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Réflexion sur l'évangile du 11e dimanche ordinaire, B

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Marc 4, 26-34

Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait : «Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson.»

Jésus disait encore : «À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu? Par quelle parabole allons-nous le représenter? Il est comme une graine de moutarde: quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre.»

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
11e dimanche ordinaire - B

photo du Père Allard


Dieu seul peut accorder la croissance

 

«Nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.» On a appelé cette parabole «le grain qui pousse tout seul». Effectivement, tout se passe comme si personne ne s'occupait de ce grain jeté en terre, comme si le paysan se désintéressait de ce blé qu'il a semé. C'est l'une des paraboles les plus optimistes que nous ayons. Marc est le seul des quatre évangélistes à nous l'avoir rapportée. Il faut faire jouer notre imagination, et recomposer le processus imperceptible de cette croissance, et toujours aussi incompréhensible aujourd'hui qu'au temps de Jésus. Nos savants ont beaucoup progressé dans l’analyse des phénomènes de la vie, mais aucun d'eux ne sait encore exactement ce qu'est la vie. Dès qu'une graine est jetée en terre, elle commence dans le secret une fantastique alchimie de la matière, une série de merveilles invisibles. Que l'homme s'en tracasse ou non, elle pousse et se développe. Ce qu’il y a de plus important dans cette vie qui grandit ne dépend pas de lui. Une fois qu’il a enfouit les grains, une relation dynamique s’établit entre la semence et la terre. Les efforts du fermier ne sont plus requis.

semeurEn attendant le «temps de la moisson», un processus de croissance est à l’oeuvre. C'est une illusion de penser que rien ne se produit. On ne voit pas ce qui se passe, mais la vie se développe vraiment. «L'essentiel est invisible à nos yeux», disait le renard au Petit Prince de Saint Exupéry. Ce qui arrive en nous et autour de nous est souvent de cet ordre-là : une force cachée, imperceptible, qui s’active sans que nous en soyons conscients.

Jésus indique aussi qu’il en va de même notre effort à répandre le message de la Bonne Nouvelle. Lui-même, si génial prédicateur qu'il fût, n'a pas réussi à convertir ses contemporains et sa propre famille. Pourtant, avec une audace folle, il croyait ne pas avoir perdu son temps à répandre la semence de l’espérance du Royaume. Et l'histoire lui a donné raison.

«L'essentiel est invisible à nos yeux»

Cette petite parabole nous rappelle que pendant que la vie éclate de toutes parts autour de nous, nous devons apprendre à être calme, à ne pas nous agiter, à dormir tranquillement. Saint Paul disait qu’au lieu de se construire soi-même, le chrétien doit se laisser façonner par la grâce de Dieu. Le Seigneur est comme le sculpteur qui n’empile pas pierre sur pierre mais qui enlève ce qu’il y a de trop dans le bloc de marbre qu’il travaille. Ainsi le chrétien doit se laisser modeler en toute confiance.  Il doit aussi s’en remettre à Dieu pour le développement de la foi autour de lui. «J’ai semé, Apollon a arrosé, mais c’est Dieu qui donne la croissance», affirmait saint Paul.

Personne ne peut se sauver grâce à ses propres oeuvres. Ce sont la foi et la grâce qui nous accordent le salut. Le grain de blé contient une force de croissance interne qui lui est donnée par Dieu. Je pense aux grains de blé découverts par Howard Carter dans la tombe de Tutankamón, en 1922. Mises en terre, ils ont commencé à germer après 3000 ans dans la tombe du jeune fils de Pharaon.

Grâce à cette courte parabole de S. Marc, nous comprenons une fois de plus, que l’évangile n’est pas d'abord une «leçon de morale». Elle est «révélation» de Dieu qui nous a créés et a donné à la nature ses lois de développement et de croissance.

Le récit du grain de blé qui germe et se développe seul, alors que le fermier dort, est l’une des plus belles paraboles des quatre évangiles. Comme le disait le prophète Isaïe : «La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission.» (Isaïe 55, 10-11) L’action de Dieu est présente, même si nous ne la voyons pas.