La tradition
chrétienne a retenu trois expressions majeures de la vie de prière : la
prière vocale, la méditation, l’oraison.
L’oraison
Qu’est-ce que l’oraison ?
Ste. Thérèse
répond : "L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime
d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on
se sait aimé" (vida 8).
L’oraison
cherche "celui que mon cœur aime" (Ct 1,
7 ; cf. Ct 3, 1-4). C’est Jésus, et en lui,
le Père. Il est cherché, parce que le désirer est
toujours le commencement de l’amour, et il est cherché dans la
foi pure, cette foi qui nous fait naître de lui et vivre en lui. On peut
méditer encore dans l’oraison, toutefois le regard porte sur le
Seigneur.
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L'oraison est
un
commerce intime d’amitié
où l’on s’entretient souvent
seul à seul avec ce Dieu
dont on se sait aimé
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Quand faire
oraison?
Le choix du temps et de la durée de
l’oraison relève d’une volonté déterminée, révélatrice des secrets
du cœur. On ne fait pas oraison quand on a le temps : on prend le temps
d’être pour le Seigneur, avec la ferme détermination de ne pas le lui
reprendre en cours de route, quelles que soient les épreuves et la
sécheresse de la rencontre. On ne peut pas toujours méditer, on peut
toujours entrer en oraison, indépendamment des conditions de santé, de
travail ou d’affectivité. Le cœur est le lieu de la recherche et de la
rencontre, dans la pauvreté et dans la foi.
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On ne fait
pas oraison quand on a le temps: on prend le temps...
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Comment faire
oraison?
L’entrée en oraison est analogue à
celle de la Liturgie eucharistique : "rassembler" le cœur, recueillir
tout notre être sous la mouvance de l’Esprit Saint, habiter la demeure
du Seigneur que nous sommes, éveiller la foi pour entrer en la Présence
de Celui qui nous attend, faire tomber nos masques et retourner notre
cœur vers le Seigneur qui nous aime afin de nous remettre à Lui comme
une offrande à purifier et à transformer.
L’oraison est la prière de l’enfant de Dieu,
du pécheur pardonné qui consent à accueillir l’amour dont il est aimé et
qui veut y répondre en aimant plus encore (cf. Lc 7, 36-50 ; 19, 1-10).
Mais il sait que son amour en retour est celui que l’Esprit répand dans
son cœur, car tout est grâce de la part de Dieu. L’oraison est la remise
humble et pauvre à la volonté aimante du Père en union de plus en plus
profonde à son Fils bien-aimé.
Ainsi l’oraison est-elle l’expression la
plus simple du mystère de la prière. L’oraison est un don, une
grâce ; elle ne peut être accueillie que dans l’humilité et la pauvreté.
L’oraison est une relation d’alliance établie par Dieu au fond de
notre être (cf. Jr 31, 33). L’oraison est communion : la Trinité
Sainte y conforme l’homme, image de Dieu, "à sa ressemblance".
L’oraison est aussi le temps fort par
excellence de la prière. Dans l’oraison, le Père nous "arme de
puissance par son Esprit pour que se fortifie en nous l’homme intérieur,
que le Christ habite en nos cœurs par la foi et que nous soyons
enracinés, fondés dans l’amour" (Ep 3, 16-17).
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L'oraison est
une relation d'alliance établie par Dieu au fond de notre
être
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Regard et
Écoute...
La contemplation est regard de foi,
fixé sur Jésus. "Je L’avise et Il m’avise", disait, au temps de son
saint curé, le paysan d’Ars en prière devant le Tabernacle
(cf. F.
Trochu, Le curé d’Ars Saint Jean Marie Vianney, p. 223-224).
Cette attention à Lui est renoncement au "moi". Son regard purifie le
cœur. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur ;
elle nous apprend à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa
compassion pour tous les hommes. La contemplation porte aussi son regard
sur les mystères de la vie du Christ. Elle apprend ainsi "la
connaissance intérieure du Seigneur" pour L’aimer et Le suivre
davantage (cf. S. Ignace, ex. spir. 104).
L’oraison est écoute de la Parole de
Dieu. Loin d’être passive, cette écoute est l’obéissance de la foi,
accueil inconditionnel du serviteur et adhésion aimante de l’enfant.
Elle participe au "oui" du Fils devenu Serviteur et au "fiat" de son
humble servante.
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La
contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. ...pour L'aimer
et Le suivre davantage.
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"Silencieux amour"
L’oraison est silence, ce "symbole
du monde qui vient" (S. Isaac de Ninive, tract. myst. 66) ou
"silencieux amour" (S. Jean de la Croix). Les paroles dans l’oraison
ne sont pas des discours mais des brindilles qui alimentent le feu de
l’amour. C’est dans ce silence, insupportable à l’homme "extérieur",
que le Père nous dit son Verbe incarné, souffrant, mort et ressuscité,
et que l’Esprit filial nous fait participer à la prière de Jésus.
L’oraison est union à la prière du Christ
dans la mesure où elle fait participer à son Mystère. Le Mystère du
Christ est célébré par l’Église dans l’Eucharistie, et l’Esprit Saint le
fait vivre dans l’oraison, afin qu’il soit manifesté par la charité en
acte.
L’oraison est
une communion d’amour porteuse de Vie pour la multitude, dans la mesure
où elle est consentement à demeurer dans la nuit de la foi. La Nuit
pascale de la Résurrection passe par celle de l’agonie et du tombeau. Ce
sont ces trois temps forts de l’Heure de Jésus que son Esprit (et non la
"chair qui est faible") fait vivre dans l’oraison. Il faut consentir à
"veiller une heure avec lui" (cf. Mt 26, 40). |