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Réflexion sur l'évangile du Dimanche des rameaux, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Mt. 26,14 - 27,66

Chaque année, en ce dimanche de la Semaine Sainte, nous avons l’occasion de lire le texte de la Passion de Jésus. L’année A (cette année) la liturgie nous propose le texte de S. Matthieu. L’année B, celui de S. Marc et l’année C celui de S. Luc. Ce texte est un peu long, mais nous pouvons facilement le lire en dix ou quinze minutes. Je vous invite à méditer ce texte. Cela vous permettra de mieux connaître le Christ et de comprendre le grand amour de Dieu pour nous.     

 

L’un des douze Apôtres de Jésus, nommé Judas Iscariote, alla trouver les chefs des prêtres et leur dit: «Que voulez-vous me donner, si je vous le livre?» Ils lui proposèrent trente pièces d’argent. Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus: «Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal?» Il leur dit: «Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui: <Le Maître te fait dire: Mon temps est proche; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.> » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. 

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il leur déclara: «Amen, je vous le dis: l’un de vous va me livrer.» Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, l’un après l’autre: «Serait-ce moi, Seigneur?» Il leur répondit: «Celui qui vient de se servir en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet; mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré! Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né!» Judas, celui qui le livrait, prit la parole: «Rabbi, serait-ce moi?» Jésus lui répond: «C’est toi qui l’as dit!» 

Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant: «Prenez, mangez: ceci est mon corps.» Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, en disant: «Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés. Je vous le dis: désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je boirai un vin nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.» 

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit: «Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée.» Pierre lui dit: «Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais.» Jésus reprit: «Amen, je te le dis: cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois.» Pierre lui dit: «Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas.» Et tous les disciples en dirent autant. 

 

...à suivre (à droite)

Dimanche des rameaux - A

photo du Père Allard


"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné"

 

Pendant cette semaine sainte, nous nous rassemblons pour nous rappeler la passion de Jésus, pour entrer dans le grand mystère du Christ qui oppose l’amour à la violence. La Passion est le thème principal de la prédication chrétienne. La croix reste encore aujourd’hui le symbole d’une grande souffrance mais surtout d’un immense amour. 

Chacun des quatre évangélistes a une façon particulière de raconter le récit de la Passion. Matthieu, comme les trois autres évangélistes a ses particularités.  

  • Il s’adresse à des juifs devenus chrétiens et enrichit ses écrits de citations de l’Ancien Testament afin de montrer que le Christ accompli ce que les prophètes avaient annoncé. 

  • En racontant le déroulement du procès, il affirme que la décision de condamner Jésus à mort a été prise avant qu’il soit traîné devant le tribunal. Le procès a été une parodie de la justice.  

  • Matthieu insiste sur la responsabilité des autorités juives et il est porté à diminuer celle de Pilate et des Romains. Il veut établir clairement que Jésus n'a pas été condamné pour des raisons politiques mais religieuses. Pilate essaie de relâcher Jésus en proposant l’échange avec un autre prisonnier, Barabbas ; la femme de Pilate vient plaider près de son mari pour qu’il ne se mêle pas de cette mort ; enfin, Pilate se lave les mains, pour signifier qu’il n'est pas responsable du crime. 

  • Jésus n’a pas recherché la croix. Ce sont les représentants religieux et la foule qui l’ont condamné à mourir afin de se débarrasser de lui. La croix n’a pas été voulue par Dieu le Père, c’était le châtiment imposé à Jésus par l’élite religieuse pour s’être opposé à sa façon de faire et à sa façon de comprendre l’Alliance avec Dieu. 

  • Jésus aurait pu éviter de se rendre à Jérusalem comme ses disciples le lui avaient recommandé. Mais au lieu d’éviter la ville sainte, il y entre de façon ostensible. 

  • Il décide de confronter le pouvoir qui a juré de le détruire. En agissant ainsi, il fait face à l’oppression et rend visible l’injustice de notre monde. 

  • L’amour souligné dans le texte de S. Matthieu est un amour trahi, un amour blessé, un amour bafoué, un amour méprisé. 

  • Jésus a été renié par Pierre, trahit par Judas, abandonné de ses disciples, condamné par le sanhédrin et par Pilate. Les soldats romains l’ont torturé et la foule l’a rejeté tout en sachant très bien qu’il n’était coupable de rien. On lui a imposé toutes les humiliations possibles. 

  • Matthieu interpelle les chrétiens de son temps et ceux d’aujourd’hui et semble dire que même si nous partageons la table de Jésus, tous nous sommes capables de trahir. L'eucharistie, comme la dernière scène, est le «repas des pécheurs et des traîtres». Pierre, Judas, et tous les autres apôtres partagent le pain avec le Christ avant de le vendre, de le renier et de l’abandonner. Hier comme aujourd’hui, la communauté ecclésiale est composée d’hommes et de femmes faibles et souvent infidèles. 

  • Lorsque le Christ innocent est condamné à la torture et à la mort – la mort la plus terrible que les êtres humains aient inventée – personne n’a eu le courage de le défendre. Le Christ a souffert dans la solitude totale, abandonné de tous. À travers ses souffrances, il s’est rapproché des millions de personnes qui subissent l’injustice et le rejet. 

  • Sur la croix, le Christ prie le Psaume 21 : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Du sein de sa détresse, il n’a jamais cessé d’appeler au secours et il n’a pas douté un seul instant que Dieu l’écoutait. C’est la prière de quelqu’un qui souffre, qui ose crier sa souffrance. 

  • La conclusion de la Passion selon S. Matthieu se retrouve dans la proclamation de l’officier romain : «Vraiment celui-ci était le Fils de Dieu» (27, 54) 

Nous les chrétiens, appartenons à un peuple qui «se souvient».

À chaque célébration eucharistique nous nous rappelons les paroles du Christ : «Faites cela en mémoire de moi». Une lecture attentive de la passion et de la résurrection du Christ est une partie intégrante de cette «mémoire». 

Demandons aujourd’hui d’avoir le courage des quelques femmes qui ont accompagné Jésus jusqu’au pied de la croix, du centurion romain, qui a reconnu à la fin qu’il était vraiment le Fils de Dieu, du voleur qui l’a défendu et lui a demandé d’être avec lui dans son Royaume, de Nicodème le pharisien qui est d’abord venu visiter Jésus la nuit, et après la mort du Christ, est sorti en plein jour pour offrir au Seigneur une tombe où il pouvait reposer. 

Le souvenir de la mort du Christ nous rappelle toutes les croix qui existent dans notre monde, les souffrances de ceux et celles qui sont victimes de la haine, de la violence, de l’indifférence, en commençant par les gens autour de nous. 

Le récit de la Passion devrait nous ouvrir les yeux et le cœur. Les critères pour appartenir au Royaume de Dieu sont toujours celles de Matthieu, au chapitre 25 : «J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’étais malade, rejeté, en prison, en esclavage… et vous avez participé à ma libération. 

Pendant cette semaine de la Passion, nous sommes invités à réfléchir sur la mort du Christ et à ouvrir les yeux sur les souffrances de notre monde d’aujourd’hui. 

Le mystère de Pâques – c’est à dire le mystère de la mort et de la résurrection du Christ – n’est pas seulement un souvenir du passé; c’est un appel à partager notre espérance et à répondre aux besoins d’aujourd’hui. 

L’évangéliste S. Matthieu nous invite à réfléchir sur le grand amour de Dieu pour chacun et chacune de nous et à imiter cet amour dans notre milieu de vie.
 

(suite du texte évangélique)

 

Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit: «Restez ici, pendant que je m’en vais là-bas pour prier.» Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors: «Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi.» Il s’écarta un peu et tomba la face contre terre, en faisant cette prière: «Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux.» Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis; il dit à Pierre: «Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation; l’esprit est ardent, mais la chair est faible.» Il retourna prier une deuxième fois: «Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite!» Revenu près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Il les laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit: «Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer! La voici toute proche, l’heure où le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous! Allons! Le voici tout proche, celui qui me livre.» 

Jésus parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, avec une grande foule année d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres et les anciens du peuple. Le traître leur avait donné un signe: «Celui que j’embrasserai, c’est lui: arrêtez-le.» Aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit: «Salut, Rabbi!», et il l’embrassa. Jésus lui dit: «Mon ami, fais ta besogne.» Alors ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent. Un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille. Jésus lui dit: «Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges? Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures? D’après elles, c’est ainsi que tout doit se passer.» À ce moment-là, Jésus dit aux foules: «Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons? Chaque jour, j’étais assis dans le Temple où j’enseignais, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes.» Alors les disciples l’abandonnèrent tous et s’enfuirent. 

Ceux qui avaient arrêté Jésus l’amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s’étaient réunis les scribes et les anciens. Quant à Pierre, il le suivait de loin, jusqu’au palais du grand prêtre; il entra dans la cour et s’assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait. Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort. Ils n’en trouvèrent pas; pourtant beaucoup de faux témoins s’étaient présentés. Finalement il s’en présenta deux, qui déclarèrent: «Cet homme a dit: <Je peux détruire le Temple de Dieu et, en trois jours, le rebâtir.>». Alors le grand prêtre se leva et lui dit: «Tu ne réponds rien à tous ces témoignages portés contre toi?» Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit: «Je t’adjure, par le Dieu Vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu.» Jésus lui répond: «C'est toi qui l’as dit; mais en tout cas, je vous le déclare; désormais vous verrez le Fils de l'homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel.» Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant: «Il a blasphémé! Pourquoi nous faut-il encore des témoins? Vous venez d'entendre le blasphème! Quel est votre avis?» Ils répondirent: «II mérite la mort.» Alors ils lui crachèrent au visage et le rouèrent de coups; d'autres le giflèrent en disant: Fais-nous le prophète, Messie! qui est-ce qui t’a frappé?» 

Quant à Pierre, il était assis dehors dans la cour. Une servante s'approcha de lui: «Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen!» Mais il nia devant tout le monde: «Je ne sais pas ce que tu veux dire.» Comme il se retirait vers le portail, une autre le vit et dit aux gens qui étaient là: «Celui-ci était avec Jésus de Nazareth.» De nouveau, Pierre le nia: «Je jure que je ne connais pas cet homme.» Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent de Pierre: «Sûrement, toi aussi, tu fais partie de ces gens-là; d’ailleurs ton accent te trahit.» Alors, il se mit à protester violemment et à jurer: «Je ne connais pas cet homme.» Aussitôt un coq chanta. Et Pierre se rappela ce que Jésus lui avait dit: «Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois.» Il sortit et pleura amèrement. 

Le matin venu, tous les chefs des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire condamner à mort. Après l'avoir ligoté, ils l’emmenèrent pour le livrer à Pilate, le gouverneur. Alors Judas, le traître, fut pris de remords en le voyant condamné; il rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit: «J'ai péché en livrant à la mort un innocent.» Ils répliquèrent: «Qu'est-ce que cela nous fait? Cela te regarde!» Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l'argent et se dirent: «Il n'est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang.» Après délibération, ils achetèrent avec cette somme le Champ-­du-Potier pour y enterrer les étrangers. Voilà pourquoi ce champ a été appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang. Alors s'est accomplie la parole transmise par le prophète Jérémie: Ils prirent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix par les enfants d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné. 

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea: «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus déclara: «C'est toi qui le dis.» Mais, tandis que les chefs des prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit: «Tu n'entends pas tous les témoignages portés contre toi?» Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur était très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. La foule s’étant donc rassemblée, Pilate leur dit: «Qui voulez-vous que je vous relâche: Barabbas? ou Jésus qu’on appelle le Messie?» Il savait en effet que c’était par jalousie qu'on l’avait livré. Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: «Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui.» Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit: «Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?» Ils répondirent: «Barabbas!» Il reprit: «Que ferai-je donc de Jésus, celui qu'on appelle le Messie?» Ils répondirent tous: «Qu’on le crucifie!» Il poursuivit: «Quel mal a-t-il donc fait?» Ils criaient encore plus fort: Qu’on le crucifie!» 

Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre; alors il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant: «Je ne suis pas responsable du sang de cet homme: cela vous regarde!» Tout le peuple répondit: «Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants!» Il leur relâcha donc Barabbas; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu’il soit crucifié. 

Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient en lui disant: «Salut, roi des Juifs!» Et, crachant sur lui, ils prirent le roseau et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier. 

En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix. Arrivés à l’endroit appelé Golgotha, c’est-à-dire Lieu-du-Crâne ou Calvaire, ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-des­sus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation: «Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.» 

En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête: «Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix!» De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant: «Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même! C’est le roi d'Israël: qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui! Il a mis sa confiance en Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s’il l'aime! Car il a dit: <Je suis le Fils de Dieu.» Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière. 

À partir de midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à trois heures. Vers trois heures, Jésus cria d'une voix forte: «Éli, Éli, lama sabactani?», ce qui veut dire: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant: «Le voilà qui appelle le prophète Élie!» Aussitôt l’un d'eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée; il la mit au bout d'un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres dirent: «Attends! nous verrons bien si Élie va venir le sauver.» Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l'esprit. 

Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux, du haut en bas; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s'ouvrirent; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. À la vue du tremblement de terre et de tous ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d'une grande frayeur et dirent: «Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu!» Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance: elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. 

Le soir venu, arriva un homme riche, originaire d'Arimathie, qui s'appelait Joseph, et qui était devenu lui aussi disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna de le lui remettre. Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul neuf, et le déposa dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Cependant Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du tombeau. 

Quand la journée des préparatifs de la fête fut achevée, les chefs des prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant: «Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant: <Trois jours après, je ressusciterai.> Donne donc l'ordre que le tombeau soit étroitement surveillé jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple: <Il est ressuscité d'entre les morts.> Cette dernière imposture serait pire que la première.» Pilate leur déclara: «Je vous donne une garde; allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez.» Ils partirent donc et assurèrent la surveillance du tombeau en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde.