouveau à leur existence. Il s’agit de véritables renaissances, de vraies transfigurations.

Nous pouvons nous aussi vivre une transfiguration, une transformation, un changement qui nous aidera à reprendre goût à la vie, à mieux réussir notre pèlerinage sur la terre, et ce malgré nos maladies, nos faiblesses, nos échecs et nos défaites.

La transfiguration est une invitation à aller de l’avant. Elle nous sort de l’enlisement et nous empêche de nous installer définitivement. Pierre aurait bien voulu rester sur la montagne («Dressons trois tentes») mais le Christ l’invite à descendre dans la plaine. Comme pour Abraham, Dieu nous incite à quitter notre routine confortable et à nous mettre en marche: «Je suis le Seigneur qui t’ai fait sortir d’Ur en Chaldée». (Genèse 15, 7)

Grâce à la foi nous évitons de nous replier sur notre passé ou de nous installer trop confortablement dans le présent. La foi combat l’immobilisme et la stagnation. C’est un itinéraire de liberté, qui nous pousse toujours vers l’avant.

Le disciple prend au sérieux le message du Seigneur et se laisse questionner par lui. C’est une personne d’écoute. La parole du Seigneur nous permet de  trouver une direction et une perspective nouvelles. «Je suis le chemin, la vérité et la vie». Comme le dit le psaume d’aujourd’hui : «Le Seigneur est ma lumière et salut» (Psaume 26). Il est «une lampe pour mes pas». (Psaume 119, 105).

Jusque-là, on écoutait Moïse, interlocuteur de Dieu au Sinaï, porteur de la Loi, nimbé de lumière (Exode 34, 29). On écoutait aussi les prophètes, dont Elie est le représentant dans l’évangile d’aujourd’hui. Maintenant, il n’y a plus qu’une seule voix à écouter, la voix du Christ. «Celui-ci est mon fils, celui que j’ai choisi. Écoutez-le.»