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Réflexion sur l'évangile du 1er dimanche du Carême, B

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Mc 1, 12-15

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu; il disait: «Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.»

 

1er dimanche du Carême - B

photo du Père Allard


Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle

 

Le carême, en tant que période de préparation à la fête de Pâques, remonte au 4e siècle et fut institué pour répondre à deux objectifs : préparer les aspirants au christianisme à la réception du sacrement du baptême, permettre aux chrétiens de renouveler la ferveur de leur propre engagement chrétien.

Le jeûne est un moyen efficace pour nous aider à trouver une alternative aux valeurs de notre monde de consommation, de cupidité et d’injustice.

Aujourd’hui, comme ce ne sont plus les adultes mais les enfants qui reçoivent le baptême, le premier objectif a perdu de son importance, mais le second reste toujours valable. Le carême est pour chacun et chacune d’entre nous l’occasion de renouveler notre engagement chrétien en alimentant notre foi à la parole de Dieu et en nous rappelant que «nous ne vivons pas seulement de pain». (Mt 4, 4) Pendant ces quarante jours, le Christ nous invite à nous joindre à sa «révolution», une révolution intérieure qui commence d’abord en chacun et chacune de nous.

L’essentiel de ce processus de conversion est de nous attacher à la personne du Christ. Une fois ce lien établi, nous pouvons plus facilement lutter contre le mal. On connaît bien la «conversion» de saint Paul. Il n’était pas un grand pécheur, bien au contraire car, selon la loi juive, il était un homme irréprochable, mais il a adhéré à Jésus Christ, et cela a bouleversé sa vie.

Pendant ce temps de préparation à la fête de Pâques, l’Église nous propose trois moyens pour raviver la flamme de notre engagement chrétien : le jeûne, la prière et le partage.

En ce premier dimanche de carême, j’aimerais mettre l’accent sur le jeûne, un élément qui n’est pas très populaire dans notre civilisation de consommation mais qui demeure un des piliers de toute spiritualité authentique. Les musulmans, par exemple, continuent de le pratiquer particulièrement pendant le Ramadam.

privationLorsque Jésus parle de jeûne, il ne s’agit pas de perte de poids, de pantalons trop petits et de taille trop ronde. Il ne s’agit pas non plus d’aliments santé qui nous permette de manger davantage. Il y a des raisons plus sérieuses pour jeûner.

Nous devons jeûner lorsque ça ne tourne pas rond dans notre propre vie :

- quand Dieu n’est plus présent et qu’il est remplacé par nos veaux d’or, nos dogmes économiques, nos idoles de toutes sortes...
- lorsque les conflits familiaux conduisent à la violence et à la haine;
- lorsque nous refusons le pardon à ceux et celles qui nous ont offensés.
- lorsque nous sommes sous l’influence de nos addictions de toutes sortes.

Nous jeûnons aussi pour retrouver la solidarité avec :

- la grande majorité des habitants de notre planète qui souffrent de sous alimentation;
- les 3.000.000 de personnes meurent de faim chaque jour à travers le monde;
- les innombrables personnes qui ne peuvent se procurer les médicaments dont ils ont besoin;
- les millions d’habitants qui ont le virus du Sida;
- les milliers de personnes qui, tous les jours, meurent le long des routes de l’Inde;
- le nombre incalculable d’enfants, de femmes, de personnes âgées tués ou blessés par les guerres
- les millions de personnes âgées qui souffrent de solitude et de manque d’affection, etc.
- les enfants que l’on oblige à travailler comme des esclaves, dix-douze heures par jour
- les enfants soldats qui se font massacrer pour maintenir au pouvoir des dictateurs sanguinaires, etc.

Nous voulons être solidaires avec tous ceux et celles qui portent le fardeau de la souffrance, de la maladie, de l’injustice et de la discrimination.

Le jeûne peut prendre plusieurs visages et plusieurs formes:

- jeûne de nourriture... un peu tous les jours, ou deux ou trois fois par semaine;
- jeûne de télévision, de magasinage inutile, de dépenses extravagantes;
- jeûne de partage avec ceux et celles qui vivent dans la misère;
- jeûne de temps de nos loisirs, ce qui nous permet de faire du bénévolat; etc.

C’est surtout pendant les périodes plus difficiles que le jeûne peut nous aider à redimensionner nos priorités et nos objectifs de vie.

Le jeûne est un moyen efficace pour nous aider à trouver une alternative aux valeurs de notre monde de consommation, de cupidité et d’injustice. L’argent que nous épargnons sur les loisirs, la nourriture, le magasinage, le luxe peut être partagé avec d’autres. Notre temps et nos talents peuvent venir en aide à ceux et celles dans le besoin : «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 31-46)


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Source des images: (1) Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.