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La foi en action
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Comment participer à la nouvelle évangélisation?

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église!

photo du Père AllardLes enseignants clandestins


Yvon-Michel Allard, s.v.d.

 

Souvent la culture, la politique et l’ambiance sociale nous rendent incapables de comprendre la parole de Dieu et nous empêchent d’exprimer les valeurs de notre foi.

L’abbé John Dane raconte qu’en Irlande au 16e et 17e siècle, les envahisseurs anglais avaient défendu aux gens de parler leur langue, de transmettre leurs traditions, de célébrer leurs fêtes religieuses. Tout avait été mis en place pour que fonctionne à plein le « processus d’assimilation » à la langue et à la culture britannique.

"hedge-school teacher"Ce qui a sauvé la culture et la religion du peuple d’Irlande, ce sont les «hedge-school teachers», c’est-à-dire les enseignantes et enseignants clandestins. Ces jeunes adultes allaient le long des sentiers des campagnes d’Irlande avec un ou deux adolescent(e)s, longeant les petits murs de pierre que l’on retrouve un peu partout en Irlande (d’où le nom de hedge-school teachers), et ils leur "hedge-school teacher"enseignaient, en cachette, la langue maternelle et les traditions ancestrales. Ils parlaient de leurs anciennes fêtes religieuses, du folklore irlandais, de la foi de leurs aïeux. C’est ainsi que la culture et la religion irlandaises, vieilles de plusieurs siècles, ont pu être conservées, malgré l’oppression des envahisseurs.

Aujourd’hui, des millions de chrétiens du 21e siècle, ont perdu leur langue, leurs fêtes religieuses, leurs traditions. Nous avons oublié notre héritage culturel et religieux. Nous sommes devenus sourds et muets, comme l’homme du texte d’évangile. Nous ne comprenons plus notre culture ancestrale et ne pouvons plus l’expliquer à la génération qui vient après nous.

Nous aussi aurions besoin de «hedge-school teachers», d’enseignants clandestins pour apprendre aux jeunes et aux moins jeunes le langage chrétien, les traditions religieuses et la culture de nos ancêtres. Bien sûr, les abus de pouvoir des dirigeants religieux doivent être condamnés et notre culture religieuse, nos fêtes et nos traditions doivent être épurées, purifiées, nettoyées, mais l’essentiel constitue une valeur sûre.

Un peu comme le sourd qui avait de la difficulté à parler, la jeune génération ne sait plus parler la langue des ancêtres parce qu’elle s’est fait imposer le langage, les traditions, les coutumes des forces dominantes : La postmodernité, la consommation, la culture du bien-être et l’individualisme à outrance.

Lorsque je dis que nous avons perdu une bonne partie de notre langage religieux, de nos fêtes traditionnelles, pensez un peu à ce qui est arrivé à la fête de Noël et ses cartes de «Season’s greetings» (essayez de trouver un motif religieux… c’est maintenant devenu la fête du Père-Noël); la fête de Pâques est la fête des lapins de chocolat! La Saint Jean Baptiste, fête nationale des Canadiens français, n’a plus aucun lien avec la culture religieuse du passé! Et toutes les autres fêtes ont été remplacées par des célébrations du week-end prolongé!

Demandez aux jeunes ce qu’ils savent de la fête de l’épiphanie, de la présentation au temple, de St-Pierre et St-Paul, de la fête de tous les saints?...

Pour ce qui est de connaître le langage chrétien : le Notre Père, le sermon sur la montagne, les paraboles, les épisodes du vendredi saint, les commandements, etc. tout cela constitue un langage inconnu qui ne fait plus partie de l’apprentissage familial et scolaire.

Dans le monde d’aujourd’hui, ce n’est pas facile de vivre en chrétien. La pression sociale est très forte. Une jeune fille qui n’a pas fait l’amour à dix-huit ans doit cacher ce fait comme si c’était honteux. Un jeune adulte est arriéré s’il n’a pas essayé la drogue. La violence à la tv, l’intimidation (bullying) à l’école, le sexe à volonté, l’obligation de réussir à tout prix, font partie de notre culture, dans une société de compétition effrénée.

Un peu comme aux Irlandais du 17e siècle, on nous oblige aujourd’hui à parler la langue du plus fort, de la civilisation ambiante.

Nous les chrétiens devons réapprendre à écouter la parole de Dieu afin de comprendre son message et devenir nous aussi des enseignants clandestins. Nous pourrons alors transmettre aux jeunes notre langage, nos valeurs, nos traditions, parler de nos fêtes, même si elles ne sont plus soulignées par la culture laïque dans laquelle nous vivons, souffler à l’oreille des enfants l’histoire de nos familles chrétiennes, nos valeurs fondamentales, nos traditions, leur inculquer la fierté de ces réalités chrétiennes

Dans le temps de S. Marc, les chrétiens devaient faire face aux mêmes difficultés que nous. L’état romain, malgré sa tolérance apparente, était un état laïc et les gens qui, comme les premiers chrétiens, n’étaient pas conformes et ne faisaient pas le jeu des autorités en place, étaient poursuivis. Malgré ces menaces, les chrétiens se rassemblaient dans les maisons, le jour du Seigneur, transmettaient leurs valeurs, leur langage, leurs traditions aux plus jeunes. C’est grâce à cette transmission clandestine que la foi chrétienne est parvenue jusqu’à nous.

Il ne s’agit pas de rejeter la culture dans laquelle nous vivons mais de conserver nos valeurs, nos fêtes, notre langage et nos traditions, comme les premiers chrétiens l’ont fait dans l’empire romain.