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Réflexion sur l'évangile du Deuxième dimanche du Carême, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Mt 17, 1-9

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. 

Pierre alors prit la parole et dit à Jésus: «Seigneur, il est heureux que nous soyons ici! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.» Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumi­neuse les couvrit de son ombre; et, de la nuée, une voix disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le! ». 

Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’appro­cha, les toucha et leur dit: « Relevez-vous et n’ayez pas peur! ». Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul. 

En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: «Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.»

 

Deuxième dimanche du Carême - A

photo du Père Allard


 "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour, écoutez-le"

 

Le récit de la Transfiguration de Jésus nous est présenté chaque année au deuxième dimanche du Carême.  

«Il fut transfiguré devant eux» : c’est pour le bénéfice des trois disciples Pierre, Jacques et Jean que le Christ a été transfiguré, les trois mêmes qui assisteront à sa grande détresse au jardin de Gethsémani.  

Sur la route du Carême et, plus largement, sur le chemin de la vie, nous aussi avons besoin d’expériences de transfiguration pour faire face aux difficultés et aux épreuves, pour suivre le Christ dans les moments de joie et de peines, et être en mesure à notre tour de transfigurer le monde autour de nous. 

Cet événement de la vie de Jésus correspond à «la  fête des Tentes ou des Tabernacles», que les Juifs célébraient une fois les récoltes rentrées et qui commémorait la libération de l’esclavage d’Égypte. Durant cette fête de pèlerinage, on construisait des cabanes avec des branches et on vivait sous ces huttes pendant sept jours. Cette semaine de célébration constituait une pause festive importante dans le quotidien souvent triste et monotone.  

Pierre, qui veut ériger trois tentes, confond la «pause» avec le travail qu’il reste à faire. Il voudrait prolonger l’expérience à l’infini au lieu de se remettre en marche derrière le Christ. Sa réaction spontanée de vouloir profiter plus longtemps de la tranquillité de la montagne est en fait une tentation d’éviter la responsabilité de sa foi, de s’installer dans la médiocrité. C’est le contraire de la décision d’Abraham qui, à 75 ans, à l’appel de Dieu, «quitte son pays, la parenté et la maison de son père, pour le pays que le Seigneur lui indiquera» (1re lecture). 

Chacune de nos eucharisties dominicales peut être une halte rafraîchissante avec Jésus sur la montagne. Mais une fois l’eucharistie terminée, il faut retourner à nos tâches quotidiennes. Le Christ nous donne le courage nécessaire en disant: «Relevez-vous et n’ayez pas peur». Ayez confiance en moi. «Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde». Le Seigneur nous invite à descendre de la montagne pour faire ce qu’il nous indiquera. 

Nous vivons aujourd’hui dans une période où les gens recherchent l’excellence et la perfection dans tout ce qui est matériel. Avoir un corps parfait, construire la plus belle maison, faire le voyage le plus exotique, etc. Dans la publicité qui nous entoure, on nous promet le bonheur grâce à un physique jeune et sans défaut, à une voiture puissante, à un gadget électronique performant, à une croisière de luxe… 

Le Christ nous propose l’excellence dans la poursuite de notre vie chrétienne. Pour atteindre cette perfection, comme pour tout ce qui est important dans la vie, nous avons besoin de travail assidu, de discipline, de volonté. Les étudiants, les artistes, les champions sportifs savent cela. Il en est ainsi pour nous qui voulons être transformés, qui désirons devenir meilleurs. Nous devons descendre de la montagne, retourner à nos obligations quotidiennes et travailler sans relâche pour répondre aux besoins des gens autour de nous. 

'Abraham partit vers une terre nouvelle qu'il ne connaissait pas'Abraham avait 75 ans ! À cet âge, les gens pensent qu’ils ont déjà tout vu, qu’ils ont vécu toutes les expériences possibles, et ils ne s’attendent plus à rien de nouveau. Abraham reste encore aujourd’hui un modèle pour chacun et chacune d’entre nous, jeunes et vieux. Il partit vers une terre nouvelle qu’il ne connaissait pas, vers une façon différente de vivre sa vie, vers une direction inconnue… Il partit plein d’espérance et de confiance en ce Dieu qui lui indiquerait le chemin.  

Il n’y a pas d’âge pour nous améliorer, pour faire mieux, pour découvrir «le pays que Dieu nous indiquera». Trop de gens se contentent de leur médiocrité, en répétant à chaque occasion : «Je suis comme ça et je suis trop vieux pour changer». Dans l’Apocalypse, l’ange de l’Église de Laodicée écrivait : «Je connais ta conduite : tu es ni chaud ni froid… puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche» (Apo 3, 14-16). Avec Dieu, il n’est jamais trop tard pour accepter son invitation à nous convertir, pour changer nos habitudes, pour devenir meilleur. C’est l’histoire des ouvriers de la dernière heure, de Zachée, du bon larron, de Marie-Madeleine, du vieux Nicodème.

'Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le'La brève vision que Pierre, Jacques et Jean ont eut sur la montagne a laissé un souvenir permanent dans leur vie. Et ils la raconteront en de nombreuses occasions après la résurrection : « Nous avons vu de nos yeux la splendeur de sa gloire. Nous étions là quand il reçut honneur et gloire de la part du Père, quand vint cette voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour. Cette voix, nous l’avons entendue qui venait du Ciel, quand nous étions avec lui sur la montagne ». (2 Pierre 1, 16-18) 

L’élément fondamental de ce texte d’aujourd’hui est la voix du Père qui dit: « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour. Écoutez-le ». La vie chrétienne consiste à écouter la Parole de Dieu, à la laisser résonner dans notre coeur pour qu’elle nous transforme. Nous les chrétiens sommes des personnes d’écoute. Nous sommes attentifs à la voix du Christ, nous prenons au sérieux son message, nous nous laissons interpeler par ses paroles. 

Chaque dimanche, à l’eucharistie, nous rejoignons la communauté chrétienne pour entendre cette voix du Père qui nous dit de nouveau :  

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le »