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Réflexion sur l'évangile du 2e dimanche de Pâques, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jean 20, 19-31

« C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : «La paix soit avec vous!» Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 

Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.» Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit: «Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.» 

Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie: «Jumeau») n’était pas avec eux, quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient: «Nous avons vu le Seigneur!» Mais il leur déclara: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas.» 

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit: «La paix soit avec vous!» Puis il dit à Thomas: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant.» Thomas lui dit alors: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Jésus lui dit: «Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.» 

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. »

 

2e dimanche de Pâques - A

photo du Père Allard


"Le premier jour de la semaine, Jésus vint, et il était là au milieu d'eux"

 

Au début, les chrétiens se rassemblaient le «premier jour de la semaine», en souvenir de la résurrection de Jésus. À un certain moment, pour désigner cette journée de rassemblement, ils commencèrent à utiliser l’expression latine Domenica dies : le jour du Seigneur. Puis c’est devenu simplement Domenica (dimanche). 

En 321, l’empereur Constantin fit du dimanche un jour de repos officiel dans tout l’empire romain. 

Nous savons très bien que les premiers chrétiens ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient, eux aussi, leur vie quotidienne. Or, c’est dans le cadre de leur rencontre hebdomadaire que Jésus‑ressuscité « vient ». La foi n’est pas un phénomène individuel. La présence du Christ‑ressuscité est surtout expérimentée dans le cadre d’une rencontre communautaire, «en Église». 

Chaque dimanche, se renouvelle pour eux le «signe» de ce «premier dimanche» dans le Cénacle. Là où ils étaient rassemblés, le Christ, mystérieusement, se glissait parmi les siens, à Jérusalem, Antioche, Éphèse, Corinthe, Thessalonique, Rome. 

Jésus frappe à la porteLorsque S. Jean écrit son évangile, il y a déjà plus de 60 ans que le Christ est mort et ressuscité, 60 ans que les Chrétiens se réunissent chaque dimanche pour fêter la victoire de Jésus. Jean fait un clin d'oeil à ceux et celles autour de lui : «vous voyez pourquoi nous nous rassemblons chaque dimanche. C’est pour célébrer la résurrection du Seigneur.» 

Au moment où saint Jean écrit son évangile, c’est toujours un temps de peur et de persécution. Les disciples de Jésus ont pris l’habitude de se réunir dans leur maison, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Ils s’accueillent à tour de rôle. Ils se comptent. Il y a des défections, des gens qui abandonnent la foi, qui laissent le groupe. Ils ont peur. Ils verrouillent les portes.  

Cette réunion, qui depuis le commencement a lieu tous les dimanches, est au coeur même de la foi chrétienne. Comme nous le voyons dans l’évangile d’aujourd’hui, pour ces hommes et ces femmes, c’est un jour nouveau, une nouvelle création initiée par le Christ lui-même. Les chrétiens ne pouvaient vivre sans ces rencontres du jour du Seigneur. 

C’était une assemblée vivante dans laquelle on se reconnaissait comme membre de la famille de Dieu et comme disciple du Christ. On sortait de cette réunion eucharistique fortifié et prêt à reprendre la tâche quotidienne, ce qui faisait dire aux non chrétiens qui voyaient les disciples du Christ sortir de leur rencontre dominicale: «Voyez comme ils s’aiment». 

Le rassemblement hebdomadaire des chrétiens, n’est pas une habitude tardive, décidée un jour par un Pape ou par un concile; c’est Jésus lui-même qui l’a institué. Notre dimanche, devenu pour beaucoup simplement le week-end, la fin de semaine, a été voulue par Jésus lui-même et, loin d’être une fin de semaine, c’est un début, «le premier jour de la semaine», un nouveau départ. Nous commençons la nouvelle semaine réunis autour de Jésus. 

Dans le monde d’aujourd’hui, nous courrons le risque de vivre la mondialisation du dimanche. Pour la plupart des gens, le dimanche n’a rien à voir avec la vie de l’Église. Il s’agit maintenant du super-marché, des pentes de ski, des voyages du week-end, d’un repos bien mérité après une semaine de travail ardu. L’accent est mis sur les vacances, le divertissement et le repos. 

Nous les chrétiens, devons repenser notre dimanche. Le fait d’être une minorité ne nous oblige pas à faire comme tout le monde. Les premiers chrétiens n’étaient que quelques milliers dans l’immense empire romain. Malgré leur nombre insignifiant, ils savaient se réunir autour de la Parole de Dieu et autour de Jésus-ressuscité. 

Une autre caractéristique de notre dimanche, c’est la joie qu’il provoque : «Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur».  

Dans un livre très ancien, la Didascalia des douze apôtres, l’auteur déclarait : «Celui ou celle qui est triste le dimanche commet un péché». Et Tertullien, un grand penseur chrétien, disait: «En ce jour de fête, on ne doit pas jeûner et pendant le service liturgique, on ne doit pas faire la génuflexion». 

La joie pascale, la joie chrétienne, n’est pas d'abord la joie facile, la joie spontanée, celle qui nous habite quand tout va bien, quand la santé est bonne, quand nous sommes jeunes et en pleine vitalité, quand nos entreprises réussissent, quand nos relations amicales et familiales sont agréables...  

La joie de la résurrection, c’est celle qui vient «après»... après la peur, après la catastrophe, après le malheur! C’est la joie et la paix qui remontent d’une situation radicalement désespérée (la mort d’un crucifié!) et cette joie, rien ni personne ne pourront nous la ravir: c’est la joie et la paix qui viennent de la confiance en Jésus ressuscité. 

Nos rencontres du dimanche, «dans la joie du Seigneur», sont d’une grande importance. Elles peuvent changer notre vie. Il suffit de constater les changements qui ont eu lieu dans la vie des disciples après la résurrection! Elles nous donnent le courage de faire face à toutes les éventualités et donnent un sens à notre vie. 

Le premier jour de la semaine, Jésus vint et il était là parmi eux.